BRAILSFORD Henry Noel

Né le 25 décembre 1873 à Mirfield, Yorkshire ; mort le 23 mars 1958 à Londres ; journaliste et théoricien socialiste.

La jeunesse de Brailsford s’est déroulée en Écosse où son père était pasteur méthodiste. Ayant obtenu une bourse pour l’Université de Glasgow, le jeune homme y étudie les langues classiques et la philosophie. Après deux trimestres à Oxford et un à Berlin, il est de retour à Glasgow ; il est alors nommé pour un an (1895-1896) assistant du professeur de logique.

L’année suivante, abandonnant l’idée d’une carrière universitaire, il s’engage comme volontaire dans la Légion étrangère grecque afin de combattre les Turcs. Il revient dégoûté de la guerre et écrit alors son premier livre et unique roman, « Le balai du dieu de la guerre » (Broom of the War-God) qui paraît en 1898.

Dorénavant Brailsford se consacre au journalisme, soit comme correspondant à l’étranger (c’est lui qui rend compte de l’affaire Dreyfus pour le Manchester Guardian en 1899) soit comme éditorialiste, d’abord du Manchester Guardian, puis du Morning Leader, et successivement de Tribune, du Daily Herald et de The Nation. Ses nombreux voyages étendent le domaine de ses connaissances et de ses intérêts. Doué d’une excellente plume, Brailsford s’exprime dans un style qui allie la vigueur à l’élégance.

Très jeune il a rejeté le méthodisme familial pour adhérer à un socialisme avancé. Il se situera toujours à la gauche du labour movement, en affirmant en particulier un internationalisme convaincu. Toutefois ce n’est qu’en 1907 qu’il s’inscrit au Parti indépendant du travail (Independent Labour Party).

À la veille de la Première guerre mondiale, Brailsford publie une analyse sévère de l’impérialisme, « la guerre de l’acier et de l’or » (The War of Steel and Gold). Cet ouvrage qui va devenir un classique de la littérature socialiste est peut-être le plus important de ses écrits. Ennemi de la guerre, Brailsford joue un rôle considérable dans le mouvement pacifiste de 1914 à 1918. En même temps il s’oppose à l’intervention des armées alliées contre la jeune république soviétique, entre 1917 et 1921.

Pendant quatre ans, de 1922 à 1926, Brailsford est rédacteur en chef du New Leader qui devient, sous sa direction et grâce à une équipe de collaborateurs exceptionnels (George Bernard Shaw*, H.G. Wells*, Bertrand Russell* et E.M. Forster) le meilleur périodique socialiste en Angleterre. C’est aussi sans doute pour Brailsford la période la plus brillante dans sa remarquable carrière de journaliste. Lorsqu’il quitte le New Leader, Brailsford collabore à deux autres hebdomadaires, le Reynolds News et surtout le New Statesman and Nation.

La politique internationale et les relations avec les colonies ont toujours vivement intéressé Brailsford qui a beaucoup écrit en faveur du mouvement nationaliste indien. Au début de la guerre d’Espagne, il appelle au recrutement de volontaires (ce sont ces volontaires qui constitueront un peu plus tard la section britannique des Brigades internationales).

Journaliste éblouissant, Brailsford était aussi un érudit. Il est l’auteur de deux études parues dans la collection Home University Library, l’une sur Voltaire et l’autre sur Shelley : Shelley, Godwin and Their Circle : deux études aussi magistrales que savantes. Au cours des dernières années de sa longue existence (il mourra à quatre-vingt-cinq ans), et bien que sa santé décline, mais toujours dans le même esprit, Brailsford réunit la documentation pour une importante étude des Levellers, les révolutionnaires anglais du XVIe siècle. Cet ouvrage sera publié après sa mort par Christopher Hill, l’éminent spécialiste marxiste de cette période.

Homme de talent, Brailsford a été toute sa vie animé par la passion de la liberté et de l’égalité et par la volonté de défendre les opprimés du monde entier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75328, notice BRAILSFORD Henry Noel, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRES PRINCIPALES : Macedonia : its races and their future (Macédoine, ses races et leur avenir), Londres, 1906. — A League of Nations (Une société des nations), Londres, 1917. — The Russian Workers’ Republic (La république des travailleurs russes), Londres, 1921. — The Living Wage (Le salaire minimum), en collaboration avec J.A. Hobson, A. Creech Jones et E.F. Wise, Londres, 1926. — Rebel India (La révolte de l’Inde), Londres, 1931. — Property or Peace (La propriété ou la paix), Londres, 1934. — Why Capitalism means War ? (Le capitalisme, c’est la guerre), Londres, 1937. — Subject India, Londres, 1943.

BIBLIOGRAPHIE : S.R. Graubard, British Labour and the Russian Révolution, 1917-1924, Harvard, 1956. — M. Cole, The Story of Fabian Socialism, Londres, 1961. — M. Swartz, The Union of Démocratic Control in British Politics during the First World War, Oxford, 1971. — F.M. Leventhal, « Towards Revision and Reconciliation : H.N. Brailsford and Germany, 1914-1939 », in Essays in Labour History, 1918-1939, vol. 3, éd. A. Briggs et J. Saville, Londres, 1977. — Dictionary of National Biography, 1951-1960. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. II. — F.M. Leventhal, The Last Dissenter : H.N. Brailsford and his world, Oxford, 1985.

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