GONZALEZ ARTIGAS Santiago. GUSTAVO dans la résístance

Par Jean-Claude Malé

Né le 31 décembre 1894 à Letux province de Saragosse (Espagne), mort à Idron (Pyrénées-Atlantiques) en janvier 1976 ; ouvrier agricole, métayer, maçon ; anarchiste puis communiste ; officier en Espagne républicaine ; résistant.

L’épopée de la famille Gonzalez romancée par le fils de Gonzalez Jacques

Fils de Georges Gonzalez et Tomassa Artigas, journaliers agricoles, Santiago Gonzalez se maria en 1925 à Paris (XVIIIe arr.). Le couple eut trois enfants : une fille et deux garçons.Son épouse Iluminada Dominguez, née le 23.03.1907 à Sama De Langreo (Asturies) Espagne, décédée en mars 1993 à Idron, était ouvrière. Elle partagea la vie militante de son mari et, notamment, tous les risques dans la résístance.

Journalier agricole anarchiste depuis 1913, il fit trois ans de service militaire. Avec son frère, en 1916, ils mirent le drapeau anarchiste sur le clocher de l’église de son village. Il fut arrêté et emprisonné à Saragosse. Il s’engagea "volontairement" dans le Tercio (Légion étrangère) pendant la guerre du Rif, mais déserteur, errant dans les montagnes pour passer en zone française, risquant autant des Rifains que des Espagnols, l’armée française le découvrit et envisagea de le fusiller comme déserteur. Il traîna quelque temps dans les prisons.militaires françaises puis les militaires l’abandonnèrent dans la zone internationale du port de Marseille. Sans papiers, sans argent, vêtu de loques, pas rasé depuis des mois, il se retrouva clochard. Il demanda l’asile politique en 1924 et vécut à Paris et Saint-Ouen, travaillant comme maçon dans le métro pour l’entreprise Desplat et Lefèvre.

À Saint-Ouen, il rencontra des compatriotes, notamment Casimir Domingez Velasquez (qui mourut en déportation), militant communiste, dont il épousa la fille. Influencé par son futur beau-père, il adhéra au Parti communiste français et entra en contact avec Jacques Duclos* qui s’occupait de l’émigration et de l’Espagne. Un fils, Jacques, naquit le 26 novembre 1930 à Paris IXe arr. Il se fera écrivain pour raconter l’épopée de sa famille.

Suite aux manifestations de février 1934, la police l’arrêta, l’administration préfectorale le déclara expulsable en Espagne où il risquait la mort comme déserteur. Il réussit à s’évader d’un commissariat et resta caché à la mairie de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) où il travailla comme manœuvre.

En août 1936, il partit pour Irun (Espagne) où il frejoignit la milice basque, division Karl Max. Caporal, sergent, lieutenant et major, commandant de la base d’instruction du XVIIIe corps d’armée de l’est, avec cette unité, il vécut la Retirada fin 1939, puis passa par les camps de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) et de Septfonds (Tarn-et-Graonne). En raison de son grade et de sa connaissance du français, il représenta ses camarades auprès de l’administration de ces camps.

Sa femme et ses trois enfants l’avaient rejoint à Gérone en décembre 1938. Ils vécurent l’exode des familles républicaines dans les Pyrénées enneigées. Le 4 février 1939, dans la cohue, ils perdirent leurs bagages et papiers d’identité. Ils furent internés dans divers camps : Argelès-sur-Mer, Angoulême, puis assignés à résidence dans un refuge à Montauban. Iluminada Gonzalez y réunit la famille jusqu’au départ à Ambax (Haute-Garonne).

En 1940, avec son frère, Santiago Gonzales devint métayer près de Toulouse , à Ambax. Ce lieu reculé s’affirma comme l’une des bases de la résistance espagnole en France. Dans les fermes Martrès et Lagestère et le château d’Ambax, ils hébergèrent d’anciens officiers républicains évadés des compagnies de travail et des camps. En 1942, ils organisèrent un noyau de résistance, les fermes et leurs environs, près du Gers voisin, servirent de lieux de réunion, de passage, de cache d’armes, d’essence et d’argent destinés aux guérilleros espagnols. Leurs unités étaient progressivement regroupées près de la frontière espagnole. Ces résistants dépendaient des FTP MOI mais étaient largement autonomes.
Fin juillet début août 1944, la ferme de Martres chez le commandant Santiago Gonzalez devint le siège de l’état major des guérilleros de la R4 qui participèrent à la libération de Toulouse et de sa région.

En février 1944, Santiago Gonzalez fut appelé à l’état major des guérilleros de la R4. Il effectua de nombreux déplacements à Toulouse, Nîmes, Marseille et Lyon.
Agent de liaison, il était en contact avec plusieurs réseaux et travaillait également avec un réseau féminin. Les guérilleros ayant largement contribué á la libération de Toulouse, ils installèrent leur état major hôtel des Arcades place du Capitole. Gonzalez fut responsable du fonctionnement du quartier général.

Après la libération du sud-ouest en septembre 1944, envoyé par l’état major à Pau, il devint le commandant de ”l’Agrupation des guérilleros espagnols” cantonnée à Pau (Basses-Pyrénées) au domaine de Sers et à Salies de Béran (voir Lucien Blasco), spécialisés dans la formation de petits groupes d’élite dont certains franchirent les Pyrénées pour diverses actions. Le but était de préparer, avec les Alliés, la libération de l’Espagne. La tentative du Val d’Aran ayant échoué, le lâchage de la France eut pour conséquence la dissolution de ces groupes en fin 1944 et les premiers mois de l’année 1945.

Santiago Gonzalez travailla comme maçon dans la région de Pau jusqu’à la retraite. Après la Libération, il participa à la vie clandestine du Parti communiste espagnol. Du fait de son âge et de son passé, particulièrement surveillé, il ne joua plus un rôle de premier plan et resta à la disposition du PCE pour d’autres fonctions et resta en rapport avec Julian Grimau.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178344, notice GONZALEZ ARTIGAS Santiago. GUSTAVO dans la résístance par Jean-Claude Malé, version mise en ligne le 7 février 2016, dernière modification le 11 octobre 2021.

Par Jean-Claude Malé

L’épopée de la famille Gonzalez romancée par le fils de Gonzalez Jacques

SOURCES : Recueil pour IHS CGT 64 par Jean-Claire Malé auprès du fils Jacques Gonzalez en 2006 (récit par J. Gonzalez sous forme de roman La Tour de Lagestère, édition Atlantica, juillet 2002).

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