MULLER Albert, Jean, Alexandre

Par Gilles Pichavant

Né le 24 décembre 1920 à Brest (Finistère), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; électricien à l’Arsenal de Brest ; résistant, membre du groupe Élie rattaché au réseau CND Castille.

Fils d’Albert Charles Muller, ouvrier, et de Jeanne Grall, Albert Muller était célibataire. En 1941, sa mère était veuve, et avait un autre fils de dix-huit ans.
Albert Muller était électricien à l’Arsenal de Brest et habitait 139 rue Jean Jaurès. Il fut recruté dans la Résistance, dès le mois d’août 1940, par Louis-Jean Élie, un entrepreneur de transport, alors qu’ils faisaient partie tous les deux de la Défense passive. Au mois d’octobre 1940, l’organisation de Résistance initiée par ce dernier, appelée groupe Élie, était structurée. Elle comportait un service de renseignements et un service action qui s’attacha à subtiliser des armes aux soldats allemands dans les cafés. Louis-Jean Élie contacta le capitaine René Drouin qui parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille : en février 1941, le groupe Élie fut rattaché au réseau CND Castille. Dans la nuit du 18 au 19 mars 1941 Albert Muller fut l’un de ceux qui tentèrent de libérer neuf internés de la prison de Pontaniou. On attribue aussi au groupe Élie un attentat à l’hôtel Continental, siège des autorités allemandes à Brest, qui eut lieu le 4 avril 1941, et qui fut parachevé par l’explosion d’une bombe incendiaire larguée par un avion anglais.
Le 30 avril 1941, vers 21 heures, Albert Muller, Francis Quémener et Joseph Prigent attaquèrent quatre Allemands installés au café des PTT, rue Louis-Blanc. Les Allemands parvinrent à s’enfuir, mais Muller fut blessé de six balles dans le ventre et fut conduit chez un médecin qui appela l’ambulance municipale. Il fut opéré le 1er mai, et, jugé transportable, il rentra chez lui le 10 mai, sur sa demande. Le 13 mai dans l’après-midi, des Allemands frappaient à sa porte et l’emmenaient, malgré son état, jusqu’à leurs locaux de l’école Bonne-Nouvelle. Ce fut la première d’une longue série d’arrestations qui dura jusqu’à la fin juin 1941. Après un passage à Bonne-Nouvelle, les résistants étaient conduits, les uns après les autres, à la prison du Bouguen, à Brest.
Le 5 juillet 1941 il fut transféré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) avec la majorité des membres du groupe qui avaient été arrêtés. .
Albert Muller fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal militaire allemand du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.)
Albert Muller a été fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades Louis-Jean Élie, Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Roger Ogor, Joseph Prigent, François Quéméner, Louis Stephan et Joseph Thoraval. Vingt autres prévenus avaient été condamnés à des peines de réclusion variant de cinq à quinze ans ; parmi eux cinq moururent en déportation, et un fut porté disparu.
Un service religieux célébré à Saint-Martin à Brest le 8 janvier 1942 en mémoire des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 réunit plusieurs centaines de personnes.
Albert Muller fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 4, n°42.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Albert Muller a été réinhumé le 18 juillet 1947 à Brest.
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 23 août 1945. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Le 19 avril 1958 on lui attribua la Croix de guerre avec palme, par un décret publié au JO le 26 avril suivant, ainsi que la Médaille de la Résistance.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé rue des 11-Martyrs l’une de ses voies qui donne sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès.
Le nom d’Albert Muller figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168419, notice MULLER Albert, Jean, Alexandre par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 20 janvier 2015, dernière modification le 8 août 2021.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Fichier des fusillés, FNDIRP du Finistère Nord à Brest. — Arch. mun. Brest. — Eugène Kerbaul, Chronique d’une section communiste de province. Brest, janvier 1935-janvier 1943, Presses de l’imprimerie commerciale de Rennes, 1992. — resistance-brest.net. — État civil. — Répertoire des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.

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