CONRAIRIE Gilbert

Par Daniel Grason

Né le 2 avril 1910 à Paris XIVe arr. (Seine) ; mort en déportation à Auschwitz avant la mi-mars 1943 ; démonstrateur d’industrie, ajusteur ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; déporté.

Gilbert Conrairie habitait 4, rue Émile-Zola, à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine), il alla à l’école primaire, au collège Lavoisier, puis à l’école professionnelle de la chambre de commerce de Paris. Il effectua cinq ans de service militaire dans un régiment d’infanterie, fut nommé sergent. Démonstrateur d’industrie, il travaillait à son compte, son bureau était installé 18, rue Dauphine, à Paris VIe arr. Il adhéra à la Jeunesse communiste de France (JCF) en 1933, au Parti communiste en 1935, au syndicat CGT des techniciens. Il manifesta contre les ligues factieuses le 6 février 1934, fut arrêté, retenu 48 heures au poste de police. Il lisait l’Humanité, des journaux édités par le parti communiste et des brochures, suivit des cours de marxisme avec la jeunesse communiste. Gilbert Conrairie était en osmose avec les orientations du Front populaire, avec la Chorale Populaire de Paris, il interpréta avec le chœur de la chorale plusieurs chansons dont La chanson des komsomols de Chostakovitch, Auprès de ma blonde, dans le film de Jean Renoir, La vie est à nous, une commande du PCF.

Il arriva en Espagne le 12 novembre 1936, fut incorporé dans différentes Brigades internationales, la XIIe Brigade Garibaldi, la XIIIe Dombrowski et la XIVe La Marseillaise. Il fut chef de section, chef de pièce, lieutenant armurier, capitaine en février 1938 avec la XIVe Brigade. Il passa vingt-et-un mois au front, de novembre 1936 à décembre 1937, de mars 1938 à avril. Il fut blessé à trois reprises : décembre 1936, avril 1937, avril 1938, gazé lors des combats de la cité universitaire, prit des éclats de mitraille dans les bras et à la poitrine, eut les deux jambes fracturées. Ses blessures nécessitèrent deux mois d’hospitalisation, il apprit l’espagnol. Il combattit à Boadilla del Monte, Algora, Casa del Campo, Arganda, Guadalajara, Fuentes- de-Ebro, sur l’Ebre, à Villanueva de la Cañada, Las Rozas, Hirata de Tajina. Il partit deux mois à compter du 28 mai 1938, revint, participa aux combats.

Il approuvait dans sa biographie du 7 novembre 1938, la politique rassembleuse du Front populaire en Espagne : « Elle permet de réunir sur une même idée, sur une même lutte des gens d’opinions différentes […] et « l’union des ouvriers pour la défense de l’Espagne républicaine ». Les Brigades internationales étaient la référence tant militaire que politique, elles démontraient « au monde entier de quoi » étaient capables les ouvriers, leur organisation militaire » elles avaient permis « aux camarades Espagnols de former leur armée sur le mode » actuel. L’organisation politique au sein des Brigades permettait « d’éviter les abus que pouvaient couvrir certains chefs militaires ».

Puni et dégradé en août 1937 pour une « escapade », muté dans un autre bataillon, il n’admettait pas, plus d’un an après la sanction : « Nous étions deux et je fus le seul puni aussi sévèrement ». La direction des Brigades ne lui tint pas rigueur de cet écart, il fut de nouveau nommé lieutenant, puis capitaine. André Marty dans un rapport du 14 mars 1938, l’appréciait ainsi : « Très bon officier tant militaire que politique. A été responsable du Parti au sein du bataillon, a développé une grande activité. A fait des conférences militaires, aux officiers, commissaires, sous-officiers du bataillon.
Organisait le soir, lorsque nous étions à l’arrière des soirées récréatives, qui permettaient de tenir très haut le moral des hommes, toujours volontaire, très intelligent ».

Le rapatriement de Gilbert Conrairie eut lieu en novembre 1938.

Il figurait sur la liste dressée par la préfecture de police de Paris en décembre 1941 des brigadistes présents à Paris et dans la région parisienne. Il était alors domicilié dans le XIVe arrondissement, il fut arrêté le 12 février 1942. Gilbert Conrairie fut déporté dans le convoi du 6 juillet 1942 à destination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) dit convoi des 45000 en raison des numéros de matricule des déportés. Les mille cents cinquante-cinq hommes arrivèrent à destination le 8 juillet. Ce fut l’un des convois le plus meurtrier, près de 90 % de décédés et disparus. Un convoi composé essentiellement de communistes et d’une cinquantaine de Juifs à avoir été arrêtés en tant que tels, la plupart étaient des réfugiés de Pologne et d’Italie. Ceux qualifiés par les nazis de judéo bolcheviques étaient ainsi visés. Il s’agissait aussi pour Hitler d’envoyer un avertissement à la résistance communiste. Celle-ci en août 1941 cibla lors d’attentats des officiers et des membres de l’armée d’occupation. Gilbert Conrairie matricule 45392 fut fauché par la mort avant la mi-mars 1943.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20527, notice CONRAIRIE Gilbert par Daniel Grason, version mise en ligne le 31 août 2011, dernière modification le 29 août 2011.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. AVER (liste de rapatriés : Malakoff, Seine). – RGASPI 545.6.1130, BDIC, mfm 880/10 ; RGASPI 545.6.1134, BDIC mfm 880/11. – Arch. PPo, BA 2447. – Notes de Jean-Pierre Besse. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, Éd. Autrement, 2005.

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