PERLA Cyrla [épouse VOLKAS] alias LEMONNIER

Par Daniel Grason

Née le 15 juin 1912 à Pacanovy (Pologne), morte à Auschwitz (Pologne) ; couturière ; militante de la sous-section juive du Parti communiste ; membre de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (U.J.R.E.) et de la Main d’œuvre immigrée (M.O.I.) ; résistante déportée.

Fils de Nanzis et de Savah, née Wolberg, Cyrla Perla vint en France en janvier 1937. Mariée, un enfant naquit en 1940, le couple demeurait 4 Rue de Thionville dans le XIXe arr. Elle milita à la sous-section juive du Parti communiste.
Pendant la guerre, elle distribuait les publications de l’organisation J’Accuse, Unzert Vort (Notre Parole) et Solidarité. Le 21 janvier 1943, elle se rendait au poste de police du XIXe arr. apportant des vêtements appartenant à un Juif qui venait d’être arrêté. Les policiers lui demandèrent ses papiers, elle ne portait pas l’étoile jaune, fut appréhendée. Deux gardiens de la paix l’accompagnèrent chez elle pour prendre du linge, elle réussissait à s’enfuir, fut hébergée par des militants.

Elle était notamment en relation avec Ephraïm Lipcer et Moszek Puterflam dit Rex, fut repérée lors de filatures le 28 avril 1943 en compagnie du premier et le 29 avril avec le second. Les Renseignements généraux filèrent les membres de la Main d’Œuvre Immigrée pendant des semaines. Le 13 mai, elle emménagea sous le nom de Lemonnier dans une chambre trouvée par Judas Barszczewski au134 rue de Tolbiac à Paris XIIIe arr.

Le 2 juillet 1943 à midi, quatre inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent à son domicile et perquisitionnèrent. Sous le tapis de la table quatre manuscrits ayant traits à la propagande du parti communiste étaient saisis, un paquet de deux cent cinquante tracts en français et en yiddish dans le lit, dans le tiroir de la table de nuit : huit tracts, un bloc-notes, une quittance d’électricité et une facture au nom de Lemonnier, une carte textile au nom de Zelmanowicz.

Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, elle fut interrogée, minimisa son engagement, mais outre les filatures, des militants torturés parlèrent. Les deux cent cinquante tracts portaient sur différents thèmes : « Réclamez 500 gr de pain pour les travailleurs et leur famille », « Laval vient encore de promettre 300.000 Français », « Les cadavres de Katyn sont l’œuvre des Nazis », « Arrêtons les déportations ».

Cyrla Perla fut internée sous le matricule 3202 à Drancy. Elle écrivit : « Je suis désignée pour la déportation où je partirai samedi matin 31 juillet […] Une seule chose nous trouble : la destination inconnue… On part où ?... Reviendra-t-on encore ? Reverrai-je encore mon enfant, mon Jojo ? Ҫa me travaille toujours. Je suis inquiète pour lui. Est-il en sécurité ? […] Je finis ma lettre, ça m’est trop difficile d’écrire dans l’atmosphère de souffrances, de gémissements des vieillards, de pleurs des enfants… »

Le 31 juillet elle était dans le convoi 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Cyrla Perla fit partie des déportées qui s’organisèrent pour résister, elle fut affecté au block 10 où les nazis pratiquaient des expériences médicales, elle mourut à une date inconnue. Sur un millier de déportés, il y eut vingt-huit survivants dont dix-huit femmes. Le nom de Cyrla Perla figure sur le mur des noms rue Geoffroy-l’Asnier, IVe arr.
Cyrla Perla a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151866, notice PERLA Cyrla [épouse VOLKAS] alias LEMONNIER par Daniel Grason, version mise en ligne le 2 janvier 2014, dernière modification le 6 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2298, PCF carton 14 rapports hebdomadaires de la préfecture de police sur l’activité communiste. – Bureau Résistance GR 16 P 467127. – David Diamant, Par-delà les barbelés, Éd. 1986. – Site internet CDJC.

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