BECKER Charles, Eugène

Par Étienne Kagan, Léon Strauss

Né le 18 juillet 1872 à Paris ; mort en mai 1934 à Metz. Militant socialiste, syndicaliste, coopérateur de la Moselle.

Ses origines sont ouvrières par son père et paysannes par sa mère. À l’âge de huit ans, il rentra avec ses parents en Alsace, où il fréquenta l’école communale, puis fit son apprentissage de typographe. Il entra « en condition » à dix-huit ans pendant quelques mois à Metz, puis dans le Tyrol. À vingt ans, il traversa comme compagnon la Suisse et la France et travailla pendant quelques mois à Paris. Il s’établit à l’âge de vingt-deux à Metz, où il se maria. Il était syndiqué depuis le 28 mars 1892 et s’inscrivit au Parti social-démocrate en 1905. Il fut immédiatement désigné comme responsable de la commission d’agitation pour la Lorraine. À partir de 1907, il fut employé à plein temps comme « Arbeitersekretär » (secrétaire ouvrier) par le Cartel de Metz des syndicats libres, correspondant aux Unions locales françaises. Il fut candidat du SPD lors des élections au Reichstag de 1912 dans la circonscription de Thionville-Boulay.

Pendant la guerre, il continua son activité syndicale à Metz, alors que l’organisation régionale des syndicats chrétiens s’était réfugiée à Sarrebruck et tint régulièrement des réunions dans la région industrielle, où quelques grèves éclatèrent dans les mines en 1916 et 1917. Le 8 novembre 1918, il mettait en place à Metz, en compagnie de son collègue vieil-allemand Voortmann un Conseil d’ouvriers et de soldats devant lequel les autorités militaires et civiles allemandes s’effacèrent et qui arbora un drapeau turc dont le croissant avait été peint à la hâte au minium. La municipalité de Metz composa avec le « soviet » et publia avec lui un appel commun, au calme, mais cet organisme révolutionnaire disparut avant l’arrivée des troupes françaises.

En liaison avec Eugène Imbs, secrétaire régional de l’Union régionale des syndicats d’Alsace et de Lorraine, il entra dès le mois de décembre 1918 en contact avec les dirigeants nationaux de la CGT. Devenu secrétaire de l’Union départementale CGT de la Moselle, il joua un grand rôle lors des grèves de 1919 et de 1920 et représenta fréquemment les syndicats des départements recouvrés dans les instances nationales de la Confédération, ainsi aux comités confédéraux nationaux du 23 mars et du 21-22 juillet 1919, ainsi aux congrès de Lyon en septembre 1919, et d’Orléans 1920. Il représenta également les cheminots d’Alsace-Lorraine au congrès de la Fédération des cheminots le 16 mai 1919.

Il fut tête de liste socialiste aux élections législatives de 1919 et fut, quelques jours plus tard, le premier conseiller municipal socialiste de Metz, élu dans le quartier de Sablon. Le congrès de l’Union départementale en septembre 1920 prit position, à la majorité des deux tiers, pour la tendance minoritaire des CSR. En désaccord avec cette orientation, Becker fut privé de son poste de permanent au début de 1921 sur l’instigation de Kirsch. Pour lui permettre de subsister, les communistes mosellans acceptèrent de l’employer comme correcteur à leur journal la Volkstribrüne. Mais, au cours de l’année, ses relations avec eux se tendirent de plus en plus. Au congrès de l’Union départementale en octobre 1921, Solt et Kirsch mirent en cause sa gestion financière passée et les subventions acceptées de la part de l’administration française en 1919, sous couvert d’aide aux chômeurs. Prenant prétexte de son voyage à Paris, où il avait accepté un mandat de délégué au Conseil supérieur du Travail, Becker fut licencié par la Volkstribrüne en janvier 1922.

Lors de la reconstitution de l’Union départementale confédérée de la Moselle en mai 1922, il fit partie du bureau en tant que représentant du syndicat du Livre. Il fut élu en 1923 secrétaire adjoint de l’UD et réélu en 1924.

Le 30 mai 1919, au cours d’une réunion à Metz avec Poisson, secrétaire de la Fédération française des coopératives de consommation, il avait été l’un des fondateurs de l’Union des coopérateurs de Lorraine, où il représentait les syndicats en 1924. Jusqu’à sa mort, Ch. Becker demeura un des administrateurs de l’Union.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article98817, notice BECKER Charles, Eugène par Étienne Kagan, Léon Strauss, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2010.

Par Étienne Kagan, Léon Strauss

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 377 (688-689). — Fond Simiand, AB XIX, 1965. — Arch. Dép. Moselle, M Industrie 93, M commissariat de la République. — La Voix du Peuple. — Le Réveil ouvrier. — Volkstribrüne, Thionville puis Metz, 1919-1922. — Le Peuple, 31 octobre 1921. — Republikaner (Mulhouse), 15 mars 1919. — Journal d’Alsace et de Lorraine, 17 mai 1919 — CGT C. Rendu du congrès de Lyon, 1919, p. 120, 237, 263. — F. Roth, La Lorraine annexée, 1870-1918, Nancy, 196, p. 615, 647-648. — Le Coopérateur de France, Lorraine, 19 mai et 3 novembre 1934.

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