RUCART Rywka (Gilberte, Régine) née RADZINSKA

Par Daniel Grason

Née le 2 février 1921 à Kosice (Pologne), morte le 24 juin 2006 à Paris (XIIIe arr.) ; internée au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) ; résistante.

Fille d’Israël et de Rach née Szajndla, Rywka Radzinska obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Elle épousa Gilbert Rucart, assistant adjoint à la faculté de médecine de Paris, fils de Marc Rucart, ex-ministre, Garde des Sceaux du gouvernement de Front populaire, ex. député radical-socialiste.
Rywka Rucart vécut jusqu’au 11mars 1943 au 8 rue Auguste-Dasprat au Perreux-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne). Des inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent le 27 mars vers 20 heures alors qu’elle entrait au domicile de sa mère 39 rue du Général-Donzelot à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis).
Son domicile du Perreux a été perquisitionné, un carnet et des papiers annotés ont été saisis. Au domicile de sa mère les policiers saisissaient : une fausse carte d’identité avec sa photographie au nom de Rocarty, née Cordier portant le timbre humide de la mairie de Saint-Pierre-de-Fursac (Creuse), une carte d’identité d’étranger à son nom valable jusqu’au 25 mai 1943, une au nom de Radzynski Szajndla et une autre de Radzinski Maurice, quatre bulletins de naissance des quatre frères Radzinski, Maurice, Adolphe, Marcel et Jean, et deux clefs. Son enfant a été confiée par les policiers aux soins de sa grand-mère.
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle a été interrogée. Lors de la perquisition du domicile d’Henri Krasucki, les biographies de ses frères Samuel et Maurice Radzinski étaient saisies, son nom était porté en tant qu’ancienne militante des Jeunesses communistes du XIe arrondissement.
Elle affirma n’avoir jamais milité aux Jeunesses communistes et ne rien connaître de l’activité de ses frères. Elle déclara : « Je n’ai pas vu mon frère Samuel depuis plus d’un mois. J’ai téléphoné à plusieurs reprises, mais sans résultat à son lieu de travail 99 rue Oberkampf. Je suis même allée l’attendre à la sortie de son atelier mais je ne l’ai jamais vu. »
Rywka Rucart a été frappée lors de son interrogatoire. Elle reconnut avoir falsifié sa carte d’identité délivrée en septembre 1941par la mairie de Saint-Pierre-de-Fursac, d’avoir modifié son patronyme Rucart en Rocarty « Craignant d’être inquiétée en tant qu’israélite, cette carte ne portant pas le cachet « juif », j’avais décidé de me faire faire une fausse carte d’identité. » Elle se serait adressée à des hommes rencontrés dans un café qui se chargèrent du travail, elle paya 1200 francs.
Les policiers lui firent remarquer que lors de son interpellation elle ne portait pas l’étoile jaune. Le gouvernement de Vichy avait promulgué le 3 octobre 1940, un statut des juifs qu’il aggrava le 2 juin 1941. Une ordonnance allemande du 29 mai 1942 était rendue publique le 1er juin, à compter du dimanche 7 juin 1942 le port de l’étoile jaune était rendue obligatoire.
Sommée de s’expliquer, elle répondit qu’étant à l’intérieur du domicile de sa mère, elle avait l’étoile jaune dans sa poche. Elle précisa « lorsque je sortais, je l’attachais à l’aide d’épingles. »
Rywka Rucart a été auditionnée le 1er décembre 1944 par la commission d’épuration de la police. Elle déclara : « Je me trouvais avec mon bébé de quelques mois sans nourriture et les inspecteurs ont bu le lait de l’enfant en ma présence. Il ne m’était même pas permis d’aller dans la cuisine pour y faire la nourriture de l’enfant. »
L’inspecteur B… l’accompagna chez un résistant déjà repéré. « Pendant le parcours, alors que j’avais le bébé sur les bras, B… m’a frappé d’un coup de poing, me cassant une côte du côté gauche parce que je n’avançais pas assez vite. »
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales, les policiers apprenaient qu’elle était l’épouse du fils de l’ancien ministre Gilbert Rucart. « En apprenant qui j’étais, on a eu des égards et je n’ai pas été frappée. » Elle rencontra son frère Samuel « dans un état lamentable, complètement défiguré. » Elle parla avec lui pendant une dizaine de minutes : « Il m’a dit qu’il avait été piqué sur tout le corps, et crachait le sang à la suite de coups de poings reçus dans l’estomac. Il m’a précisé que c’était le commissaire de Puteaux Lucien Bizoire et l’inspecteur Pierre B… qui l’avait ainsi torturé. » Une somme de 13 000 francs a été volée à son domicile, elle en réclama en vain la restitution.
Rywka Rucart a été internée au camp de Drancy réservé aux Juifs, elle devait être déportée dans le convoi n° 60 à destination d’Auschwitz le 7 octobre 1943. Elle fut maintenue en internement à Drancy, elle déposa cinq francs le 10 octobre 1943 à l’administration du camp (reçu n° 1793). Elle a été libérée le 19 août 1944 lors des mouvements insurrectionnels de Paris et de la banlieue. Elle a été homologuée Internée résistante au titre de la Résistance intérieure française (RIF) sous le patronyme Radzinska épouse Rucart Gilberte, Régine.
Gilberte Rucart mourut le 24 juin 2006 à Paris (XIIIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202823, notice RUCART Rywka (Gilberte, Régine) née RADZINSKA par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 mai 2018, dernière modification le 6 novembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 125, 77W 3112, PCF carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 5 avril 1943. – Bureau Résistance GR 16 P 497180. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC. – Site internet Match ID.

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