HAMON Madeleine [née LIBOUBAN Madeleine, Jeanne, Françoise]

Par Alain Prigent

Née le 2 avril à 1911 à Plouégat-Guérand (Finistère), morte le 3 février 2001 à Plestin-les-Grèves (Côtes-d’Armor) ; institutrice ; militante communiste ; déportée.

Les parents de Madeleine Libouban étaient instituteurs à Plouégat-Guérand, petite commune du Trégor finistérien, proche des Côtes-du-Nord. Sa mère disparut prématurément en 1917. Son père, mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, mourut des suites de ses blessures en 1923. Madeleine se retrouva orpheline avec ses deux frères, Pierre et Jean, et sa sœur Denise. La fratrie fut élevée par un proche dans la commune de Lanvellec.

Institutrice à Brest, en 1929, elle fit la connaissance de Marcel Hamon avec lequel elle se maria le 19 août 1930 à Lanvellec. Sa sœur Denise épousa Tanguy-Prigent, tandis que son frère Pierre Libouban fut un militant syndical et communiste de premier plan.

À la fin de l’année 1936, Marcel Hamon fut nommé à Lorient puis à Pontivy (Morbihan). Madeleine obtint un poste à Silfiac dans le Nord du Morbihan. En juillet 1939, Marcel Hamon fut déplacé d’office à Saumur (Maine-et-Loire) quelques semaines avant d’être mobilisé au 19e RI qui se positionna près de Verdun. Après la débâcle, le couple et leur fils Marcel-Jean (né le 1er novembre 1931 Brest) quittèrent Silfiac pour rejoindre Saumur. Madeleine Hamon occupa un poste à l’école de Fontevrault-l’Abbaye (Maine-et-Loire). Marcel Hamon renoua les fils du PC clandestin avec l’aide de Rol-Tanguy. Mais le groupe fut démantelé après l’attaque, le 12 décembre 1942, d’un capitaine allemand par un groupe FTP à Angers. Le 14 décembre, Rol-Tanguy, informé des arrestations à Angers, demanda à Marcel Hamon d’entrer dans la clandestinité. Son épouse, malgré l’insistance générale, refusa, le 15 décembre, de quitter le domicile, décidant de rester avec son fils malade qui venait d’être opéré de l’ostéomyélite. Elle fut arrêtée le lendemain 16 décembre 1942 à Saumur par la milice et la police d’Angers. Son fils fut recueilli par la directrice d’une école de filles de Saumur. Marcel Hamon fut condamné à mort par contumace, le jugement précisant qu’il aurait « la tête tranchée ».

Incarcérée à la prison d’Angers, Madeleine Hamon fut transférée au fort de Romainville, puis à Compiègne. Le 28 avril 1943, le convoi, composé de 900 hommes et de 200 femmes, partit de la gare de Compiègne pour l’Allemagne. Matricule 19 412, Madeleine Hamon fut déportée à Ravensbrück. Elle fut libérée le 9 mai 1945 à la frontière germano-suisse. Elle fut rapatriée le 11 avril 1945 par le centre de Paris Orsay.

À la libération, elle reprit son poste d’institutrice dans les Côtes-du-Nord, puis à Paris. Marcel Hamon fut parlementaire des Côtes-du-Nord (1945-1951 et 1956-1958). En 1957, le couple revint à Plestin-les-Grèves. Son mari fut également conseiller général (1973-1979) et maire de la commune (1971-1977).

Madeleine Hamon resta fidèle au PCF. Elle était chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille militaire, de la Croix de guerre et de la Croix de combattant volontaire de la résistance.

Lors de ses obsèques civiles Roger Rioual, ancien maire et conseiller général communiste de Plestin-les-grèves, et Felix Leyzour, député communiste des Côtes-d’Armor, lui rendirent hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88242, notice HAMON Madeleine [née LIBOUBAN Madeleine, Jeanne, Françoise] par Alain Prigent, version mise en ligne le 12 juin 2010, dernière modification le 7 juillet 2021.

Par Alain Prigent

SOURCES : L’Aube Nouvelle, Ouest-Matin, Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche, Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). — Maud Crocq, Marcel Hamon (1908-1994). Une grande figure communiste des Côtes-du-Nord, mémoire de maîtrise, sous la dir. de Claude Geslin, juin 1998, Rennes II. — Christian Bougeard, Le choc de la Deuxième Guerre mondiale dans les Côtes-du-Nord, thèse de doctorat d’Etat, Rennes II, 1986. — Marie Pierre et Pierre Klein, Les déportés des Côtes-du-Nord, livre mémorial, 2007. — Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, chez l’auteur, 2002 — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Entretien avec son fils Marcel. — Manuscrit inédit de Marcel Hamon, transcrit par François Prigent. — Nécrologie dans le mensuel Bretagne-Ile-de-France.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable