PAULUS Florent.

Par José Gotovitch

Seraing (pr. et arr. Liège), 12 mai 1878 – assassiné par l’occupant allemand en juin 1942. Ouvrier mineur, militant syndical, conseiller communal socialiste de Seraing, ensuite conseiller communal communiste à Jemeppe-sur-Meuse (aujourd’hui commune de Seraing), conseiller provincial communiste de Liège, responsable clandestin du Parti communiste.

Mineur, Florent Paulus se distingue très rapidement comme militant. Affilié au Syndicat des traineurs à Seraing, il participe en 1907 à la fusion des métallurgiste et des mineurs dans l’Union des métiers. Membre de la Jeune garde socialiste (JGS) depuis 1906,, il est élu conseiller communal représentant le Parti ouvrier belge (POB) à Seraing en 1911 et siège à partir de 1912. En 1915, il condamné à un mois de prison pour « entrave à la liberté du travail », ce qui laisse supposer une éventuelle action de grève.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Florent Paulus est à Binche (pr. Hainaut, arr. Thuin) où il rallie en 1921 les Amis de l’Exploité et participe à la création du Parti communiste (PC). Il y mène principalement une action syndicale. Il adhère aux Chevaliers du travail, est membre de sa direction nationale et en préside le Congrès de 1928. Il joue ensuite un rôle dirigeant au secrétariat de la Centrale Révolutionnaire des mineurs jusqu’à sa dissolution en 1937.

En 1924, Florent Paulus est l’un des très rares militants belges désignés pour suivre les cours de l’école des cadres organisée par le Parti communiste français (PCF) à Bobigny (département de la Seine-Saint-Denis, France). En 1926, il est élu conseiller communal à Jemeppe-sur-Meuse où il s’est fixé et le demeurera jusqu’en 1940. Il participe à plusieurs sessions du Comité central du parti. En 1929, il est sénateur suppléant de Liège. En 1937, il intègre le conseil provincial de Liège en remplacement d’un élu communiste, exclu du parti.

Pensionné, Florent Paulus demeure un militant local très actif. Son nom figure sur les listes de communistes transmises par le bourgmestre Joseph Bologne à l’occupant allemand et, de fait, il échappe à l’arrestation qui le vise le 22 juin 1941. Il vit désormais dans l’illégalité. Cadre de la Fédération clandestine de Liège, il demeure cependant dans sa région. Il assume notamment le développement de l’activité très intense d’une cellule clandestine créée au sein des Ateliers Pieper, mais aussi des sections de Jemeppe, Tilleur, Ougrée…
Son activité n’est pas étrangère aux grèves déclenchées en septembre-octobre 1941 à Cockerill et chez les mineurs de la région de Jemeppe et de Flémalle. Mais aussi, ses liens directs avec les militants travaillant chez Pieper et à la Fabrique nationale (FN) d’Herstal vont lui permettre de contribuer à l’armement des premiers groupes de partisans qui se forment alors.

Un indicateur est manifestement infiltré dans l’organisation et Florent Paulus est arrêté le 22 juin 1942. Les conditions de son décès ne sont pas formellement établies, mais des codétenus l’ont aperçu profondément meurtri. Il décède le même mois et son corps sera retrouvé à Bourg-Léopold (Leopoldsburg, pr. Limbourg, arr. Hasselt) , ce qui pourrait signifier aussi bien qu’il serait mort sous la torture ou qu’il ait été fusillé.

Marié en 1901 avec Marie-Josèphe Graindorge dont il a deux enfants, Florent Paulus vit depuis 1936 avec Palmyre Lamarche (née en 1885), sans profession, qui assure partiellement son ravitaillement pendant la période clandestine. Elle n’obtient cependant la reconnaissance d’ayant droit qu’après avoir dû faire appel et prouver, par force d’attestations de témoins résistants mais aussi d’anciens employés communaux, que, devenu veuf en mars 1941, l’intention de Florent Paulus était bien d’épouser sa compagne et qu’il avait engagé les démarches à cet effet. L’on touche ici à la situation douloureuse, fréquente sous l’Occupation, de couples résistants n’ayant pu assurer le plus souvent à la compagne survivante, les droits que conférait la loi aux épouses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181421, notice PAULUS Florent. par José Gotovitch, version mise en ligne le 6 juin 2016, dernière modification le 14 janvier 2020.

Par José Gotovitch

SOURCES : RGASPI, 495-193-328 - CArCoB, Dossier CCP – Archives générales du Royaume, Fonds SPF Sécurité sociale, Direction générale Victimes de la guerre, Dossiers SDR et Prisonnier politique – RIKIR M., Répertoire des notices biographiques et/ou nécrologiques parues dans Le Drapeau Rouge (1921-1936), Liège, IPEPS, 2000.

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