DEUDON Raymond, Paul

Par Claude Pennetier

Né le 24 novembre 1909 à Créteil (Seine, Val-de-Marne), tué le 24 août 1944 à Créteil, "assassiné par les agents de la Gestapo", en fait par ses camarades de résistance ; rédacteur à l’Humanité ; militant communiste de Créteil ; membre du Comité local de Libération de Créteil.

Le père de Raymond Deudon, Paul Louis Deudon, ferblantier, ayant été tué comme soldat le 12 janvier 1915 près de Soissons, sa mère, Marie Denise Becker, journalière, se remaria avec un ouvrier métallurgiste. Le couple habitait 85 rue des Écoles à Créteil. « C’était des gens neutres » écrit-il en 1937. Adopté par la Nation par jugement du 30 mai 1918, Raymond Deudon devint donc pupille de la Nation. Après l’école primaire, il fréquenta comme boursier l’école primaire supérieure de Saint-Maur-des-Fossés pendant quatre ans et obtint le brevet d’enseignement primaire supérieur. Il prépara le concours d’entrée aux Arts et métiers mais fut contraint d’abandonner pour des raisons financières. Il commença alors à travailler comme ajusteur à Ivry-sur-Seine (1925-1926), Paris (1928-1929) puis à Charenton-le-Pont (1929-1930). Après son service militaire comme deuxième classe en 1930-1931, il reprit son travail à Charenton jusqu’en 1937.

Membre du Secours rouge international, il participa aux grèves contre la guerre du Maroc et pour la défense de Sacco et Vanzetti. Il militait au syndicat des métaux et fut, en 1936, secrétaire de la section locale des métaux de Charenton. Sympathisant communiste depuis plusieurs années, Raymond Deudon adhéra au Parti communiste en décembre 1935. Membre de la section de Créteil (Paris-Est), il en devint secrétaire et membre du comité régional. Il suivit en novembre-décembre 1936 une école régionale communiste où il fut remarqué par Jules Auffret, secrétaire régional, et fut délégué à la conférence nationale qui se tint en janvier 1937 à Montreuil. Il militait activement au comité de Front populaire de Créteil. En 1938, il devint rédacteur à l’Humanité.

La presse oppositionnelle relate, en octobre 1937, le passage à tabac à Créteil d’un jeune instituteur par un groupe de communistes conduits par Lucien Richard. En mars 1938, Lucien Richard fut condamné par le tribunal correctionnel à trois mois de prison (avec sursis semble-t-il, bien que le document du RGASPI indique trois mois de prison), avec Raymond Deudon, pour coups et blessures contre des trotskistes, peine réduite à huit jours avec sursis en appel, en juillet 1939.

Toujours domicilié dans cette ville, 17 rue du Barrage en 1944, journaliste à l’Humanité, il représentait le Parti communiste français au Comité local de Libération. Le 24 août 1944, des hommes en voiture l’abattirent sur le Pont de Créteil, côté Saint-Maur-des-Fossés. Il fut transporté quelques centaines de mètres plus loin, rue des Remises (Saint-Maur) où il mourut à une heure « que le déclarant n’a pu préciser » dit l’acte de décès. L’Humanité du dimanche 27 août 1944 titra sur une colonne en première page : « Notre camarade Raymond Deudon lâchement assassiné par les agents de la Gestapo. » Son enterrement eut lieu à Créteil le 26 août 1944. Le Comité local de Libération décida la prise en charge par la commune de ses funérailles.

Un jeune résistant FTP qui ne connaissait pas personnellement Deudon, a affirmé dans un témoignage conforme aux faits, avoir participé personnellement à l’exécution de Raymond Deudon que ses dirigeants lui avaient présenté comme un « traître ».

Selon les archives, Deudon dit Dumas (son nom est déformé en Dodon) aurait été dénoncé par des sources policières (Joseph Curinier, inspecteur à la Brigade spéciale qui confirma ces accusations dans un rapport du 6 février 1945) comme un indicateur des Brigades spéciales dans le cadre de l’affaire Pierre Brossard, responsable national aux cadres, en février 1943 et dans d’autres affaires. La mention « tué » figure sur une liste établie par Jean Chaumeil, dirigeant des « cadres » à la Libération. Il est bien sûr difficile de vérifier la véracité de ces informations policières et l’intoxication policière n’est pas à exclure. D’autant que dans le cadre de l’affaire Brossard, les arrestations qui suivirent étaient dues à l’imprudence du service des cadres qui conservait au domicile de Brossard trois ou quatre cents biographies de militants communistes pour l’essentiel en clair.

Les militants locaux les mieux informés, n’ignoraient pas que malgré la version officielle de l’exécution par les agents de la Gestapo, il avait été tué sur ordre du Parti communiste comme « traître », même si cette qualification étonnait ceux qui l’avaient connu. Elle n’est donc pas à prendre à la lettre. Plusieurs exécutions de ce type relevaient de malentendus ou de tensions internes.

Il laissait une veuve, née Renée Droust (mariage le 6 juillet 1929 à Créteil) et une fille née vers 1930.

Raymond Deudon est enterré au cimetière de Créteil, tombe R 290, sous une dalle de ciment sans nom. La concession appartient à la ville de Créteil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22595, notice DEUDON Raymond, Paul par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 4300 (autobiographie du 1er décembre 1937, 6 p., lettre de Jules Auffret à Henri Janin ; mention en russe de l’exécution « par la Gestapo »). — Arch. com. Créteil. — l’Humanité, 27 août 1944. — Arch. Ravery. — Témoignages recueillis par Claude Pennetier. — État civil de Créteil.

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