DITTMANN Wilhelm, Friedrich, Karl

Par Jacques Droz

Né le 13 novembre 1874 à Eutin, mort le 7 août 1954 à Bonn ; militant et parlementaire social-démocrate de gauche.

Fils d’un charron, ébéniste de profession, Wilhelm Dittmann entra en 1894 dans le syndicat des travailleurs du bois et au SPD. Collaborateur à plusieurs journaux à Bremerhaven puis dans la région rhénane, il exerça les fonctions de secrétaire du parti à Francfort et appartint, à partir de 1907, au conseil municipal de cette ville. Revenu en 1909 à Solingen, il y dirigea la Bergische Arbeiterstimme. Il se lia avec Rosa Luxemburg, qu’il assista au cours de sa campagne électorale et fut lui-même élu au Reichstag en 1912. Dès 1910, il était intervenu pour le regroupement des forces de gauche du SPD. Après avoir voté les crédits militaires le 4 août 1914, il les refusa avec dix-sept autres députés en décembre 1915, en invoquant que les frontières allemandes n’étaient plus menacées. En 1916, il constitua avec des députés « centristes » du SPD, notamment Haase et Ledebour, une Communauté de travail social-démocrate (Arbeitsgemeinschaft) qui participa à la conférence du parti à Berlin, en septembre. Il contribua l’année suivante à la fondation de l’USPD et fit partie de son Comité central jusqu’en 1922. Cependant, il demeura sceptique quant à la révolte des matelots pendant l’été 1917, malgré l’espoir que ceux-ci, sous la direction de Max Reichpietsch, avaient mis dans le nouveau parti et on lui reprocha de n’avoir rien fait pour étendre à toute l’Allemagne la grève de janvier 1918. Cela n’empêcha pas qu’il fut arrêté et condamné à cinq années de forteresse mais amnistié en octobre 1918.
Du 10 novembre au 29 décembre 1918, Dittmann appartint, comme représentant de l’USPD, au Conseil des commissaires du peuple (Volksbeauftragten) avec Barth et Haase, poste qu’il dut quitter après l’insurrection de la division de la Marine à Berlin, qui l’opposa violemment aux sociaux-démocrates majoritaires. Mais en 1919 il fut élu à l’Assemblée nationale et c’est à ce titre qu’il fut invité par les autorités soviétiques à se rendre à Moscou pour y négocier l’entrée de l’USPD dans la IIIe Internationale. Impressionné défavorablement par ses conversations avec Lénine sur le sort de l’Europe ainsi que par le cours des événements en Russie, il refusa, avec l’accord de Crispien, toute entente avec le monde communiste, avec la IIIe Internationale d’abord puis, lors du congrès de Halle, avec le KPD. Il se prononça en faveur de l’indépendance de l’USPD, dont il dirigeait le journal Die Freiheit et qui l’envoya participer à la fondation de l’Internationale de Vienne (Internationale deux-et-demie) en 1921. Cependant, il évolua rapidement vers un rapprochement avec le SPD auquel il adhéra en septembre 1922, devenant secrétaire du Parteivorstand et président de la fraction socialiste du Reichstag. Il s’attacha à la fusion dé l’Internationale deux-et-demie et de l’Internationale socialiste, lors du congrès de Hambourg en 1923. De 1921 à 1925, il fut conseiller municipal de Berlin. Dittmann garda, sous toute la République de Weimar, des positions hostiles aux communistes.
Après l’avènement du national-socialisme, le Parteivorstand pria Dittmann, avec Crispien et Ledebour, de quitter aussitôt l’Allemagne où les nazis voulaient leur intenter un procès comme « criminels de Novembre ». Il vécut dix-huit ans en Suisse où il eut fréquemment l’occasion de rendre service à ses compatriotes. Revenu en Allemagne en 1951, il fut employé aux archives et à la bibliothèque du SPD à Bonn, jusqu’au jour où la maladie lui interdit toute activité en 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216192, notice DITTMANN Wilhelm, Friedrich, Karl par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 18 février 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Erinnerungen, ëd. par G. Kotowski (Manuscrit à l’Institut international d’histoire sociale, Amsterdam).

SOURCES : J. Braunthal, Geschichte der Internationale, II, nlle. éd., Berlin, Bonn, 1978. — A. Kastnîng, Die deutsche Sozialdemokratie zwischen Koalition and Opposition 1919-1923, Paderborn, 1970. — Morgan, Socialist Left, op. cit. — Lexikon, op. cit. — Osterroth, op. cit.

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