GUÈS André, Louis, Marius

Par Jacques Girault

Né le 6 novembre 1890 à Toulon (Var), mort le 2 novembre 1952 à Craon (Mayenne) ; ouvrier à l’Arsenal maritime de Toulon ; secrétaire du syndicat CGT des Travailleurs de la Marine de Toulon (1935-1939).

Son père, maître fourrier dans la Marine nationale, habitait le quartier du Pont-du-Las. André Guès, après avoir obtenu le Certificat d’études, entra à l’Arsenal maritime et devint ouvrier électricien au Central téléphonique. Il fit son service militaire dans le Génie à Avignon et fut envoyé au Maroc en raison de la tension entre la France et l’Allemagne dans cette partie du Maghreb. Blessé dans les combats de la guerre de 1914-1918, il fut soigné à Craon (Mayenne) dans un couvent de Bénédictines transformé en hôpital. Il s’y maria en août 1917. Ses deux enfants firent leur communion. Sa femme tenait un magasin de travaux pour dames dans le quartier du Pont-du-Las où ils habitaient.

André Guès avait adhéré au syndicat CGTU de l’Arsenal et faisait partie de la commission de la presse du comité électoral du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales de 1925. Comme de nombreux autres militants, il dut s’éloigner de l’influence communiste vers 1927-1928 quand commença à être appliquée la tactique « classe contre classe » sur le terrain électoral.

En 1935, André Guès, socialiste SFIO, partageait les analyses du courant de la « Bataille socialiste » et plus spécialement celles de Gaudien Bartoli*. Il faisait partie, dans le premier canton, du comité électoral qui soutenait Toesca* lors de l’élection législative de 1935. Il devait alors être syndiqué à la CGT puisqu’il invitait, au nom de la CGT, les manifestants rassemblés place de la Liberté, à se disperser, le 5 août 1935. En octobre 1935, avant la réunification, il faisait partie de la commission exécutive de l’Union locale CGT. Il devint secrétaire du syndicat CGT de l’Arsenal, le 1er septembre 1935, alors que le processus précoce de réunification allait se concrétiser en octobre 1935. Le 10 octobre, il fut élu secrétaire général du bureau provisoire du syndicat des Travailleurs réunis du Pont de Toulon, issu de la réunification. Cette situation provisoire fut définitive le 4 novembre.

André Guès, dès lors, occupa le premier plan dans le mouvement ouvrier toulonnais. Il fut délégué au congrès de réunification de la CGT à Toulouse (2-5 mars 1936). Le 1er Mai 1936, il fut un des orateurs du meeting du Marché couvert et en octobre 1936 fut délégué au Comité des œuvres sociales de l’Arsenal. Il fut aussi membre du bureau du comité toulonnais du Front populaire en 1937. Délégué à tous les congrès corporatifs, membre de la commission paritaire consultative générale du Travail comme représentant ouvrier de Toulon, il effectua de nombreuses missions à Paris et en rendait compte dans les meetings. Suppléant du comité national confédéral du syndicat réunifié de Travailleurs de l’État en janvier 1936, délégué aux congrès de la Fédération CGT de la Marine, il vota contre le rapport moral en mai 1937. En juin, il devint secrétaire général adjoint de la Fédération nationale CGT des employés de l’État.

Militant socialiste SFIO, André Guès faisait partie de l’Amicale socialiste. Mais, hostile à l’anticommunisme qui montait dans le mouvement syndical, il était réticent vis-à-vis de certaines positions de ses camarades. Il échoua dans une tentative de médiation, lors du conflit interne à l’Union locale CGT, auprès de Berne* qui ne revint pas sur sa décision de ne pas assurer l’intérim après sa démission, en juillet 1937.

André Guès, pour de nombreux socialistes, apparaissait comme un allié des communistes. Les anciens unitaires étaient devenus majoritaires au sein des organismes de direction du syndicat de l’Arsenal et encourageaient Guès à demeurer secrétaire. Quand éclata l’affaire Martin (suicide d’un jeune apprenti socialiste, exploité localement contre les communistes), il refusa de condamner ses camarades communistes. Aussi fut-il traduit devant la commission des conflits de la section socialiste SFIO de Toulon. Mis en demeure de démissionner de la CA, il refusa et fut exclu du parti. Cette exclusion arrivait après sa propre démission du parti qui avait été refusée par la Fédération.

Dès lors, il se rapprocha encore plus des communistes et présida le congrès de Paix et Liberté à Toulon, le 30 octobre 1938. En avril 1939, il était membre du Parti socialiste ouvrier et paysan.

André Guès fut délégué au congrès national de la CGT à Nantes du 14 au 17 novembre 1938. Il dirigea la grève des bras croisés à l’Arsenal, le 30 novembre 1938 et fut frappé d’une retenue de salaire horaire de 0,10 franc, mesure abrogée par le ministère, le 24 avril 1939. Il fut aussi traduit devant le conseil de discipline. Congédié le 13 février, il était réintégré le 8 avril, mais déplacé à l’Arsenal de Cherbourg. Il obtint un sursis de déplacement à condition qu’il ne remplisse plus aucune fonction syndicale. Le 17 février 1938, un meeting de protestation fut organisé pour protester contre cette révocation. La police notait que, contrairement à son habitude, il n’avait pas levé le poing. Le rapport ajoutait que son épouse menaçait de le quitter s’il ne renonçait pas à ses responsabilités syndicales. Aussi au renouvellement statutaire du conseil d’administration du syndicat, ne se représenta-t-il pas. Il obtint un nouveau sursis de déplacement pour raisons médicales, le 5 août 1939.

Au début de la guerre, Guès, qui ne militait plus, gardait des contacts avec ses amis syndicalistes et participa à la diffusion de Libération. Dans l’année 1943, sinistré à la suite des bombardements, il se retira à Craon, dans la famille de sa femme et ne revint plus à Toulon. Il ne milita plus.

Un autre Guès était trésorier adjoint du syndicat CGT des chargeurs, dockers, et charbonniers de Toulon en avril 1920.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article93975, notice GUÈS André, Louis, Marius par Jacques Girault, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2010.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 47, 4 M 48, 4 M 49.4.3, 4 M 50, 4 M 54, 4 M 55.2, 4 M 59.2, 3 Z 16.8. — Arch. Troisième Région mar. : 2 A1 2213, 2 A4 136, 2 A4 174. — Renseignements fournis par le fils de l’intéressé.

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