KERT Eugène

Par Daniel Grason

Né le 18 janvier 1913 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 8 janvier 1973 à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) ; ajusteur, suiveur de pièces ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils d’Eugène, cocher et d’Angèle, née Constant, Eugène Kert suivit l’école primaire, savait lire et écrire, il vécut jusqu’à sa majorité chez ses parents. Il effectua son service militaire en 1933 au dépôt d’artillerie du Fort de Charenton.

Il adhéra à la Fédération des jeunesses communistes de France et au parti communiste. Il partit en Espagne en novembre 1937, combattit dans les Brigades internationales, il revint en novembre 1938. À son retour, il cessa toute activité politique. Il fut trépané deux fois, la raison de ces opérations resta inconnue.

Il demeurait rue Roque-de-Fillol à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), puis chez Berthe une amie 9 rue Pasteur à Suresnes. Il travaillait depuis le 11 novembre 1938 à la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) ex-usines Blériot à Suresnes, il y fut affecté spécial par l’autorité militaire. Il donnait professionnellement satisfaction.

En mai 1940, était-il sensible au pacifisme ? Ou était-ce une provocation de sa part ? Il tint à plusieurs reprises des propos défaitistes qui choquèrent ses collègues de travail, le chef du personnel alerté, téléphona à la gendarmerie. Les gendarmes de Suresnes auditionnèrent plusieurs témoins.

Les déclarations des uns et des autres concordaient sur l’essentiel. Paul, aide magasinier l’entendit dire : « Daladier est un salaud, on ne devrait pas aller à la guerre ». Georges, aide magasinier avait entendu dire par d’autres ouvriers que « Depuis une huitaine de jours environ […] il ne cesse de répéter « Vivement que les Boches arrivent à Paris ».
Selon Ida une magasinière, il tenait ses propos « depuis un mois environ » à « chaque fois qu’il venait au magasin. Il m’a montré […] l’insigne de la croix gammée en ajoutant « Ils peuvent arriver je suis paré ».
Hélène magasinière n’avait « jamais engagé une conversation suivie » avec lui. Mais elle s’était tout de même fait une opinion le concernant « d’après son langage […] il est un mauvais français. Il n’a jamais tenu aucun propos défaitiste en ma présence ».

Le dimanche 19 mai vers 10 heures 30, les gendarmes perquisitionnèrent son domicile qui comprenait une cuisine, une chambre et une cave, aucun tract n’était découvert. Sur les faits, il confirma son « Vivement que les Boches arrivent », ajoutant « Je n’ai pas prononcé ces paroles avec méchanceté. Je ne me souviens pas avoir dit que Daladier était un salaud. […] J’ai pu critiquer le gouvernement sans aucune arrière-pensée ». L’insigne de la croix gammée « Je l’ai prise entre les mains d’un ouvrier dont je ne me souviens plus le nom. […] Il est exact que je l’ai exhibé. […] J’ai effectué ce geste en agissant comme un enfant pour leur montrer que j’avais trouvé un insigne du parti hitlérien. Quant à son engagement dans les Brigades internationales, il déclara « Je suis allé combattre en Espagne pour des raisons personnelles ».

Radié de l’affectation spéciale par l’autorité militaire pour « propos défaitistes », il fut affecté au dépôt d’Infanterie n° 211 à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise, Yvelines). Du fait de la défaite de juin 1940 et de la capitulation, Eugène Kert retrouva la vie civile. Il demeura 2 rue Chevreul, puis 9 rue Pasteur à Suresnes. Il fut ajusteur à la Société de Fabrication d’Engrenages à Denture Rectifiée (SFEDR) à Courbevoie, le 1er septembre 1942, il travaillait à l’usine d’aviation Farman à Suresnes. Le 10 février 1943, il fut désigné pour aller travailler en Allemagne au titre du Service du travail obligatoire (STO).

Il épousa Mireille Durantet le 18 avril 1953 à la mairie d’Aubervilliers. En 1960, il demeurait 37 rue Charles-Floquet à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne). Il mourut le 8 janvier 1973 à Saint-Benoit-sur-Loire (Loiret).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139887, notice KERT Eugène par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 mars 2012, dernière modification le 5 septembre 2015.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., RG77W 1659. – État civil, Aubervilliers.

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