SAGETTE Albert

Par Michel Dreyfus

Mineur ; militant trotskyste, puis de la gauche communiste et divers groupes d’extrême gauche ; mutuelliste.

Militant de la Ligue communiste en 1931, Albert Sagette signa, avec Daniel Lévine (voir Paul Le Pape*) une déclaration critiquant l’attitude de la commission exécutive de son organisation à propos de la grève des mineurs de mars-avril 1931. Vraisemblablement passé à la Gauche communiste animée par Michel Collinet*, Aimé Patri*, Claude Naville* et Paul Le Pape, Albert Sagette donna des illustrations à Masses, revue mensuelle d’action prolétarienne, qu’il ne faut pas confondre avec la revue du même nom créée en 1933 par René Lefeuvre* et dont le directeur était Paul Le Pape.

A partir de l’été 1936, Albert Sagette fut avec René Codomie* et Marius Ruch, administrateur de la société de secours mutuels du métallurgiste fondée par des militants de la Fédération des Métaux au lendemain des accords Matignon. En raison d’un accroissement considérable de ses effectifs (début 1936 : 50 000 adhérents ; fin 1936 : 775 000 dont 225 000 pour la seule région parisienne) et de ses ressources financières, cette fédération put s’engager dans une vaste politique d’œuvres sociales : achat du château de Vouzeron comme lieu de vacances pour les premiers « congés-payés » ; création d’une polyclinique des métallurgistes, rue des Bleuets dans le XIe arr. à Paris (connue ultérieurement sous le nom de « clinique des Bleuets »), ainsi que d’un centre de rééducation professionnelle pour les chômeurs, enfin mise sur pied d’une société de secours mutuels (également rue des Bleuets) dont les prestations remboursaient le malade du montant que les Assurances sociales n’avaient pas honoré suivant son tarif officiel. Connue sous le nom de Mutuelle des métallurgistes, la nouvelle société de secours mutuels adhéra à la Fédération mutualiste de la Seine de la Fédération nationale de la mutualité française.

Membre de la commission exécutive du syndicat CGT des Métaux de la région parisienne de 1937 à 1939, Albert Sagette siégea au conseil d’administration de la mutuelle des métallurgistes (1938-1939) et de la Fédération mutualiste de la Seine. Avait-il rejoint à cette date le Parti communiste ?

Militant clandestin, il fut arrêté le 23 avril 1940 dans l’affaire de La Voix des usines avec soixante-treize autres militants.

La Mutuelle du métallurgiste fut dissoute le 9 novembre 1940 en raison de la nouvelle législation édictée par Vichy sur les syndicats et les associations. Dès lors l’action des métallos se poursuivit dans la clandestinité.

La Mutuelle réintégra ses locaux de la rue des Bleuets après s’être réunie en assemblée générale le 12 avril 1945. René Codomie (déporté) et Marius Ruch étant morts pendant la guerre, Albert Sagette était alors le seul des trois administrateurs d’origine. Le 18 novembre 1945, il assista à l’assemblée générale de la Fédération mutualiste de la Seine au cours de laquelle il présenta à son président, L. Heller, une lettre de sa mutuelle demandant le remplacement de R. Codomie et M. Ruch par André Leveillé* et Roger Patinot. Mais il n’obtint pas gain de cause, apparemment pour des raisons techniques, en fait pour des motifs politiques, la Fédération mutualiste de la Seine étant plus que réticente vis à vis de cette mutuelle animée par des militants de la CGT. Cette rupture entre la Mutuelle du métallurgiste et la Fédération nationale de la mutualité française était annonciatrice de bien des débats ultérieurs au sein du mouvement mutualiste.

Toujours placée sous la tutelle de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie, la Mutuelle du métallurgiste se transforma le 6 janvier 1946 au cours de son assemblée générale en Mutuelle familiale des travailleurs de la région parisienne, dénomination qui était toujours la sienne en 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130206, notice SAGETTE Albert par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 novembre 2016.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : Stéphane Courtois, La politique du PCF et ses aspects syndicaux, 1939-1944, Thèse, 3e cycle, Nanterre, 1978. — Bulletin de la Gauche communiste, 15 mai 1931. — P. Desroche, Travailleurs mutualistes. La Mutuelle familiale des travailleurs de la région parisienne, 1936-1980, Éd. de la Mutuelle familiale, 1983, 288 p.— Y. Saint-Jours, M. Dreyfus, D. Durand, La Mutualité (Histoire. Droit. Sociologie), LGDJ, 1990, 532 p. — Notes de Jean-Louis Panné.

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