BRUNEAU Victor

Par Jean-Luc Labbé

Ouvrier du bâtiment (couvreur), syndicaliste CGT et socialiste à Châteauroux (Indre) de 1895 à 1900.

Domicilié 42 rue de Fonds, et possiblement marié à Couteau Euphrasie, Victor Bruneau fut l’un des fondateurs et le premier président du syndicat des ouvriers en bâtiment de Châteauroux, syndicat créé le 17 février 1895. La création du syndicat précédait de quelques semaines une grève des différents corps de métiers (charpentiers, peintres, plâtriers, couvreurs et maçons). Du 15 ou 26 mars 1895, la grève fut quasi générale et déboucha sur une augmentation des salaires et une diminution du temps de travail journalier (de 12 heures à 11 heures).
Victor Bruneau raconta cet épisode en 1899 au moment où il quitta la direction du syndicat : « l’union syndicale des ouvriers en bâtiment s’est constituée en février 1895 pour répondre aux exigences du syndicat des entrepreneurs qui depuis 1886, époque de sa formation, avait réduit le salaire dans les proportions suivantes : les maçons de 4 francs et 12 h de travail [par jour] ont été réduits à 2,5 F., les charpentiers de 4 F. à 2,75, les couvreurs, zingueurs, plâtriers, tailleurs de pierre de 4,5 F. à 3,5 F., les terrassiers de 3 F. à 1,5fr. Ce qui d’après le chômage forcé que nous subissons par la pluie, la neige, la gelée, faisait une moyenne de 1,2 à 1,6 F. par jour. Les ouvriers réduits à la dernière extrémité ont décidé de se grouper, leur premier acte fut la grève de 1895. Le résultat fut le suivant : les maçons 0,35 F. de l’heure [d’augmentation] et 11 h de travail, les charpentiers-couvreurs-zingueurs 0,40 F. et 11 h, les plâtriers et tailleurs de pierre 0,45 F. ».
Dernier acquis de cette grève de 1895, les ouvriers en déplacement sur des chantiers en dehors de la ville de Châteauroux gagnèrent également 1 Franc de prime journalière. Victor Bruneau contribua, en 1896, à la création d’une caisse de secours pour aider les ouvriers syndiqués lorsqu’ils ne pouvaient travailler pour des raisons de santé.
Parallèlement, à l’initiative du Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire, se créa en 1895 l’Union fédérale des syndicats de l’Indre, première et éphémère union départementale au sein de laquelle le syndicat des métallurgistes et le syndicat du bâtiment de Châteauroux jouèrent un rôle moteur. Victor Bruneau y assuma la responsabilité de trésorier ; Henri Boulpiquante en était le secrétaire.
Le 7 février 1897, le journal Le Progrès de l’Indre rendit compte de la participation de Bruneau au congrès socialiste du Mans au nom du mandat « que lui avait confié les syndicats du bâtiment, des métallurgistes, des tabacs et du groupe d’études sociales qu’il a représentés au congrès socialiste du Mans. Puis par un vote à bulletin secret Bruneau est élu président du groupe d’études sociales par 190 voix sur 200 votants ».
Candidat socialiste (non élu) sur la liste d’Edmond Augras aux élections municipales de Châteauroux en mai 1896 contre le maire radical, il fut également candidat lors d’une élection municipale partielle en novembre 1897.
Victor Bruneau fut président du syndicat du bâtiment de la création en 1895 (180 membres) jusqu’en 1900 (150 membres). En 1903, il était conseiller prud’homal depuis une dizaine d’années et participa à la réunion nationale des conseillers prud’homaux à Bourges. Le syndicat du bâtiment de Châteauroux adhéra à la CGT vraisemblablement à partir de 1896.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190459, notice BRUNEAU Victor par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 14 mars 2017, dernière modification le 29 mars 2022.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre, M 6600. - Le Progrès de l’Indre (journal socialiste de 1895 à 1897). – Bulletin officiel de la Bourse du Travail de Châteauroux.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable