PERRIN René, Georges

Par Madeleine Singer

Né le 18 mai 1915 à Paris (Ve arr.), mort le 5 décembre 2004 à Paris (Xe arr.) ; instituteur, puis directeur d’école ; membre du bureau national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1948 à 1959.

Fils cadet de François Perrin, Garde républicain à Paris, et de Clémence Chambon, René Perrin entra en 1932 à l’École normale d’Auteuil, après avoir fréquenté à Paris l’EPS Lavoisier et le patronage catholique Saint-Médard. Puis entre les périodes militaires (service militaire 1936-1938, rappelé en mars 1939), il occupa un poste d’instituteur dans la région parisienne.

Par le groupe « tala » de l’École normale auquel il avait appartenu, il avait connu Guy Giry et adhéra au SGEN dès 1938 pour les raisons déjà évoquées à propos de ce dernier. Guy Giry lui demanda alors de s’occuper de la section de la Seine ainsi que de la partie pédagogique d’École et Éducation pour laquelle R. Perrin fit des comptes rendus de livres et de revues. Mobilisé en qualité de lieutenant, celui-ci fut gravement blessé le 19 mai 1940, évacué d’hôpital en hôpital et réformé. Il revint finalement à Paris où, après trois mois de convalescence, il put reprendre un poste le 1er janvier 1942. Il venait d’épouser le 23 décembre 1941 à Paris (XIe arr.), Suzanne Zigrand, institutrice, dont il aura trois enfants.

Dès la Libération il cumula les charges syndicales. Membre du bureau national-Premier degré, il fut élu en 1946 au comité national, puis à partir de 1948 au bureau national général en tant que secrétaire national chargé de la propagande ; il demeurait en même temps responsable de la commission pédagogique et assurait la partie pédagogique d’École et Éducation. Dans une lettre de 1978, il a fort bien décrit la vie d’un militant qui continuait à enseigner, sans aucune décharge de service : « Je quittais souvent ma classe le mercredi soir et filait prendre un train pour Strasbourg, Dijon, Poitiers, Lille, Metz, Rouen, Mulhouse et autres villes où j’arrivais pour minuit. Le jeudi matin, réunion de travail avec les responsables SGEN locaux ; l’après- midi participation ou prise de parole au congrès ou à la réunion plénière. Le soir même je sautais dans le train pour arriver à Paris vers minuit, chez moi vers 1 heure et à 8 heures 30, j’étais dans ma classe. Exaltant certes, mais exténuant, et dur pour ma femme qui avait seule la charge de nos trois jeunes enfants ».

Cela n’empêchait pas René Perrin de militer sur le plan local. En 1947, lors de la grève des instituteurs de la Seine, déjà évoquée à propos de J. Bazin et de [Roger Besnard-16577], il fut l’un des membres les plus actifs du Comité de grève. Dans une lettre de 1979, un des participants, Robert Himon rappelle ce meeting de la Mutualité où 6.000 assistants applaudissaient René Perrin qui donna d’ailleurs dans École et Éducation un compte rendu où il exposait aussi bien l’ampleur du mouvement que sa justification.

Reçu en 1954 au concours de directeur d’école, il créa alors au sein du SGEN une commission des directeurs d’école et de cours complémentaire dont il assura le secrétariat tout en poursuivant sa collaboration pédagogique au bulletin syndical.

Mais en 1958 un premier différend surgit : René Perrin et [Fernand Labigne-87594] considérèrent que les communiqués SGEN parus pendant les vacances avaient créé une inégalité entre les membres du Secrétariat qui les avait rédigés et les autres membres du bureau national qui n’avait pas été réuni. Ils présentèrent donc leur démission de cet organisme. Perrin se considéra « en congé » et n’assista plus aux réunions du Bureau, se contentant de participer au comité national où il avait voté en juin 1958 l’approbation de l’action syndicale menée en mai, tout en faisant préciser que « cette réserve de principe sur les conditions dans lesquelles le nouveau pouvoir s’était établi, n’empêchera pas le syndicat de juger en toute indépendance le gouvernement à son action ultérieure ».

En 1959, nouveau différend. René Perrin devait cette année-là assister au congrès du SGEN à Mulhouse car il était invité par la section du Haut-Rhin. Le secrétariat national décida avec Paul Vignaux d’envoyer Claude Pinoteau en faisant valoir que ce dernier était permanent. En fait celui-ci paraissait moins traditionaliste que Perrin et par conséquent plus apte à faire évoluer cette section du Haut-Rhin, très représentative d’un département dans lequel les partis du Centre droit avaient une prépondérance écrasante. Par lettre du 23 novembre, René Perrin donna alors sa démission tant du bureau national que du comité national et refusa de la reprendre malgré la demande qui lui fut adressée au nom du bureau national.

Mais il continua à militer sur le plan local. Ses charges professionnelles étaient d’ailleurs de plus en plus lourdes : l’administration lui avait demandé en 1956 d’ouvrir dans son école un CEG (sans avoir ni sous-directeur, ni secrétaire), de le doubler en le rendant mixte, puis d’en faire en 1969 un CES. dont il devint le principal. Après avoir passé une année exténuante, toujours sans sous-directeur et sans secrétaire, il demanda sa retraite qu’il prit en 1971, ne voulant pas devenir sous-directeur dans sa propre maison, sous les ordres d’un professeur de gymnastique. C’est toutefois en cette qualité de sous-directeur que l’administration lui accorda sa retraite. R. Perrin rendra plus tard hommage aux professeurs de son établissement car il avait pu constituer avec eux une équipe et régler ainsi tous les problèmes de pédagogie et d’organisation, en échange d’une réduction de service autorisée à titre expérimental. Il avait reçu la Légion d’honneur et la Croix de guerre à titre militaire et il était officier des Palmes académiques.

René Perrin est avec Guy Giry l’un des plus représentatifs de cette première génération de militants, engagés dans la rénovation pédagogique de l’enseignement primaire comme dans la lutte contre un laïcisme agressif. Il s’effaça au moment où Vignaux pensait que désormais, pour pénétrer les milieux laïques, le SGEN devait se positionner avant tout comme syndicat général et confédéré. Mais on doit à ces pionniers l’implantation du SGEN dans le Premier degré. Certes le siège de titulaire obtenu par Perrin lors des premières élections aux CAPN. en 1948, fut perdu en 1952, vu l’apparition de deux nouvelles listes, celle de FO et celle des directeurs. En outre les votants SGEN de 1948, représentant au moins le triple des adhérents, ne pouvaient constituer un électorat stable. Si le SGEN put retrouver ce siège à partir de 1970, ce fut grâce à une croissance continue du nombre des adhérents, croissance à laquelle travaillèrent efficacement Guy Giry et Perrin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87595, notice PERRIN René, Georges par Madeleine Singer, version mise en ligne le 21 avril 2010, dernière modification le 11 avril 2021.

Par Madeleine Singer

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J1471) ; Histoire du SGEN, 1987, PUL Lettres de R. Perrin à M. Singer, 11 février 1995 ; 26 janvier 1996 (archives privées).

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