MURATET Honoré

Par Jean Sagnes

Né et mort à Agde (Hérault) : 31 juillet 1866-1er juillet 1900 ; militant républicain, puis socialiste, fondateur de l’hebdomadaire L’Étincelle.

Honoré Muratet
Honoré Muratet

Honoré Muratet était le fils d’un plâtrier qui eut beaucoup de mal à faire vivre sa famille jusqu’en 1879-1880, date à laquelle la situation matérielle familiale s’améliora grandement. H. Muratet put ainsi faire des études secondaires au collège de la ville, puis des études de droit à Paris.

En 1888, H. Muratet était antiboulangiste. Son républicanisme s’affirmait en même temps que son anticléricalisme. Quelques années plus tard, son mariage civil provoquait la rupture avec sa famille, catholique pratiquante et très conservatrice.

H. Muratet s’engagea résolument dans l’action politique en 1898, au moment où radicaux et socialistes (y compris les guesdistes), convaincus que la République était menacée par la vague nationaliste et cléricale, mettaient l’accent sur la défense républicaine. Lors des élections législatives d’avril-mai 1898, la victoire de Louis Lafferre (candidat de « l’union des radicaux et des socialistes », soutenu par la fédération socialiste de l’Hérault affiliée au POF) enthousiasma les républicains d’Agde. Aussi le 11 juin 1898, huit cents électeurs de la ville élisaient un comité républicain présidé par Honoré Muratet qui exerçait alors la profession de clerc d’avoué et agent d’assurances, après avoir été quelque temps auparavant clerc de notaire.

C’est cette équipe du comité républicain qui fit paraître le 3 juillet suivant le premier numéro de L’Étincelle, d’abord « organe de défense républicaine », puis, dès le 25 septembre suivant, « organe socialiste ». De juillet 1898 à mai 1900, Honoré Muratet fut le directeur, l’administrateur et le rédacteur en chef du journal, tâches qu’il exerça, de l’avis de tous, avec une abnégation sans égale.

Activité journalistique et politique allant de pair, H. Muratet fut élu, le 7 août 1898, conseiller d’arr. du canton d’Agde avec l’étiquette « radical-socialiste et socialiste ». En janvier 1899, il adhérait au Parti ouvrier français avec toute l’équipe de L’Étincelle, devenant ainsi un des quatre conseillers d’arr. que comptait alors en France le parti de Jules Guesde.

Honoré Muratet milita activement au sein de la fédération socialiste de l’Hérault. Dès le 22 octobre 1899, il était désigné comme délégué suppléant de la fédération au conseil national du POF puis délégué à la salle Japy le 3 décembre 1899. En mars 1900, il devint membre du conseil national du POF.

Il fut aussi à l’origine de la création de plusieurs syndicats à Agde, notamment celui des ouvriers agricoles avec Charles Farras et celui des ouvriers de l’usine d’acide tartrique.

Honoré Muratet essaya de faire de L’Étincelle un organe départemental, mais il échoua, bien que l’audience du journal s’étendît à toute la basse vallée de l’Hérault, largement au-delà du canton d’Agde.

Dans ses articles, Muratet défendait l’union des radicaux et des socialistes, attaquait le cléricalisme, appelait les ouvriers à s’organiser politiquement et syndicalement. Très cultivé, poète, nourri des philosophes du XVIIIe siècle, il était rationaliste et franc-maçon. Son socialisme était idéaliste et humanitaire. Malgré son appartenance au POF, Muratet était plus proche de Jean Jaurès que de Jules Guesde. Comme de nombreux socialistes héraultais, il fut séduit par le millerandisme et se trouva en désaccord, sur ce point, avec la direction nationale du POF.

Honoré Muratet mena, dans son journal, une active campagne contre la municipalité « réactionnaire et cléricale » de la ville. C’est lui qui mit sur pied une liste radicale d’où les socialistes s’exclurent d’eux-mêmes, hypothéquant ainsi gravement l’avenir du socialisme à Agde. Grâce à Muratet, la liste radicale fut élue triomphalement le 6 mai 1900.

Ces années 1898-1900 furent pour Muratet et sa famille des années cruelles. Boycotté dans son métier par la bourgeoisie locale, réduit à la misère, Muratet était en outre perpétuellement malade. Ces épreuves furent encore accrues par la mort d’un enfant, les procès et les multiples saisies dont L’Étincelle fut la cause. Prématurément usé, Honoré Muratet mourut le 1er juillet 1900, le jour même où s’ouvrait à Agde le congrès de la fédération socialiste de l’Hérault (POF) qui chargea le groupe socialiste local de désigner le bureau fédéral. Le poste de secrétaire fédéral qu’aurait certainement occupé Muratet revint ainsi à son second, Charles Farras.

Peu après sa mort disparurent également son second enfant et sa femme : les épreuves de toute sorte avaient eu raison de la famille entière de Muratet en trois années. Ces circonstances particulièrement dramatiques, ainsi que la très grande reconnaissance qu’ils lui vouaient pour son action, expliquent que socialistes, syndicalistes et radicaux de la ville lui rendirent toujours un hommage particulier. Les socialistes et les syndicalistes se proclamaient ses héritiers, la municipalité radicale donna son nom à une rue de la ville.

Artisan convaincu de la politique du Bloc des gauches, qui allait triompher dans le pays après sa mort, Muratet contribua aussi à l’implantation de plusieurs groupes socialistes dans la basse vallée de l’Hérault.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83779, notice MURATET Honoré par Jean Sagnes, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 4 mai 2013.

Par Jean Sagnes

Honoré Muratet
Honoré Muratet

ŒUVRE : Muratet collabora à L’Étincelle, 1898-1900, au Midi Télégraphe et à La France de Bordeaux et du Sud-Ouest.

SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 16 M 196. — L’Étincelle, 1898-1904. — Le Radical agathois, 1900. — Le Socialiste de l’Hérault, 1903.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, II, op. cit., p. 166.

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