Par Daniel Grason
Né le 24 juin 1910 à Alger (Algérie), mort le 3 septembre 1943 à Mauthausen (Autriche) ; porteur aux Halles, puis commis ; communiste ; membre du groupe Valmy ; déporté ; résistant FTP.
Fils de Henri et de Ben Saïd, née Jua, Jean-Baptiste Karoubi grandit dans le quartier d’El Biar à Alger. À l’issue de l’école primaire, il obtint son CEP. De la classe 1930, il effectua son service militaire dans la marine à Cherbourg (Manche). Il vint à Paris, exerça la profession de porteur aux Halles Centrales, adhéra au parti communiste à la section du IVe arr. en 1934, cellule 436. Membre de la même section que Georges Abribat, il fit sa connaissance en 1936 quand ce dernier adhéra. En juillet 1938, Jean-Baptiste Karoubi épousa Gilberte, née Pierre, le couple vivait 217 rue de Belleville, XXe arrondissement, un enfant naquit. Du fait de son changement de situation personnelle, il mit la politique de côté.
Il fut mobilisé le 2 septembre 1939 à Cherbourg comme matelot charpentier, démobilisé début octobre 1940. À la mi-octobre, il rencontra fortuitement Georges Abribat, celui-ci lui demanda de l’aide pour trouver du travail. Ils se rencontrèrent à plusieurs reprises, lors d’une entrevue Abribat lui demanda s’il était disposé à reprendre de l’activité militante au sein du parti communiste clandestin. La réponse de Karoubi fut nuancée, il ne repoussa pas la proposition, mais précisa qu’il ne disposait pas de beaucoup de temps.
Un rendez-vous fut néanmoins fixé Porte-de-Montreuil, Jean-Baptiste Karoubi s’y rendit, Abribat lui présenta un militant, Karoubi s’appela désormais Bourges et faisait partie du groupe Valmy. Un second rendez-vous eut lieu au métro Arts-et-Métiers, le 27 octobre 1942, deux autres militants dont une jeune femme lui furent présentés, l’un fit part qu’il était recherché par la police, des policiers étaient embusqués à son domicile.
Le lendemain, trois inspecteurs de la BS2 appréhendaient Jean-Baptiste Karoubi. Il ne portait ni objet ni document. Les policiers saisirent à son domicile une brochure éditée par le parti communiste intitulée « Manuel du Légionnaire ». Il déclara lors de son interrogatoire qu’il ne connaissait pas le nom exact de l’organisation dans laquelle il était rentré, ni les buts poursuivis. Il croyait qu’il s’agissait de diffuser du matériel de propagande. Il savait qu’il existait une organisation qui commettait des attentats, mais il affirma qu’il ignorait qu’elle était dirigée par le parti communiste. Il reconnut sur photographie Louis Tillet, Marcel Cretagne dit Tours et Solange Welter dite Toulouse.
Jean-Baptiste Karoubi déclara : « Je n’ai participé à aucun attentat et jusqu’à ce jour je n’ai fait aucune activité en faveur du parti communiste clandestin. Aucune mission ne m’avait encore été confiée ». Livré aux allemands, il fut incarcéré à Fresnes, puis au Fort de Romainville.
Le jeudi 25 et le samedi 27 mars 1943, cent dix prisonniers partaient en wagons voyageurs, de la gare de l’Est à destination de Mauthausen (Autriche), parmi eux vingt-sept membres du groupe Valmy déclaré « NN » Nuit et Brouillard (condamnés à disparaître). À Mauthausen, il travailla au Kommando de Gusen, puis fut ramené à Mauthausen. Sur les vingt-sept déportés du groupe Valmy, douze moururent dont Jean-Baptiste Karoubi matricule 25516, le 3 septembre 1943.
Gilberte Karoubi, vingt-six ans témoigna deux fois en 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle ignorait si son mari fut maltraité lors des interrogatoires dans les locaux des BS. Elle déclara qu’un des inspecteurs s’adressa « grossièrement » à son mari lors de son arrestation, « Tu n’avais pas besoin de faire le “couillon” comme tu l’as fait, ton compte est bon ».
Jean-Baptiste Karoubi a été homologué membre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), Déporté interné résistant (DIR).
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo, Carton 13 activité communiste pendant l’occupation, GB 114 BS2 carton 22, KB 6, KB 67, KB 95. – Bureau Résistance dossier GR 16 P 316923. – Liquidez-les traîtres. La face cachée du PCF 1941-1943, Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, R. Laffont, 2007. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – JO, n° 285 du 9 décembre 1994. – Site Internet GenWeb.