AUROY Sébastien

Par Michel Thébault

Né le 21 novembre 1835 à Crozant (Creuse), disparu à la fin de la « semaine sanglante » entre le 21 et le 28 Mai 1871, vraisemblablement fusillé sommairement à Paris (Seine) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard.

Sébastien Auroy était le fils de Jean Auroy (né le 4 août 1804 à Saint-Sébastien, Creuse) maçon, absent (en saison à Paris) à la naissance de son fils et de Marie Eynard (née le 18 septembre 1814 à Crozant) domiciliés au lieu-dit La Chapelle-Sainte-Foy, commune de Crozant. Ses parents s’étaient mariés à Crozant le 13 janvier 1835 et il était l’aîné de leurs quatre enfants. Il devint comme son père et son plus jeune frère Jacques, maçon de la Creuse, migrant saisonnier partant à la saison travailler sur les chantiers parisiens. Il semble cependant que la famille migra de manière quasi définitive vers Paris au début des années 1860. En effet trois des enfants se marièrent à Paris en 1863, 1864 et 1865. Pour chacun des trois l’adresse de la famille 45 rue Blomet XVe. arrondissement est la même ainsi que les métiers des parents, maçon pour le père et cotonnière pour la mère. Sébastien Auroy se maria à la mairie du XVe. arrondissement le 24 mars 1863 avec Marie Arlhat (née le 26 janvier 1844 à Issoire, Puy-de-Dôme) lingère. Ils eurent avant 1871 quatre enfants, tous nés à Paris, Marie Augustine née le 18 décembre 1863, Marie Louise née le 10 août 1865, Louis né le 15 mars 1869 et Jean né le 28 novembre 1870 dans la très dure période de la fin du premier siège de Paris par l ‘armée allemande.
 
En 1871, Sébastien Auroy, était maçon à Paris demeurant 255 rue de Vaugirard dans le quartier Saint Lambert, dans le XVème arrondissement. La plupart des chantiers étant arrêtés, beaucoup de migrants s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde Nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Sébastien Auroy et son frère Jacques (qui habitait le même quartier) devinrent gardes dans le 156ème bataillon de la Garde nationale appartenant à la XVème Légion, du XVème arrondissement de Paris, leur arrondissement de résidence. Sébastien Auroy fut élu sous-lieutenant dans le bataillon. Il combattit pendant la « semaine sanglante » à partir du 21 mai et disparut pendant les combats. Selon les sources d’archives il aurait « été fusillé alors qu’il battait en retraite vers le cimetière du Père-Lachaise » et « aurait été pris les armes à la main vers la fin de l’insurrection et fusillé à Mazas. Le fait n’a pu être confirmé ». Robert Tombs dans son article sur Victimes et bourreaux de la Semaine sanglante (op. cit.) indique que « A Bercy, le maire-adjoint du XIIe. arr., Dumas, a déclaré avoir donné des permis d’inhumation pour plus de 400 personnes fusillées dans la prison de Mazas et qui furent ensuite jetées dans un puits du cimetière ». Sébastien Auroy fait peut-être partie de ces inconnus. Faute de déclaration de décès, le 3e conseil de guerre le condamna, par contumace, le 3 octobre 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée, peine remise en 1879.
 
Son frère Jacques Auroy arrêté le 27 mai 1871 fut emprisonné plusieurs mois sur un ponton en rade de Rochefort (Charente-Inférieure, aujourd’hui Charente-Maritime).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51561, notice AUROY Sébastien par Michel Thébault, version mise en ligne le 10 juillet 2022, dernière modification le 10 juillet 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/850. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil, n° 1198.— Arch. Dép. Creuse et Seine (état civil) — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Robert Tombs, Victimes et bourreaux de la Semaine sanglante. Revue 1848. Révolutions et mutations au XIXe siècle, Numéro 10, 1994. — Jean Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Site internet Les Maçons de la Creuse, annuaire général.

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