SOTURA Pierre [SOTURA Théodore, Pierre]

Par Paul Boulland, Guillaume Roubaud-Quashie

Né le 18 juillet 1930 à Saint-Maurice (Seine, Val-de-Marne) ; ébéniste puis métallurgiste ; membre du secrétariat (1962-1973) puis secrétaire (1973-1982) de la fédération PCF Seine-Ouest puis Hauts-de-Seine, membre du comité central du PCF (1970-1996), trésorier national du PCF (1982-1996) ; maire de L’Île-Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) de 1965 à 1971, conseiller général des Hauts-de-Seine (1973-2004).

Fils de Célédonio Sotura, coiffeur, et de Julia Boucharel, commerçante (sans profession sur l’acte de naissance), Pierre Sotura avait une sœur, qui devint dactylo et milita à l’Union des jeunes filles de France, ainsi que deux frères, dont l’un fut ébéniste puis ajusteur et adhéra au Parti communiste. Pierre Sotura passa son enfance à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Titulaire du Certificat d’études primaires, il devint ébéniste et se syndiqua en 1945 à la CGT, au sein de la Fédération du bâtiment et du bois. En 1948, il travaillait à la Maison Beligant, 54 rue de Charonne (XIe arr.), une petite entreprise peu propice au développement d’une activité syndicale. Il était déjà membre des Jeunesses communistes depuis août 1944 et adhéra au PCF en janvier 1947. Il suivit une école élémentaire du PCF en novembre 1947 et une école fédérale en avril 1948, mais, dans cette période, il militait essentiellement à l’UJRF.

Ayant perdu son travail, Pierre Sotura fut embauché comme OS machine à l’usine Hispano-Suiza de Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Il intégra alors la commission éducation de la section communiste d’Hispano puis fut membre du comité de section en 1949-1950. Il effectua son service militaire en 1952 en Allemagne, comme maître ouvrier dans le Génie. Après son retour, il se distingua dès 1953 pour son rôle dans la constitution et la direction d’un groupe UJRF d’une soixantaine de membres au sein de l’usine Hispano. Fort de son journal Printemps 54. La voix des jeunes, le cercle participa à l’élaboration de cahiers de revendications pour les jeunes ouvriers, mena campagne pour la « quille à 15 mois », organisa la souscription pour envoyer des colis aux conscrits de l’usine, des ventes de masse de l’Avant-Garde, appela aux grèves et manifestations… Lors de la décentralisation de la fédération de la Seine, en décembre 1953, son nom fut avancé pour intégrer le nouveau comité fédéral de Seine-Ouest, mais il ne fut pas élu. À cette même époque, il retrouva du travail dans son métier d’origine mais, à la demande du parti, il accepta de rester à l’usine, en suivant « des cours à l’école de FPA pour devenir un ouvrier qualifié dans la métallurgie et obtenir en particulier chez Hispano l’autorité professionnelle que donne la qualification. » Il intégra alors le bureau de la section PCF de l’entreprise.

Pierre Sotura s’était marié le 2 août 1952 à Millau (Aveyron) avec Jeanne Galy, fille d’un cheminot communiste, elle-même membre du PCF et travaillant alors comme dactylo à l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC). Déjà membre bénévole du comité de rédaction de l’Avant-Garde, il fut sollicité pour participer à une école de formation du PCF, dans la perspective de devenir rédacteur permanent au sein du journal de l’UJRF. Pierre Sotura hésita à accepter car le salaire de permanent, beaucoup moins élevé que celui d’ouvrier chez Hispano, permettait difficilement de faire vivre sa famille, alors que sa femme devait quitter son emploi à l’ARAC. Il accepta finalement un poste de rédacteur et effectua en juin 1955 un passage remarqué par l’école centrale d’un mois du PCF : « très intelligent, à l’esprit vif et clair [..] Présente de grandes possibilités de développement ». Il intégra le comité fédéral PCF de Seine-Ouest en 1955, mais dès cette époque, les dirigeants de l’UJRF redoutaient de perdre l’un de leurs cadres au profit du parti. Il ne fut donc pas reconduit l’année suivante, se consacrant à ses responsabilités dans l’organisation de jeunesse. Membre du comité national de l’Union des jeunesses communistes, qui succéda à l’UJRF en 1956, il y fut reconduit au congrès suivant, en 1959. Il participa à une délégation des Jeunesses communistes en Pologne, en 1956, et au Festival mondial de la jeunesse de Moscou, en 1957. C’est sans doute au sein de l’Avant-Garde que son rôle national fut le plus déterminant. Dès 1956, il écrivit dans près d’un numéro sur trois, avant de devenir l’un des principaux rédacteurs de l’hebdomadaire, aux côtés de Paul Gillet et Claude Lecomte, avec sa rubrique hebdomadaire (« Le téléscripteur »). À partir de février 1959, la participation de Pierre Sotura au journal recula : sa rubrique passa dans d’autres mains ; ses articles se firent plus rares et s’orientèrent vers les thématiques sportives, jusqu’au mois d’octobre 1960, date à laquelle cessa sa collaboration avec le journal juvénile.

En 1959-1960, Pierre Sotura retourna à la production comme fraiseur chez Mécachrome, à Colombes. Résidant alors à l’Ile-Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), il y fut élu conseiller municipal en 1959 et devint adjoint au maire communiste Arnold Géraux. Dès 1961, il fut de nouveau élu au comité fédéral PCF de Seine-Ouest. Il était alors rédacteur en chef du journal la Voix du Peuple et responsable de la presse d’entreprise de la fédération. L’année suivante, il intégra le secrétariat de la fédération communiste, au sein d’une équipe de direction rajeunie par les arrivées de Dominique Frelaut et de Parfait Jans, sous l’autorité de Lucien Lanternier, premier secrétaire. Pierre Sotura fut chargé de l’organisation.

En 1965, après le décès d’Arnold Géraux, Pierre Sotura fut élu maire de L’Île-Saint-Denis. Avec la création des nouveaux départements de banlieue parisienne, il se trouvait dans la situation paradoxale d’être élu en Seine-Saint-Denis tout en étant l’un des principaux dirigeants de la fédération des Hauts-de-Seine. Après quelques années, priorité fut donnée à ses responsabilités dans le parti : en 1971, il devint « secrétaire adjoint » de la fédération des Hauts-de-Seine et céda son siège de maire à Josiane Andros. Puis, en 1973, lorsque Lucien Lanternier succéda à Waldeck L’Huillier à la mairie de Gennevilliers, Pierre Sotura accéda aux fonctions de premier secrétaire fédéral. La même année, il devint conseiller général des Hauts-de-Seine, élu dans le canton de Colombes Nord-Ouest. Il conserva ce mandat jusqu’en 2004, date à laquelle il ne se représenta pas.

Pierre Sotura fut élu au comité central du PCF à l’occasion du XIXe congrès (Nanterre, février 1970). Bien qu’intégré avec le statut de suppléant, reconduit au congrès suivant, il intervint très régulièrement dans les débats du comité central, présidant certaines séances dès 1971. Il devint membre titulaire à l’issue du XXIe congrès (Vitry-sur-Seine, octobre 1974). Lors de la conférence nationale du 19 juin 1982, à Arcueil, il fut désigné trésorier du PCF, en remplacement de Georges Gosnat, décédé quelques semaines plus tôt. Il laissa alors la direction de la fédération Seine-Ouest à Michel Duffour. Durant près de quinze ans, Pierre Sotura assura la trésorerie du PCF, fonction à la fois stratégique et discrète, mais de plus en plus exposée après l’introduction des premières lois sur le financement des partis politiques, à partir de 1988. En 1996, une procédure judiciaire fut ainsi engagée contre les dirigeants du PCF et de la Fête de l’Humanité. Pierre Sotura quitta ses responsabilités de trésorier national et ne fut pas reconduit au comité central lors du XXIXe congrès (La Défense, décembre 1996). Il fut relaxé en novembre 2001, avec l’ensemble des dirigeants communistes.

Le fils aîné de Pierre Sotura, Jean-Pierre Sotura, né en 1953, ingénieur EDF, fut membre du bureau de la Fédération CGT de l’Énergie, secrétaire général de l’UFICT Mines-Énergie puis directeur de cabinet de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173281, notice SOTURA Pierre [SOTURA Théodore, Pierre] par Paul Boulland, Guillaume Roubaud-Quashie, version mise en ligne le 26 mai 2015, dernière modification le 15 août 2023.

Par Paul Boulland, Guillaume Roubaud-Quashie

SOURCES : Arch. comité national du PCF. – l’Avant-Garde. – L’Humanité. – Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat d’histoire, Université Paris 1, 2011. – État civil.

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