GÉRIN Suzanne

Par René Gaudy

Née le 28 avril 1895 à Paris (XIVe arr.) ; syndicaliste CGT de l’électricité, militante communiste ; résistante, internée au camp de La Lande (Eure).

Suzanne Gérin était l’aînée d’une famille de neuf enfants. Son père, Charles Gérin, ouvrier tapissier, dans le compagnonnage, franc-maçon et Communard, mourut quand elle avait cinq ans. Sa mère se remaria avec un tapissier, Bernard Dumas ; elle surnomma sa fille « Louise Michel », parce qu’elle lui tenait tête. À l’âge de treize ans, Suzanne Gérin travailla comme apprentie couturière, puis comme soudeuse dans une usine de matériel téléphonique, d’abord avenue de Breteuil, puis rue du Louvre. Très tôt, elle connut André Tollet* qui était apprenti-tapissier avec ses propres frères.

En janvier 1915, elle entra comme employée à la CPDE, section de la rue des Dames (XVIIe arr.). Elle se syndiqua alors pour la première fois et devint (à quelle date ?) secrétaire de la section. En 1930, elle adhéra au Parti communiste. Cependant, jusqu’à la guerre, son activité militante fut surtout syndicale. En mai 1930, elle fut mandatée pour participer à une délégation syndicale à la direction de la CPDE, comme représentante du service comptabilité abonnés de la section Grenelle ; elle était membre du syndicat des employés et contremaîtres des secteurs électriques de la région parisienne, exclu de la CGT en 1930, qui devint autonome, dirigé par Émile Pasquier*. Le 17 mars 1933, elle fut élue (ou réélue ?) secrétaire adjointe de ce syndicat, l’autre secrétaire adjoint était Fernand Gambier*. D’après son témoignage, dans l’organe du syndicat, Le Secteur électrique, elle signait du pseudonyme de « Judex » (de 1936 à 1939, son nom n’apparaît pas dans ce journal). Très peu de femmes militaient avant guerre dans les industries du gaz et de l’électricité, corporation très masculine jusque dans les années soixante. Suzanne Gérin fut l’une de ces femmes, la plus connue, une « figure » : selon les anciens de la Fédération CGT de l’Éclairage, elle avait coutume, dans les manifestations, de se protéger des charges de police avec son parapluie ouvert qu’elle utilisait comme un bouclier !

Entrée dans la Résistance, elle travailla aux côtés de Fernand Gambier sur le plan syndical. Gambier effectuait le tirage des journaux et tracts clandestins, elle se chargeait de la répartition aux groupes de militants. Sur ce plan politique, elle était en relation avec Henri Rol-Tanguy, particulièrement pour les actions de sabotage. Il lui apprit à fabriquer des cocktails Molotov qu’elle lui remettait dans les catacombes de la place Denfert. Elle se rendit plusieurs fois dans le Nord avec lui. Certains de ces cocktails furent lancés dans le commissariat de l’avenue des Gobelins. Elle fut arrêtée par la police française en 1944 (mars ?), emprisonnée aux Tourelles (Vincennes), puis conduite au camp de La Lande, dans l’Eure. Elle fut alors en contact avec Marguerite Flavien et Yvette Semard, la fille de Pierre Semard. Après la guerre, elle ne prit pas de responsabilités syndicales importantes. Elle continua de militer à la cellule communiste de son quartier. En juillet 1983, elle habitait encore 7 rue Albert-Bayet (XIIIe arr.), son domicile depuis 1933.

Elle ne doit pas être confondue avec C. Gérin, militant CGTU du Gaz de Paris, délégué général du groupe de l’Éclairage public en 1929.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50458, notice GÉRIN Suzanne par René Gaudy, version mise en ligne le 2 juin 2009, dernière modification le 2 juin 2009.

Par René Gaudy

SOURCES : Le Secteur électrique (1930-1939). — Renseignements recueillis auprès de l’intéressée, de André Tollet et de Fernand Gambier.

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