BENN Anthony Neil Wedgood

Né le 3 avril 1925 à Londres ; dirigeant travailliste.

« Tony » Benn est issu d’une famille de notables du monde politique. Ses deux grands-pères étaient députés et son père, Wedgwood Benn (1877-1960), après avoir siégé au Parlement de 1906 à 1927 comme député libéral, a adhéré cette année-là au parti travailliste, de sorte qu’il se retrouve en 1928 sur les bancs du Labour, en tant que député d’Aber-deen. Ministre chargé de l’Inde dans le second gouvernement MacDonald*, Wedgwood Benn est nommé en 1945 ministre de l’Air dans le gouvernement Attlee*. Son fils Tony, après des études à la célèbre Westminster School, est étudiant à New College à Oxford (il préside en 1947 l’Oxford Union, le grand club des étudiants).

Après un passage de quelques mois à la BBC, Benn se présente en décembre 1950 comme candidat travailliste à l’élection partielle de Bristol-Sud-Est, suscitée par la démission de Sir Stafîord Cripps* et est élu sans difficulté. L’on peut du reste discerner plusieurs points de ressemblance entre les deux hommes : même origine sociale élevée, même appartenance à l’anglicanisme, même esprit puritain, même goût pour le travail et les choses de l’esprit, et tous deux ont pendant des années évolué vers la gauche.

Mais avant même que Tony Benn ne se marque à gauche de façon éclatante, il a attiré l’attention de l’opinion par la longue bataille qu’il a dû conduire pour perdre son titre de noblesse et redevenir roturier. En effet son père, au cours de la Seconde Guerre mondiale, avait cédé aux instances d’Attlee et accepté d’entrer à la Chambre des Pairs (où le Labour se trouvait nettement sous-représenté) avec le titre de Lord Stansgate (1941). Benn lui-même avait entamé en 1955 une procédure de renonciation à son futur titre mais il avait essuyé un refus de la part du Parlement. Aussi à la mort de son père, en 1960, devient-il à son corps défendant, membre de la Chambre des Lords, cependant qu’une élection partielle se déroule à Bristol afin de pourvoir à son remplacement. Payant d’audace, Benn décide de se présenter et il est élu en mai 1961. Mais deux mois plus tard, il se voit invalidé. Il engage alors une lutte épique pour se faire reconnaître le droit de choisir entre la pairie et la roture, et finalement une loi est votée par le Parlement en 1963 qui lui accorde ce droit. Réélu aussitôt député de Bristol, Benn, très populaire dans sa circonscription dont il suit les problèmes avec une attention scrupuleuse, déploie également une grande activité sur la scène politique nationale.

En 1964, avec le retour des travaillistes au pouvoir, il reçoit le portefeuille des PTT (Postmaster-General), puis, de 1966 à 1970, il est ministre de la Technologie.

De 1970 à 1974, alors que le Labour est retourné dans l’opposition, Benn évolue de plus en plus vers la gauche, combattant pour le contrôle ouvrier et s’opposant avec force à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. En 1974, il fait partie à nouveau en tant que ministre de l’Industrie du gouvernement travailliste formé par Wilson* et lorsque celui-ci se retire en mars 1976, Benn fait acte de candidature au poste de leader du parti. Comme il ne recueille que 37 voix au premier tour de scrutin, il se désiste en faveur du candidat de la gauche le mieux placé, Michael Foot*. En dépit de ses critiques sévères à l’encontre de la direction travailliste, Benn garde un poste important dans le Cabinet Callaghan* (où il est ministre de l’Energie), tout en apparaissant l’héritier virtuel de Foot à la tête de l’aile gauche du Labour. Partisan d’une démocratisation effective de la vie sociale britannique, il se fait désormais appeler simplement « Tony » Benn (et non Anthony Wedgwood Benn) et continue de faire campagne sur le thème de la « démocratie industrielle ».

Sa femme, de nationalité américaine, est écrivain et soutient avec vigueur le principe de l’école « unique » (comprehensive education). Après la défaite travailliste aux élections législatives de 1979, Benn, refusant de siéger dans le « Cabinet fantôme », se lance dans la bataille contre le leadership de Callaghan et contre l’orientation centre-droite du parti, avec l’espoir d’opérer un retournement vers la gauche des instances dirigeantes du mouvement travailliste.

« Tony » Benn perd son siège de Bristol-Est lors des élections législatives de 1983, mais une élection partielle de mars 1984 lui permet de revenir au Parlement comme député de Chesterfield.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75314, notice BENN Anthony Neil Wedgood, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRES PRINCIPALES : The Privy Council as a Second Chamber (Le conseil privé, une deuxième chambre), Fabian Tract n° 305, 1957. — The Regeneration of Britain (Le relèvement de la Grande-Bretagne), Londres, 1965. — New Politics : a socialist reconnaissance (Une politique nouvelle : renaissance du socialisme), Fabian Tract n° 402, 1970. — Speeches (Discours), Nottingham, 1974. — Industrial Democracy (Pour une démocratie industrielle), Institute for Workers’ Control Pamphlet, Nottingham, 1975. — Parliament, People and Power : agenda for a free society (Le Parlement, le peuple et le pouvoir : agenda pour une société libre), Londres, 1982. — The Sizewell Syndrom : nuclear power, nuclear weapons and public policy (Le syndrome de Sizewell : puissance et armement nucléaires, politique nationale), Nottingham, 1984. — T. Benn éd., Writings on the Wall : a radical and socialist anthology 1215-1984, Londres, 1984.

BIBLIOGRAPHIE : Current Biography, vol. 26 (New-York, 1965). — Who’s Who, 1974. — F. Morrell, From the Electors of Bristol (Benn’s correspondence), Spokesman Pamphlet n° 57, Nottingham (1977). — R. Lewis, Tony Benn, Londres, 1978. — R. Jenkins, Tony Benn : a political biography, Londres, 1980. — C. Mullin éd., Tony Benn : arguments for socialism, Harmondsworth (Penguin), 1980 et Tony Benn : arguments for democracy, 1981. — S. Higgins, The Benn Inheritance : the story ofa radical family, Londres, 1982.

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