BOLZE André, Jules

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 17 février 1896 à Saint-Mandé (Seine, Val-de-Marne), mort le 19 mars 1986 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; employé de banque, journaliste ; militant communiste ; résistant déporté ; conseiller municipal, maire adjoint de Maisons-Alfort (Seine, Val-de-Marne), conseiller général de la Seine.

André Bolze.
André Bolze.

Fils d’un plombier couvreur et d’une ménagère, André Bolze fréquenta l’école communale du XIIe arrondissement de Paris et commença à travailler en 1909 à treize ans. Il fut mobilisé avec sa classe en 1916 et incorporé au 168e régiment d’infanterie le 11 août et envoyé sur le front de Verdun. Libéré le 23 septembre 1919, il revint décoré de la croix de guerre. Le 5 avril précédent, il s’était marié avec Angèle Guesnerie (voir Angèle Bolze) née le 7 juin 1895 à Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis) ; un fils, René, naquit de cette union le 5 avril 1921 à Paris (XIe arr.). Son épouse, fille d’un cheminot du réseau Est et d’une ouvrière d’usine à Pantin, conditionneuse en pharmacie à Paris, adhéra au Parti communiste (PC) en 1927.

En 1920, les sympathies d’André Bolze allaient plutôt au mouvement syndicaliste révolutionnaire mais, en janvier 1923, il adhéra au Parti communiste dans le IXe arrondissement de Paris, présenté par Pierre Mercier. Vers 1925, il s’installa à Villeparisis (Seine-et-Marne) où il avait fait construire une maison avenue des Fauvettes ; il était alors employé à la Compagnie « L’Océan Indien » à Paris.

L’action militante d’André Bolze s’accentua en 1926-1927. En juin 1926, il avait été élu au comité régional de la région parisienne lors de la première conférence de cette région (Arch. Nat. F7/13103). Membre du Secours rouge international (SRI) et du syndicat unitaire des employés de banque et de bourse (« je suis un des créateurs » écrit-il en 1932), il était également, en 1927, secrétaire de la 9e section de la Fédération parisienne de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) puis, au cours de cette même année, il fut désigné pour remplir les fonctions de secrétaire du 3e rayon de Seine-et-Marne du PC. Pour avoir dirigé en 1926 une manifestation de « 800 travailleurs » en gare de Meaux (Seine-et-Marne), il fut condamné à un mois de prison avec sursis par le Tribunal de Meaux.

En 1928, à la suite d’un différend professionnel, André Bolze fut licencié de son emploi à la banque L’Océan Indien. Cette même année, il fut candidat aux élections législatives dans la 2e circonscription de Meaux et obtint 634 voix sur 11 071 votants. En 1932, dans la même circonscription, il obtiendra 858 voix sur 11 599 votants au premier tour et 434 voix sur 11 545 votants au second tour. Il fut tête de liste aux élections municipales de mai 1932 à Villeparisis.

En janvier 1929, André Bolze était devenu gérant du journal Le Réveil de Seine-et-Marne, hebdomadaire communiste d’informations locales ; en septembre de cette même année, il entra à la Banque ouvrière et paysanne et fut rédacteur à l’Humanité, rubrique « information ». Dans ce journal, pendant l’année 1929, il fit front avec Paul Jany et Courtois, pour la défense d’Henri Barbé (RGASPI, 495 270 6530, dossier Jany).

En 1932, il était secrétaire de la commission de propagande de la Fédération des comités de défense des mal-lotis.

André Bolze alla habiter en 1933, 10 bis, rue de la Ferme (devenue rue Gabriel Péri après la Seconde Guerre mondiale) à Maisons-Alfort.

A propos de la situation en février 1934, il écrit dans un questionnaire de 1945 : « En 1934, après le 6 février , j’avais regretté que le parti ne soit pas allé plus avant dans les propositions de front unique aux ouvriers socialistes. Je considérais que les conditions formulées par nous étaient encore trop dures. J’avais développé ma pensée au bureau régional au comité régional et à la conférence régionale de Bagnolet. J’avais été accusé d’avoir une politique doriotiste par Soupé. J’avais été relevé du CR, sanctions qui fut levée à la conférence suivante. » En 1935, il était secrétaire de la fédération des mal-lotis.

Élu conseiller municipal de Maisons-Alfort le 12 mai 1935, il fut désigné comme premier adjoint au maire Albert Vassart. André Bolze était en fait le principal dirigeant communiste local en raison des nombreuses responsabilités nationales du maire. Il présida le Comité d’unité d’action antifasciste à partir du 5 juillet 1935 et assura le secrétariat du Comité de coordination socialiste et communiste en 1936. Il fut également désigné comme délégué sénatorial en 1935 et avril 1938. Le premier adjoint assista à la séance du conseil municipal du 24 septembre 1939, au cours de laquelle fut adoptée la « Déclaration » affirmant que les conseillers rempliraient leur mandat « en dehors de tout esprit partisan, et dans le cadre des lois républicaines ». La préfecture de la Seine suspendit la municipalité en octobre 1939 et déchut de leur mandat, le 16 mars 1940, vingt et un conseillers sur trente, dont André Bolze. Il refusa de suivre Albert Vassart dans sa rupture avec le Parti communiste.

Mobilisé en 1940 dans une unité de chars à Versailles, il fut affecté peu après, comme ouvrier dans une usine d’armement de la même localité. Il était présent à Maisons-Alfort, car dans un questionnaire de 1945, il décrit avec précision la situation politique dans la ville après la rupture de Marcel Capron et de départ d’Albert Vassart. Il se plaint de son chef, Lucien. « pas trop bon souvenir. D’un caractère autoritaire et sectaire, il est terriblement en avance sur les évènements et l’état d’esprit des masses ; on aurait cru à l’entendre que la prise du pouvoir allait se produire au cours de l’hiver, nous étions en 1940. » Il dit que beaucoup de risques ont été pris et que les militants se sont fait "cueillir" dans leur lit le 5 octobre 1940.

Lui-même , fit l’objet d’une mesure d’internement au centre d’Aincourt (Val d’Oise), un rapport de police l’accusait d’être le principal animateur de la propagande communiste à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis) (PPo. 101). Transféré successivement à la maison centrale de Clairvaux (Aube) puis, le 20 janvier 1941, au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), enfin le 14 mai, au camp de Voves (Eure-et-Loir), il s’évada le 9 janvier 1943.

Il fut arrêté à nouveau le 8 octobre 1943, en possession de faux papiers au nom de Cordier. Sous ce nom, il était locataire d’un logement à Paris et d’un pavillon à Arcueil (Seine, Val-de-Marne). À ses deux domiciles, la police trouva la preuve qu’il travaillait pour l’appareil clandestin du PCF. Il reconnu être permanent du parti et avoir été chargé de l’achat d’objets mobiliers destinés aux militants réfugiés dans l’illégalité : «  Il a été saisi une certaine quantité de meubles et ustensiles de ménages entreposés par Bolze à son domicile illégal de Paris, ainsi qu’une somme de 80 000 F appartenant au Parti et destinée à l’achat de meubles. » (rapport de la police, dossier des RG, Arch. PPo.). Il fut condamné le 10 mars 1944 à deux ans de prison et 1 200 F d’amende. Écroué à la Santé puis à Blois (Loir-et-Cher), il fut ensuite dirigé sur Compiègne (Oise) en mai pour être déporté en Allemagne au camp de Neuengamme. Il fut libéré par les troupes alliées et, par la suite, pensionné à 100 % pour maladie contractée au cours de ses internements.

André Bolze n’était pas encore rapatrié lorsque le Comité local de Libération et la préfecture le nommèrent à la délégation spéciale municipale en novembre 1944. En avril 1945, André Bolze fut élu conseiller municipal de Maisons-Alfort et adjoint au maire, mais c’est sa femme, Angèle Bolze, manutentionnaire, qui siégea à sa place en 1945. Réélu en 1947 et 1953, il échoua en 1959. En septembre 1945, il fut élu conseiller général de la Seine puis réélu en mai 1953 mais il échoua en 1959. Il fut candidat aux élections législatives en 1946, 1951, 1956 (suppléant d’Alfred Joinville) et 1962 (suppléant de Roland Foucard). Jusqu’en 1964, il resta rédacteur en chef du Réveil, hebdomadaire d’informations locales de la banlieue sud.

Membre du bureau fédéral communiste en 1950, il siégeait à la commission de contrôle financier de la Fédération de la Seine.

Président de la section des déportés et internés de Maison-Alfort en 1953, il était chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de nombreuses médailles (Croix de guerre avec palmes 1939-1945, Médaille de la Résistance, Médaille des évadés [1949], Médaille des déportés).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17113, notice BOLZE André, Jules par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

André Bolze.
André Bolze.

SOURCES : RGASPI, 495 270 4958, dossier personnel d’André Bolze, autobiographie du 3 février 1932. — Arch. comité national du PCF. — Arch. Paris, DM3 et Versement 10451/76/1. — Arch. Dép. Seine-et-Marne, série M (élections) et 10 M — Arch. PPo. 101 et Ba/171 ; dossiers de Renseignements généraux. — Arch. com. Maisons-Alfort. — Arch. Section socialiste Maisons-Alfort. — Arch. Fédération communiste du Val-de-Marne. — Le Réveil de Seine-et-Marne, 21 novembre 1927. — Le Travail de Seine-et-Marne, 1925-1927 (passim). — Arch. Jean Maitron. — Philippe Nivet, Les assemblées parisiennes de 1935 à 1953, IHTP, 1995.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 143 cliché du 13 octobre 1943.

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