CORGERON Hébert

Par Justinien Raymond

Né à Estissac (Aube) le 23 novembre 1859, mort à Paris, le 6 février 1930 ; coiffeur ; militant syndicaliste et socialiste dans l’Aube, puis dans la Seine, membre suppléant de la CAP (1912).

Hébert Corgeron
Hébert Corgeron

Fils d’un ouvrier bonnetier, Hébert Corgeron, d’abord ouvrier coiffeur, s’installa à son compte 11, rue de Turenne, à Troyes, dans une maison où il se fit en même temps logeur, louant des pièces de sa demeure. Il appartint au syndicat des coiffeurs, fut un des fondateurs de la Maison du Peuple de Troyes et du Parti ouvrier troyen, le 9 octobre 1890, aux côtés de Pédron dont il fut un des principaux lieutenants dans l’Aube. Secrétaire adjoint de la Fédération nationale des syndicats, fraction guesdiste, après le VIIe congrès, Troyes, septembre 1895, il en devint le secrétaire général, remplaçant Pédron, après le VIIIe congrès, Ivry, juillet 1897. Il fut, à la même époque, secrétaire du Bulletin mensuel de la Fédération dont un numéro a pu être trouvé par R. Brécy, le n° 4 de septembre-octobre 1897 (le n° 2, 1er avril 1896 figure dans les Arch. Dép. Aube, dossier T 332).

Corgeron s’affirma d’abord comme un organisateur et un orateur de réunions publiques, à Troyes et dans le département de l’Aube. Le 24 octobre 1896, il parla dans une conférence du Parti ouvrier troyen tenue au cirque Plèges, sur des thèmes anticléricaux. Il avait organisé cette conférence, mais, sur interdiction du préfet, ne put y faire jouer une pièce intitulée Le Jésuite et le Libre Penseur, ce contre quoi il protesta publiquement. Il organisa à la Maison du Peuple, le 11 juin 1897, une réunion socialiste où il fit adopter le principe d’une souscription dans les ateliers pour subvenir au procès Lozach. Il organisa bien d’autres réunions à Troyes et y prit la parole. Il fut aussi un des orateurs de nombreuses réunions de propagande socialiste, à Barberey et à Fontvannes (le 15 mars 1898), à Saint-André-les-Vergers, Sainte-Maure, Saint-Julien-les-Villas et à Isles-Dumont. Le 18 mars 1900, il commémora la Commune à la salle de la bonneterie à Troyes. Il participa aussi, à la Bourse du Travail, à des réunions publiques syndicales. Le 1er mai 1907, il s’éleva contre la politique de division ouvrière du maire de Troyes, M. Mony.

Corgeron parut à de nombreux congrès, aux congrès départementaux ouvriers à Palis (18 et 19 avril 1897) comme rédacteur du Réveil des Travailleurs, à Bar-sur-Seine (1900) où il réclama des lois de protection à l’égard des femmes et des enfants salariés ; aux congrès nationaux de Romilly (8-11 septembre 1895), et à tous les congrès du POF et du PS de F. de 1898 à 1905. Il fut secrétaire du congrès de Troyes et rapporteur de la commission « de la conquête des municipalités par la classe ouvrière ». Il représenta « La Sociale », coopérative de Troyes, au congrès socialiste de Paris, salle Japy (1899).

Corgeron collabora à la presse socialiste locale et fut administrateur du Socialiste troyen et rédacteur en chef de la Défense des Travailleurs. Dans ces fonctions, il encourut plusieurs condamnations. Gérant de la Défense des Travailleurs, il fut rendu responsable des frais de procès de ce journal et déclaré en faillite en 1901 : il ne put, pour cette raison, être candidat aux élections de 1902. En 1906, la Défense des Travailleurs reproduisit, à l’occasion du conseil de révision, un article de la Voix du Peuple, organe de la CGT, incitant les soldats à ne pas tirer sur les travailleurs. Le journal confédéral n’avait pas été poursuivi à Paris. L’organe fédéral le fut dans l’Aube et, avec d’autres militants, Corgeron, accusé d’avoir colporté le journal, fut traduit en cour d’assises. Défendu par Ernest Lafont* et Albert Willm, il fut acquitté.

Candidat au conseil d’arr. à Troyes en juillet 1895, Corgeron recueillit 658 voix. Aux élections municipales de Troyes, le 8 mai 1896, il figura sur une liste d’union des organisations ouvrières, mais ne fut pas élu. Dans la 2e circonscription de Troyes, aux élections législatives de mai 1898, il recueillit 1 389 voix sur 15 125 inscrits contre 6 505 à l’élu radical et 3 989 au candidat républicain modéré. En 1900, il faillit conquérir la mairie de Troyes. Il participa au congrès d’unité à Paris (avril 1905) et représenta la Fédération de l’Aube aux congrès nationaux de Chalon-sur-Saône (octobre 1905), de Limoges (1906) et de Nancy (1907).

Avant de se fixer à Troyes en 1888, Corgeron avait habité Paris pendant quelques années pour se perfectionner dans l’art de la coiffure. En 1908, la vie lui étant devenue difficile, il quitta l’Aube pour regagner Paris. Il y continua son métier de coiffeur et son action militante à la Fédération socialiste SFIO qui le délégua au congrès national de Toulouse. Il fonda un petit journal : La Défense des travailleurs du XIe et du XXe. Il adhérait à la 20e section. Candidat aux élections législatives dans le IIe arr. de Paris, le 26 avril 1914, il recueillit 1 812 voix sur 10 386 votants. Au lendemain de la Grande Guerre, il fut élu à la commission exécutive de la Fédération de la Seine. Membre du Comité pour la reconstruction de l’Internationale, il signa la déclaration parue en décembre 1920. Demeuré dans la minorité SFIO après le congrès de Tours (décembre 1920), il fut secrétaire de la 4e section et participa, toujours membre de la commission exécutive, à la reconstitution de la Fédération socialiste. Il fut son candidat, malheureux, à une élection municipale complémentaire, dans le IIIe arr., un des premiers scrutins ouverts depuis la scission. Il siégea au conseil d’administration du Populaire en 1924-1925.

H. Corgeron milita jusqu’à sa mort, mais son activité fut ralentie par une longue maladie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article106739, notice CORGERON Hébert par Justinien Raymond, version mise en ligne le 4 novembre 2010, dernière modification le 17 septembre 2022.

Par Justinien Raymond

Hébert Corgeron
Hébert Corgeron

ŒUVRE : H. Corgeron a collaboré aux journaux : Le Socialiste Troyen, Le Réveil des Travailleurs, La Défense des Travailleurs, La Défense des Travailleurs du XIe et du XXe.

SOURCES : Arch. J. Zyromski, dossier Fédération de la Seine. — Arch. Dép. Aube, série W, liasses 616, 627, 628, 630, 701, 750, 1322, 1566. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 135 à 138. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Léon Osmin, Figures de jadis, pp. 120 à 128. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., p. 613. — R. Brécy, Le Mouvement syndical en France, op. cit. — Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris 1914-1919, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995.

ICONOGRAPHIE : L. Osmin, op. cit. — Hubert-Rouger, op. cit., p. 135.

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