ROEDERER Hélène

Par Alain Dalançon

Née le 5 mai 1921 à Dillingen (Sarre), morte en déportation au camp de Ravensbrück (Allemagne) le 10 mai 1945 ; étudiante ; Résistante de « Témoignage chrétien » et « Défense de la France ».

Hélène Roederer
Hélène Roederer
coll. familiale

Son père, Joseph, était ingénieur des Mines, compagnon de captivité du capitaine De Gaulle durant la Première Guerre mondiale, directeur d’aciéries, de celle de Dillingen en Sarre dans les années 1920, puis des aciéries de la Marine à Saint-Chamond (Loire) ; sa mère, sans profession, était la fille de Georges Friedel, polytechnicien, célèbre cristallographe, directeur de l’École des Mines de Saint-Etienne.

Hélène Roederer bénéficia d’une éducation bourgeoise mais ouverte, comme ses cinq frères et sœur. En l’absence d’un établissement secondaire de filles à Saint-Chamond, elle accomplit ses études secondaires à la maison avec l’aide de professeurs locaux jusqu’à la première partie du baccalauréat, puis alla préparer la seconde partie au lycée de filles de Saint-Etienne (Loire).

Bachelière série mathématiques élémentaires, elle fit cependant des études d’histoire-géographie à la Faculté des Lettres de Lyon et préparait l’agrégation en 1943. Catholique, elle avait été cheftaine des Guides de France. Elle œuvra d’abord à la diffusion des « Cahiers du Témoignage chrétien » puis des feuilles clandestines de « Défense de la France » qu’elle transportait par milliers dans ses valises. Elle s’engagea dans ce mouvement comme ses frères et sa plus jeune sœur, Marie-Noëlle (voir Petite Marie-Noëlle).

Elle partit pour la région parisienne en septembre 1943 avec sa famille mais continua à diriger la diffusion Zone Sud de « Défense de la France ». Début 1944, Philippe Viannay, le fondateur du mouvement, la recruta comme agent de liaison. Son père avait ouvert à ce groupe la maison qu’il habitait à Châtenay-Malabry (Seine/Hauts-de-Seine) au 5, rue Jean Longuet, pour l’organisation de réunions clandestines.

Elle participa aux maquis de Seine-et-Oise en 1944. Elle fut arrêtée le 24 juin 1944 par l’armée allemande après le repliement du groupe de Viannay encerclé par d’importantes forces allemandes dans la forêt de Ronquerolles. Les papiers compromettants qu’elle transportait ne furent pas saisis par les soldats qui l’arrêtèrent et laissés sur place avec sa bicyclette ; ils furent récupérés par des habitants de Viarmes qui les rendirent au groupe de résistants.

Détenue à Fresnes jusqu’au début août, puis à Romainville, Hélène Roederer partit ensuite pour l’Allemagne. Elle fut d’abord employée dans une usine d’obus à Torgau mais décida bientôt de refuser ce travail : pour cet acte d’indiscipline, elle fut enfermée huit jours sans nourriture. À sa sortie de prison, elle ne montra pas plus de zèle, si bien qu’au bout d’un mois et demi, elle fut envoyée avec 250 de ses compagnes au camp de travail et de punition de Konigsberg-sur-Oder. À la fin de novembre, par suite d’une erreur de matricule, elle fut envoyée à Ravensbruck. Jusqu’alors sa santé avait remarquablement résisté et son moral n’avait jamais fléchi. Elle contracta une scarlatine et peut-être d’autres affections dans la promiscuité du block des contagieuses. Au bout de 60 ou 70 jours, ses compagnes purent la faire sortir, pour la soustraire à la sélection, c’est-à-dire à la chambre à gaz. Elle fut remise dans un block de travail mais elle était épuisée. Cachée, déplacée, elle voyait son état se dégrader. Le 23 et le 25 avril 1945, toutes les Françaises valides partirent pour la Suède et seules restèrent les grandes malades et les personnes dévouées (parmi lesquelles la doctoresse stéphanoise Dora Rivière) qui avaient tenu à rester avec elles : elles ramenèrent en France sept sur douze de leurs malades et entourèrent de leurs soins la fin des cinq autres… Hélène Roederer mourut le 10 mai 1945 dans les bras de Marie-Claude Vaillant-Couturier.

Prolongeant la rue Marc Sangnier, la rue perpendiculaire à la rue Jean Longuet, à Châtenay-Malabry, où la famille habitait, porte son nom depuis 1947. Chaque année, le 10 mai, l’Université Jean Moulin-Lyon3 commémore son souvenir ; son nom a été donné à la Bibliothèque de la Faculté des Lettres. En 1995, à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort, de la victoire sur le nazisme et de la libération des camps de la mort, les Centres de recherche en Histoire religieuse ont organisé une Journée d’étude rassemblant des témoins et des historiens. Son acte de décès porte la mention de « Mort pour la France » attribuée par arrêté ministériel du 15 juin 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article170985, notice ROEDERER Hélène par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 février 2015, dernière modification le 15 juin 2020.

Par Alain Dalançon

Hélène Roederer
Hélène Roederer
coll. familiale

SOURCES : Jean-Dominique Durand, « Journée d’étude "Autour d’Hélène Roederer. Aspects de la résistance étudiante à Lyon" », Chrétiens et sociétés, 2/1995, p.109-110. — Bernard Comte, « Hélène Roederer et la Résistance étudiante à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 1996. — Renseignements et photo fournis pas sa sœur.

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