GANTER Lucien, Michel

Par Fernand Brem, Jean-Marie Conraud

Né le 29 septembre 1926 à Reichshoffen (Bas-Rhin) ; ajusteur ; militant jociste du Bas-Rhin (1946-1953), permanent dans l’équipe de l’Est de la JOC (1949-1953), militant familial, permanent des Associations populaires familiales (1954-1956), syndicaliste CFTC puis CFDT dans le Bas-Rhin, membre du PS depuis 1976 ; conseiller municipal (1971-1989) et adjoint au maire (1977-1989) de Schiltigheim (Bas-Rhin), puis adjoint au maire de Reichshoffen (1989-1995), conseiller régional (1977-1979).

Lucien Ganter était le fils d’Antoine Ganter, ouvrier dans la mécanique chez De Dietrich, et de Marie Steinmetz, originaire de Hegeney (Bas-Rhin). Son grand-père paternel était un responsable local de l’UPR (Union populaire républicaine d’Alsace), le parti catholique régionaliste prépondérant en Alsace de 1919 à 1940. Dans l’Alsace annexée et nazifiée, il s’initia au métier d’ajusteur au centre d’apprentissage des usines De Dietrich. En octobre 1943, il fut incorporé dans le Reichsarbeitsdienst (service obligatoire du travail), puis en avril 1944, il fut incorporé de force dans l’armée allemande. Fait prisonnier par les Soviétiques le 16 mars 1945 à Zachow en Pologne, il ne fut libéré qu’en septembre 1945 et rentra de captivité le 19 septembre 1945, totalement anéanti sur le plan physique et moral.

De mars 1946 à mars 1949, il retourna chez De Dietrich. Au même moment, il entra à la JOC grâce à Robert Marx*, devint rapidement responsable de la trésorerie de la section, puis du groupe des apprentis. Peu de temps après, on lui confia l’ensemble des groupes « apprentis » de la fédération de Haguenau (Bas-Rhin). Enfin, en mars 1949, il remplaça Fredo Krumnow* comme permanent responsable des apprentis des deux départements alsaciens. En cette qualité, il participa au développement de l’action au travail et au développement des sections jocistes dans les grandes entreprises. Il participa également à l’établissement de contacts avec la JOC allemande. En juin 1953, Lucien Ganter souhaita mettre fin à son mandat de permanent et fut embauché dans une usine de construction métallique

En mars 1954, à la suite de sa rencontre avec Süzel LUCKÉ, il devint permanent de l’Association populaire familiale du Bas-Rhin jusqu’en septembre 1956. Il mena des actions en faveur des mal logés, en particulier en organisant des actions de squattage et des réquisitions de logement. Il fut également dès 1946 militant CFTC et poursuivit en 1956-1958 son engagement dans l’entreprise SOGRAMM (Société des gazogènes et matériels mécaniques) à Strasbourg où les syndicats étaient combattus par la direction, puis à partir de mai 1958 à la cokerie de Gaz de France. Délégué du personnel de 1959 à 1969, il y mena des actions concernant les conditions de travail, la santé, l’hygiène et la sécurité. Il prit une part active au grand débat intérieur de la CFTC relatif à l’évolution de la confédération et se démarqua nettement des positions de Henri Meck*. Avec la section Gaz de France de Strasbourg animée par Pierre Maier*, il opta pour le ralliement à la CFDT. En 1968, il s’engagea avec sa section dans la grève décidée sur place malgré l’opposition de la CGT majoritaire, à qui elle fut imposée par un référendum de l’ensemble du personnel. À la suite de la fermeture de la cokerie, Lucien Ganter fut affecté à l’Electricité de Strasbourg en juillet 1970 et y travailla jusqu’à sa retraite en 1983.

Lucien Ganter avait milité au Mouvement de libération ouvrière (MLO) de 1954 à 1969. En 1970, il fut un des membres fondateurs du Comité de défense contre l’implantation de l’usine d’incinération des ordures ménagères que la Communauté urbaine de Strasbourg dirigée par Pierre Pflimlin et la ville de Schiltigheim voulaient implanter sur le territoire de cette localité. L’action menée par le comité aboutit à l’arrêté préfectoral du janvier 1971 qui refusait l’autorisation de la construction de cette usine sur le site de Schiltigheim. Se sentant poussés par la population, les responsables de cette action formèrent une liste d’opposition « Schiltigheim Demain » aux élections municipales de 1971 qui se constitua contre celle menée par le député-maire UDR Ritter jugé à l’époque « indétrônable ». Or cette dernière subit un échec cuisant. C’est ainsi que Lucien Ganter entra au conseil municipal et devint Adjoint au Maire aux affaires sociales dès ce premier mandat. Membre du Parti socialiste en 1976, il œuvra pour qu’une bonne partie des conseillers municipaux se présentent sur une liste d’Union de la Gauche menée par Alfred Muller aux élections municipales de 1977. Celle-ci remporta l’élection et Il fut à nouveau Adjoint aux Affaires Sociales et, enfin, à partir de 1983 Adjoint à l’Urbanisme. Il fut ainsi à l’origine de la réalisation d’une crèche familiale, de deux centres sociaux, d’une maison du troisième âge et surtout de la création du premier conseil municipal des enfants en France. De juillet 1977 à juillet 1979, il représenta la ville de Schiltigheim au conseil régional. Aux élections législatives de mars 1978, il fut présenté par le PS dans la circonscription de Strasbourg-Campagne et fut opposé au deuxième tour à l’ancien suppléant de Jean-Claude Burckel qui ne se représentait pas, André Durr, RPR. Ce dernier fut élu.

Retiré dans sa ville natale à partir de 1989, il figura sur la liste d’opposition « Reichshoffen autrement » présentée contre celle du député sortant François Grussenmeyer. Cette liste ayant gagné les élections, Lucien Ganter devint premier adjoint au maire, chargé de l’Urbanisme et des Travaux. Il avait décidé de ne faire qu’une seule mandature et quitta donc le Conseil Municipal en 1995.

Le 5 septembre 1953, il avait épousé à Vieux-Thann (Haut-Rhin) Marie-Thérèse Schmitter*, elle-même ancienne permanente de la JOCF. De cette union naquirent quatre enfants (1954, 1956, 1958, 1959), dont trois s’engagèrent dans le syndicalisme. Les deux époux participaient aux activités de l’Action catholique ouvrière (ACO) depuis 1953. Ils y assumèrent la responsabilité du secteur de Strasbourg pendant plusieurs années.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50421, notice GANTER Lucien, Michel par Fernand Brem, Jean-Marie Conraud, version mise en ligne le 1er juin 2009, dernière modification le 15 février 2021.

Par Fernand Brem, Jean-Marie Conraud

SOURCES : Arch. Mun. Strasbourg, 78 Z 129. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 74 J. — Arch. de l’Union régionale CFDT. — Dernières nouvelles d’Alsace, 21 mars 1978. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, fascicule n° 45, p. 4610-4611, notice Ganter Lucien, de Jean-Pierre Kintz. — Entretien du 10 octobre 2001. — Armand Peter (dir.), Schiltigheim au XXe siècle, Strasbourg, 2007, p. 271. — État civil de Reichshoffen. — Sources familiales : courriel de Lucie Altenbah à Claire Jodry le 7 février 2021.

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