Par José Gotovitch
Né le 8 avril 1904 à Uccle (Bruxelles), décédé le 30 décembre 1991 à Bruxelles ; avocat, professeur d’université ; secrétaire national des Jeunesses communistes ; président de la section belge du Secours rouge international (SRI), membre de la Commission juridique internationale ; député et ministre socialiste.
Fils d’un sénateur socialiste, personnalité intellectuelle de premier plan qui fut le premier recteur de l’Université flamande de Gand, Pierre Vermeylen obtint plusieurs diplômes universitaires entre 1924 et 1927 pour exercer finalement la profession d’avocat. En contact avec les communistes depuis 1920, il adhéra au Parti unifié en 1921. Il collabora à la presse du Parti et lors du « grand complot », en 1923, il assura la direction des Jeunesses communistes. Avocat, il milita comme communiste et comme flamand. Membre du comité central malgré ses sympathies personnelles pour les trotskystes, il vota, après beaucoup d’hésitations, avec l’IC en 1928. Il plaida pour le SRI et prit souvent en charge divers frais de fonctionnement. Au Borinage, il mena la campagne électorale de 1929 en faisant face aux agressions physiques des socialistes. Il quitta cependant le PCB en 1930, en raison des premiers procès soviétiques tout en demeurant membre de l’Exécutif de la section belge du Secours rouge qu’il présida même quelque temps. Il fut au centre de l’équipe d’avocats qui plaidaient pour les militants. En 1932, il présida le IIIe congrès du SRI à Bruxelles et fit ensuite partie de la délégation au congrès mondial. Il fit à cette occasion un important voyage à travers prisons et camps soviétiques qui suscitaient en lui, cinquante ans après, des commentaires très mesurés.
En septembre 1933, Münzenberg fit appel à lui pour siéger au contre-procès du Reichstag. Mais en 1934, c’est lui qui lança au sein de la section belge l’offensive en faveur du droit d’asile pour Trotsky , initiative qui le fit inviter à Moscou avecRobert Lejour (voir l’exposé de l’affaire sous ce nom). Plus résistant que Lejour aux arguments de Stassova, Vermeylen s’écarta, sans bruit, du SRI, mais fut rappelé et coopté à son comité central en octobre 1935 par les communistes ! Il y reprit place « avec plaisir ». Au nom de la nouvelle orientation née du VIIe congrès de l’IC, la section belge du SRI voulait s’ouvrir à des socialistes. C’est Vermeylen qui « entre camarades », fit la leçon : il s’agissait de n’admettre que ceux qui reconnaissaient le critère de la lutte des classes, le but du SRI étant de « faire la révolution ». On le retrouva au CE jusqu’en 1937. II coopéra encore à la rédaction des propositions de loi communistes jusqu’en février 1938, moment où le PCB mit lui-même fin à cette collaboration. Quelques mois après, il rejoignit le Parti socialiste, « non par conviction, mais par résignation ».
Ayant gagné Londres comme soldat, puis comme magistrat pendant la Seconde Guerre mondiale, il succéda à la Libération à son père au Sénat et devint professeur de droit à l’Université de Bruxelles. Ministre à plusieurs reprises, il demeura une figure de la gauche socialiste sans jamais renier son passé communiste. Fondateur dans les années 1930 de l’Association révolutionnaire culturelle, il fut le ministre qui permit la création de la Cinémathèque de Belgique.
Par José Gotovitch
ŒUVRE : Piet Vermeylen, Mijn socialisme, Bruxelles, J.-L. Vernal éditeur, 1972, 148p. — Mémoires sans parenthèses, Bruxelles, CRISP, 1985, 255 p.
SOURCES : RGASPI : 495 493 124, 539 2 651. — CARCOB : microfilms IML, Archives de la section belge du SRI. — Entretiens avec l’auteur, 1977, 1979.