SAUZEAU Jean [SAUZEAU Etienne, Joseph, Alexandre, Jean]

Par Marc Geniez

Né le 15 octobre 1894 à Poitiers (Vienne), mort le 30 décembre 1968 à Châtellerault (Vienne) ; instituteur, directeur d’école et de cours complémentaire ; militant associatif (président de l’ANPCC d’octobre 1935 à juillet 1945) et syndical (SNI)

Jean Sauzeau au centre de la tribune du congrès de 1939 à la Sorbonne
Jean Sauzeau au centre de la tribune du congrès de 1939 à la Sorbonne

Fils de Joseph, Auguste Sauzeau, employé à la mairie de Poitiers, officier d’état civil, né le 18 mars 1871, et de Radegonde, Louise, Elisabeth Fourvel, lingère alors âgée de 17 ans, Jean Sauzeau effectua sa scolarité dans la Vienne, obtint le brevet élémentaire en octobre 1910 et le brevet supérieur en juillet 1913.

Jean Sauzeau réussit le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Poitiers. Il y étudia du 1er octobre 1910 à juillet 1913. Il partit alors en Algérie et rejoignit la section spéciale annexée à l’École normale d’Alger-Bouzaréa. Il fut affecté comme stagiaire à l’école de Dechmya (Algérie) en « école d’indigènes » à compter du 1er octobre 1914, mais il ne put prendre son poste et être titularisé car il fut mobilisé, et rejoignit son régiment, le 15 septembre 1914.

Il monta au front le 7 avril 1915 avec le grade de caporal et fut nommé sergent le 6 mai 1915, puis adjudant le 22 juin 1915 et sous-lieutenant le 30 mars 1916.
Grand blessé de la guerre 1914-1918, d’abord par balle au côté le 16 juin 1915 puis par inhalation de gaz toxiques en 1916, Jean Sauzeau resta ensuite de santé fragile fréquemment sujet à des bronchites chroniques. Le 18 septembre 1915, il épousa Germaine, Hélène Epain, institutrice, née le 7 janvier 1892 à Châtellerault. Ils eurent 3 enfants nés respectivement le 17 septembre 1917, en 1920 et 1925. Pendant la durée de la guerre, son épouse et son fils ainé résidèrent rue Aglophile Fradin à Châtellerault.

Décoré de la croix de guerre en 1918, il reçut ultérieurement la médaille commémorative de la Grande guerre. Le 18 juin 1919, il fut réformé pour blessure et maladie contractées pendant la guerre. Cette mise hors cadre fut annulée le 6 septembre 1919 et il rejoignit la réserve. Il y fut promu lieutenant de 28 février 1926.
Démobilisé en 1917, il fut affecté comme instituteur à titre temporaire dans la Vienne. II y passa son certificat d’aptitude pédagogique (CAP) le 11 janvier 1918 à Poitiers, puis il reçut une affectation à Monthoiron du 13 février 1918 au 9 février 1919.
Les médecins lui préconisant un climat plus sec pour parachever sa guérison, il repartit avec son épouse enseigner en Algérie. Il y fut titularisé le 8 octobre 1919, avec effet rétroactif au 1er janvier 1915.

Le 20 janvier 1922, son épouse et lui demandèrent leur réintégration dans le département de la Vienne mais son dossier militaire indique une adresse à Aubervilliers (Seine /Seine-Saint-Denis) le 6 octobre 1923.

Jean Sauzeau fut nommé professeur de cours complémentaire le 1er avril 1925. En octobre 1930 il était professeur de CC à Paris et l’un des trois responsables de l’Association Nationale du Personnel des Cours Complémentaires (ANPCC) de la ville. Il devint secrétaire ANPCC du département de la Seine en février 1932.
Le 19 mars 1932, la commission de classement du département de la Seine le nomma directeur d’école et de CC (bulletin municipal officiel de Paris et de la Seine le 6 avril 1932). Il fut affecté à l’école rue de Clignancourt (Paris XVIIIe). En octobre de la même année, il apparut pour la première fois dans l’organigramme national de l’ANPCC, comme membre du « comité de l’école unique » et un an plus tard il entra au bureau national de l’ANPCC comme secrétaire national. Il prit la responsabilité de co-secrétaire général de mars 1934 à octobre1935 puis devint président de l’ANPCC en octobre 1935.

Durant sa carrière, Jean Sauzeau adhéra également au Syndicat national des instituteurs, où il milita auprès de Georges Lapierre et Émile Glay.
Après des tractations conduites entre l’ANPCC et le SNI, il fut élu au Conseil supérieur de l’instruction publique (CSIP) en 1934, sa candidature ayant été présentée par le syndicat, une association n’étant pas habilitée à le faire. Il fut renouvelé en 1938 par l’ANPCC, le mode de désignation ayant changé. Il représenta le CSIP à l’office national des mutilés, combattants, victimes de guerre et pupilles de la Nation.
Jean Sauzeau était décrit par ses pairs comme un homme très simple, sachant écouter, convaincre et entraîner sans élever le ton, sans effets oratoires. Plusieurs citations témoignent qu’il manifesta les mêmes qualités pendant la « Grande Guerre ».
Sous sa présidence, l’ANPCC acquit une plus grande notoriété. À tel point que le ministre de l’Éducation nationale et des beaux-arts, Jean Zay, avec lequel Jean Sauzeau entretenait des relations empreintes d’estime réciproque, intervint directement, à plusieurs reprises, au congrès national de l’ANPCC. Le ministre y salua à chaque fois et de façon appuyée, l’importance de la mission des cours complémentaires, notamment dans les zones rurales, ainsi que le rôle de l’ANPCC, qui regroupait alors 95% des personnels des CC, dans l’accomplissement de cette mission.

Nommé capitaine de réserve le 10 juillet 1939 et mobilisé à nouveau le 27 août 1939, Jean Sauzeau resta président en titre de l’ANPCC jusqu’à sa dissolution par la loi du 4 octobre 1941 relative à l’organisation sociale des professions qui accréditait de nouvelles organisations tenues sous contrôle, et promulguait la dissolution des autres notamment les syndicats.

Les bulletins nationaux de l’ANPCC témoignent de l’instabilité et de la confusion qui régnaient pendant la longue période comprise entre la déclaration de la guerre et l’entrée effective en conflit : trois membres importants du bureau national, dont le président, mobilisés, le fonctionnement d’établissements désorganisé, succession de trois ministres de l’Éducation nationale en 9 mois.

L’ANPCC confia au vice-président Victor Delaisse l’intérim de la présidence de l’ANPCC. La valse des ministres de l’éducation conduisit l’association à demander de nombreuses audiences. Jean Sauzeau qui continuait de suivre attentivement le fonctionnement de l’ANPCC, participa même à l’une d’elles en uniforme.
Démobilisé le 25 juillet 1940, il se retira à Toulon (Var).

Franc-maçon, Jean Sauzeau fut secrétaire de la loge Le Sagittaire à Paris en 1931 puis de la loge Le Parthénon à partir de 1932. Pour cette raison il fut révoqué de la Fonction publique (Journal officiel du 19 août 1941) par les lois d’exception du gouvernement collaborationniste de Vichy interdisant les « sociétés secrètes » et exigeant des fonctionnaires une déclaration d’appartenance ou de non-appartenance. Il dut quitter l’enseignement et partit travailler dans une entreprise à Châtellerault.
À la Libération il fut rétabli dans ses droits et réintégré dans ses fonctions en application de l’ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine. Il retrouva une école et un appartement de fonction de la rue Pierre Girard à Paris saccagés par des occupations successives. Ce qui le conduisit à demander sa mutation pour l’école située au 49bis rue Louis Blanc (Paris 10e) où il installa un cours complémentaire industriel.

Le 14 décembre 1944, pour la première fois depuis la Libération, il réunit des membres du bureau national élus avant la guerre. Ils actèrent la réactivation de l’ANPCC. Jean Sauzeau resta président jusqu’en juillet 1945 où il fut remplacé par Jean Lafille. Il resta membre du bureau national, secrétaire national à la propagande, de juillet 1945 à mars 1949, date de son départ en retraite. Il devint alors président d’honneur de 1949 à la transformation de l’ANPCC en Syndicat national des collèges (SNC) en 1959-1960.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 31 octobre 1938 (JO du 10 novembre 1938, p. 12754) il accéda au grade d’officier de la Légion d’honneur par décret du 30 août 1949 (JO du 2 septembre 1949).

Il mourut dans la maison familiale de la rue Aglophile Fradin à Châtellerault.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219691, notice SAUZEAU Jean [SAUZEAU Etienne, Joseph, Alexandre, Jean] par Marc Geniez, version mise en ligne le 21 octobre 2019, dernière modification le 3 octobre 2023.

Par Marc Geniez

Jean Sauzeau au centre de la tribune du congrès de 1939 à la Sorbonne
Jean Sauzeau au centre de la tribune du congrès de 1939 à la Sorbonne
Jean Sauzeau, à droite, en visite au musée pédagogique (exposition de l'ANPCC) en 1939 avec deux membres du cabinet du ministre Jean Zay et le directeur de l'enseignement primaire
Jean Sauzeau, à droite, en visite au musée pédagogique (exposition de l’ANPCC) en 1939 avec deux membres du cabinet du ministre Jean Zay et le directeur de l’enseignement primaire
Photo d'identité de Jean Sauzeau en 1927
Photo d’identité de Jean Sauzeau en 1927

SOURCES : Arch. Dép. Vienne. — Service historique de la défense, dossier d’officier.— Journal officiel de la République Française, Lois et décrets, 10 novembre 1938, 19 août 1941, 2 septembre 1949. — Bulletin national de l’ANPCC. — Bulletin municipal officiel de Paris et de la Seine, 6 avril 1932. — Sources familiales.

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