PANNIER Richard, Eugène

Par Daniel Grason

Né le 6 octobre 1889 à Roupy, arrondissement de Saint-Quentin (Aisne), mort le 28 mars 1978 à Coutances (Manche) ; contremaître en orfèvrerie ; communiste ; interné ; déporté.

Richard Pannier était le fils d’Edmond fileur et de Marie, née Bleux, ouvrière de filature. Il épousa Claudine Carcelli, née le 14 novembre 1896 à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple demeura Clichy au début des années vingt, un fils Robert naquit en 1931. Adhérent du parti communiste, Richard Pannier était secrétaire général de l’Union des groupements et syndicat professionnel du petit commerce, petite industrie et artisanat de Clichy. Il fut également secrétaire du Syndicat ouvrier du bijou, du département de la Seine.
En 1923, il fut embauché à l’établissement de Clichy de l’orfèvrerie Ercuis, fin 1939, du fait de la mobilisation, l’établissement ferma. En janvier 1940, contremaître, il travailla aux Ets Christofle, rue de la Gare à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Sa femme qui tenait un commerce de lunetterie et d’orfèvrerie ferma boutique et fut employée au service des verres de la maison David dans le XVIIe arrondissement.
Le 27 août 1939, il distribua des tracts du parti communiste dans la rue, la police l’interpella, puis le relâcha. Le commissaire de la ville harcelait les militants connus sur la localité. Deux perquisitions eurent lieu à son domicile, la première le 25 octobre 1939, sous le prétexte de visites nocturnes et de détention d’une machine à écrire, en déplacement dans l’Oise pour des raisons professionnelles sa femme eut affaire au commissaire en personne et à deux inspecteurs ; une seconde visite eut lieu le 14 mai 1940, dans les deux cas aucun tract aucun objet suspect ne fut découvert.
Le commissaire ne lâcha pas prise, il estimait que Richard Pannier : « N’avait en rien renié ses opinions », il était un « Meneur communiste très actif ». Le 22 juin 1941 les troupes allemandes attaquaient l’Union soviétique, cinq jours plus tard la police arrêtaient et internaient administrativement des militants communistes en application du décret-loi du 18 novembre 1939 : « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Richard Pannier arrêté le 27 juin, fut conduit successivement, au commissariat, remis aux allemands à l’Hôtel Matignon, enfin au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise). Six épouses et une fille d’internés de Clichy dont la femme de Richard Pannier écrivirent collectivement au préfet le 17 février 1942. Elles demandaient la raison des arrestations et l’autorisation d’une visite.
Le 24 janvier 1943, il était dans le convoi de mille quatre cent soixante-six hommes qui partait à destination d’Orianenbürg-Sachsenhausen (Allemagne). Après le transport du 6 juillet 1942, composé principalement d’otages communistes, ce fut le second, formé de déportés arrêtés par mesure de répression. Transféré au camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin), en avril 1944, il fut affecté au Kommando de Leonberg, près de Stuttgart. Les prisonniers travaillaient dans deux tunnels d’autoroutes désaffectés à la fabrication de pièces détachées pour les avions Messerschmitt. À la fin mars ou à la mi-avril 1945, les deux mille détenus furent acheminés en train à Dachau. Le camp fut libéré le 29 avril 1945 par les troupes américaines, Richard Pannier matricule 59185 était l’un des survivants.
Sa femme Claudine avait écrit le 6 janvier 1945 au préfet de police, elle témoigna devant la commission d’épuration de la police début février 1945, elle mit l’accent sur l’acharnement du commissaire de Clichy. Elle était sans nouvelle de son mari depuis juin 1944.
Richard Pannier a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Il mourut le 28 mars 1978.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139069, notice PANNIER Richard, Eugène par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 décembre 2011, dernière modification le 9 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2397, KB 26, 77W 43. – Bureau Résistance GR 16 P 456390. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État Civil, Roupy.

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