MUSSAT André, Yves, Paul

Par Jacques Girault

Né le 12 mars 1912 à Laval (Mayenne), mort le 9 mars 1989 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; professeur d’université ; résistant ; militant communiste en Ille-et-Vilaine.

André Mussat et Henri Fréville dans les années 1960.
André Mussat et Henri Fréville dans les années 1960.

Petit-fils du maire radical de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), ami de Léon Gambetta, fils d’un marchand de musique et de pianos, indiqué "luthier" à l’état civil, qui mourut au front en octobre 1914, André Mussat, pupille de la Nation à partir de 1922, obtint le baccalauréat en 1928. Étudiant, à la faculté des Lettres de Rennes, adhérent de l’Association générale des étudiants (UNEF), collaborateur de L’A, journal de l’association, il signait des éditoriaux qui témoignaient de préoccupations syndicalistes. En 1931, il devint directeur de l’Office national de la presse universitaire et participa à ce titre à des congrès internationaux. En 1931, titulaire d’une licence d’histoire et de géographie, il fut reçu à l’agrégation d’Histoire et de Géographie en 1933. Professeur au lycée de Laval pendant l’année scolaire 1933-1934, il effectua, l’année suivante, son service militaire dans l’armée de l’Air (météorologie) et se maria en septembre 1935 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord/Côtes d’Armor) avec Lucette Delépine, fille d’un professeur agrégé au lycée de la ville, militant socialiste SFIO. Nommé, à la rentrée d’octobre 1935, professeur au lycée d’Angers (Maine-et-Loire), il enseigna dans la classe préparant le concours de l’école nationale des Arts et Métiers, complétant son service comme enseignant d’histoire et de géographie à l’ENAM et d’histoire dans les cours publics municipaux des Arts et Métiers. Lors de la célébration du cent-cinquantième anniversaire de la Révolution française, il publia Tableaux de la Révolution, 1789-1939 (Horizons de France, 1939). Engagé, syndiqué, auteur d’articles dans la presse de la CGT, secrétaire général administratif du comité de Front populaire d’Angers, il fut un des orateurs du rassemblement du 14 juillet 1936 à Angers.

Mobilisé en septembre 1939, André Mussat, fait prisonnier à Péronne (Somme), le 17 juin 1940, obtint une mise en congé de captivité, le 6 mai 1941, pour effectuer des travaux agricoles. Tout en gardant administrativement son poste de professeur à Angers, il ne le rejoignit pas et se cacha dans la maison de ses beaux-parents à Loguivy-Plougras (Côtes-du-Nord/Côtes d’Armor), dans le canton de Plouaret, qui devint un lieu de repli pour les militants communistes clandestins comme Louis Picard* et Maria Rabaté. Il entra en mai 1942 dans le groupe « Résistance » sous les ordres de Claude Bellanger et assura des renseignements pour le groupe qui se fondit dans les FTPF à direction communiste dont il fut commandant. En contact avec les instituteurs de Loguivy-Plougras, Georges Le Bihan et Robert Le Grouiec, militants du Front National, en juin 1943, entré dans le FN universitaire, à partir de mars 1944, il participa à des activités de renseignements, d’organisation de sabotages des voies ferrées, de parachutages de capture de soldats allemands. Il adhéra au Parti communiste en 1943 avant d’être versé en mars 1944 dans les FFI. Homologué comme capitaine, il combattit dans la poche de Lorient (Morbihan) à partir du 22 septembre 1944 jusqu’à la reddition du 10 mai 1945, remplaçant le commandant de son unité, blessé, jusqu’au 31 janvier 1945.

A la Libération, André Mussat devint directeur du Patriote de l’Ouest, hebdomadaire régional du Front National. Plus tard, il participa au lancement du quotidien progressiste Ouest-Matin et y tint des chroniques. De 1952 à 1960, il écrivait régulièrement dans Les Lettres Françaises. Pour les adhérents de Tourisme et Travail, il donnait des conférences (histoire/architecture/peinture) et dirigeait des visites et des excursions. Il s’engagea dans la mise en place de la Maison de la Culture à Rennes dans les années 1960 dont il fut le premier vice-président aux côtés d’administrateurs représentants des syndicats ouvriers.

André Mussat renoua avec l’enseignement comme professeur au lycée de Rennes en octobre 1945, chargé de cours aux écoles des Beaux-Arts et d’Architecture à partir de 1948. Détaché au CNRS de 1951 à 1954, il reprit son poste au lycée de Rennes où il enseigna surtout en classes préparationnaires, notamment en Lettres Supérieures. En 1951, il fut chargé du nouveau cours public d’histoire de l’art à la Faculté des Lettres. Docteur ès lettres avec une thèse sur Le style gothique de l’Ouest de la France, il devint maître de conférences en 1960 puis professeur d’Histoire de l’art en 1962, spécialité qu’il créa à la faculté des Lettres devenue Université de Haute Bretagne (Rennes II) à partir de 1970. Directeur des sections d’histoire, puis d’histoire de l’art à partir de 1967, puis de l’UER des arts, il fut membre du conseil de l’Université jusqu’à sa retraite en 1980. Il demeura pendant toute la période membre du Syndicat national de l’enseignement supérieur. En mai-juin 1968, il servit à plusieurs reprises de « tampon-négociateur » entre les étudiants et les forces de police, ou de canalisateur aux côtés de Jean-Yves le Drian, dirigeant des étudiants. Au nom de tous les syndicats, il prit la parole dans un rassemblement sur le Champ de Mars.

André Mussat, militant du Parti communiste français à Rennes, engagé dans la presse, pendant les campagnes électorales, il manifestait alors avec sa « voix de tribun, un véritable talent d’orateur » dans les réunions publiques. Il participa aux grands débats politiques. Il se prononça contre la Communauté européenne de Défense. Notamment, en janvier 1954, il intervint lors d’une réunion sur le thème « Atlantique et Europe » organisée par l’association « Renaissance spirituelle » présidée par l’abbé Lemarchand à laquelle prirent part Hubert Beuve-Méry, directeur du Monde et Henri Fréville, maire MRP de Rennes. La presse locale accorda une large place à la réunion, vantant notamment les qualités de Mussat dont le texte fut publié dans la revue catholique Dialogues. Toutefois, le quotidien communiste Ouest-Matin publia un article très bref sur l’événement, ce qui laissa supposer qu’André Mussat n’intervenait pas au nom du PCF (selon Michel Denis). En décembre 1954, il participa à un autre débat de la même organisation sur André Malraux. Il estima alors que Malraux n’était « jamais parvenu à la communion complète avec le drame social », hésitant « devant le sens » de l’histoire des hommes.

Militant anticolonialiste, André Mussat participa régulièrement aux réunions sur les questions coloniales, occasion de mobilisations étudiantes associant étudiants français et étrangers. Il critiqua au début de 1956 la politique du gouvernement de Guy Mollet en Algérie. Ébranlé lors de l’intervention soviétique en Hongrie à la fin de 1956, il s’éloigna du PCF sans une vraie rupture. Ainsi il fut intégré dans la commission de travail auprès du bureau de la fédération communiste créée en 1961 à la suite d’une réunion des intellectuels communistes rennais, le 29 octobre, réunion suivie par Louis Baillot. Lors de cette réunion fut aussi décidée la formation de cellules communistes dans les facultés et les établissements scolaires.

André Mussat, spécialisé dans le domaine médiéval, mais enseignant sur toutes les périodes jusqu’à l’arrivée d’autres enseignants, collaborait régulièrement aux Annales de Bretagne qu’il dirigea de 1963 à 1970. De 1964 à 1984, directeur scientifique et vice-président de la commission Bretagne (première en France avec celle de l’Alsace) de l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France qu’il mit en place sur le plan national avec André Chastel, Georges-Henri Rivière et Julien Caïn, il publia régulièrement des monographies à partir de 1969. Membre de la commission nationale de l’Inventaire, il écrivit de nombreux articles méthodologiques. Pendant deux ans, il dirigea le Centre de recherches sur les arts de l’Ouest et créa une revue Arts de l’Ouest aux Presses universitaires de Rennes en 1976. Il fut très actif dans la Société française d’archéologie, multiplia les travaux sur l’Ouest de la France. Lors de la création de la Maison de la Culture de Rennes en 1965, il en fut le premier vice-président.

Veuf, André Mussat se remaria en septembre 1971 à Rennes avec Marie-Claire Le Moigne, agrégée de grammaire, alors maître-assistante d’histoire de la musique qui devint professeur à l’Université de Rennes II et directrice de l’UER des Arts.

André Mussat, en 1968, joua un rôle national pour généraliser les enseignements artistiques dans l’université française et créer des cursus spécialisés (Arts Plastiques, musique et musicologie). Il participa à la formation de conservateurs de musée, de chercheurs, de conférenciers des Monuments historiques, de directeurs des Fonds régionaux d’arts contemporains, de plasticiens, d’architectes.

Après son décès, son nom fut donné à un bâtiment des Arts plastiques de son université et à une avenue de Rennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146594, notice MUSSAT André, Yves, Paul par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 mai 2013, dernière modification le 18 avril 2021.

Par Jacques Girault

André Mussat et Henri Fréville dans les années 1960.
André Mussat et Henri Fréville dans les années 1960.

ŒUVRES : Parmi les 14 références du fichier de la BNF, citons : Le style gothique de l’Ouest de la France XIIe-XIIIe siècles, Picard, 1963. — Arts et cultures de Bretagne. Un Millénaire, Berger-Levrault, 1980. — La cathédrale du Mans, Berger-Levrault, 1981. — Rennes, Ouest-France, 1985. — Bretagne, Architecture et Identités, textes réunis et préparés par Daniel Leloup, Presses universitaires Rennes (PUR), 1997.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Divers sites Internet. — Renseignements et documentation fournis par son épouse. — Articles d’hommage notamment par Michel Denis dans Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie, 1989, par André Salet dans Revue de l’Art, 1989, n° 1 (article comprenant une bibliographie de ses travaux) et articles de presse communiqués par Jacques Thouroude. — Marie-Claire Mussat, Action et pratiques culturelles. La Maison de la Culture de Rennes, éd. du Layeur, 2002). — Témoignage de R. Le Grouiec transmis par Alain Prigent.

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