Par Jacques Droz
Né le 24 juillet 1823 à Dresde, mort le 4 janvier 1886 à Nuremberg ; journaliste socialiste issu du « socialisme vrai ».
Fils d’un ophtalmologue, lui-même étudiant en médecine à Leipzig, Ottokar Weller subit l’influence de la philosophie allemande, notamment de l’athéisme feuerbachien et de l’anarchisme stirnérien, mais aussi, après la révolte des tisserands de Silésie, des socialistes français. Après avoir milité clandestinement à l’Université, il abandonna en 1845 ses études pour se lancer dans le journalisme et, disciple de Moses Hess, trouva dans, le « socialisme vrai » dont il partageait les idées avec son compatriote saxon Hermann Semmig (1820-1897), la conciliation entre les doctrines qu’il avait jusqu’alors propagées. Employé par les éditeurs O. Wigand et J. Klinldiardt, il s’occupa de la publication de plusieurs ouvrages socialistes ; s’adressant à la classe ouvrière, il chercha à la conduire à un altruisme communiste tout en la détachant de toute collaboration avec le libéralisme, jugeant qu’il était préférable d’être gouverné par un tyran que parla bourgeoisie capitaliste. En 1847, il créa sous le signe Wissen statt glauben (Savoir au lieu de croire) une maison d’édition qui, dans la collection Demokratisches Taschenbuch (Livre de poche démocratique) fit paraître une traduction allemande de la Misère de la philosophie de Marx et une bibliographie de la littérature historique de son temps, en particulier de la Révolution française, de Marat et de Babeuf. Pendant la révolution de 1848, Weller se prononça tout de suite en faveur de la souveraineté populaire ; il fonda à Leipzig un Demokratischer Verein dont l’organe fut Der Volksfreund et d’où émergea un « club socialiste » qui se mit en rapport avec la Fraternité de Born d’une part, avec la Ligue des communistes d’autre part, tandis que Weller envoya des correspondances à la Neue Rheinische Zeitung et à l’Arbeiterverein colonais. De Leipzig il soutint la révolte de Dresde contre le gouvernement saxon. Le cas de Weller permet de se rendre compte comment les éléments du « socialisme vrai » ont pu s’intégrer dans la conception politique de la Ligue des communistes.
Obligé de s’enfuir au début de l’année 1850 à Bruxelles, puis à Genève et Zurich, Weller se désintéressa dès lors de la vie politique. A Nuremberg où il vécut jusqu’à sa mort, il écrivit nombre d’études historiques et biographiques qui ne sont pas sans valeur.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Volk oder Stand ? Politische Blätter, 1848. — Die Freiheitsbestrebungen der Deutschen im 18. und 19. Jahrhundert, dargestellt in Zeugnissen ihrer Literatur, 2e éd., 1847. — Publizistische Stimmen aus Frankreich, 1846.
SOURCES : H. Förder, Marx und Engels am Vorabend der Revolution, Berlin-Est, 1960. — R. Lœber, « Emil Ottokar Weller », in Männer der Revolution von 1848, 1, Berlin-Est, 1970. — BLDG, op. cit.