NOSAKA Sanzō (pseudonymes : OKANO Susumu, KANG-YEH Chin, LIN Che)

Né le 30 mars 1892 dans le département de Yamaguchi. Dirigeant du Parti communiste japonais ; membre de la Chambre des conseillers depuis 1956 ; président du Comité central du Parti communiste japonais depuis 1958.

Leader du Parti communiste japonais, NOSAKA Sanzō a une longue expérience internationale de militant ; pendant son séjour à l’étranger, de 1931 à 1945, il prit, parmi d’autres, le pseudonyme d’OKANO Susumu et celui de KANG-YEH Chin, en Chine.
Issu d’une famille de commerçants de Hagi-machi (actuelle ville de Hagi) dans le département de Yamaguchi, NOSAKA Sanzō était le sixième enfant d’ONO Goemon qui avait trois fils et trois filles ; il prit le nom de famille de sa mère à l’âge de neuf ans.
En 1906, NOSAKA Sanzō sortit de l’école primaire Meirin de Hagi-machi et entra à l’école secondaire départementale de Hagi, qu’il quitta après un an d’études à la mort de ses parents. Orphelin à quatorze ans, pris en charge par son frère aîné, il s’installa chez celui-ci en 1907 à Kōbe, dans le département de Hyōgo. L’année suivante, il entra à l’école départementale de commerce de Kōbe. Très influencé par l’Affaire de lèse-majesté de 1910, il présenta comme dissertation « Shakai shngi wo ronzu » (Essai sur le socialisme), qui lui valut une semonce de la part de ses professeurs. Sorti de cette école en mars 1912, NOSAKA Sanzō entra, en avril, à la section d’économie et de finances de l’Université Keiō qui était alors la seule université disposant d’une chaire de « politique sociale ». Il adhéra, en 1913, à la Société fraternelle (Yūaikai) qui avait été fondée l’année précédente. Tout en poursuivant ses études à l’Université, il collabora alors à la rédaction de l’organe de la Société fraternelle, prononça, en milieu ouvrier, des conférences sur l’histoire du mouvement et participa à des piquets de grèves. C’est en 1916 qu’il lut et étudia pour la première fois le Manifeste communiste ; il recopia en une nuit la traduction anglaise que lui avait prêtée KOIZUMI Shinzō, jeune professeur de l’Université Keiō qui venait de rentrer d’Europe où il avait fait ses études. (KOIZUMI, qui devint plus tard recteur de l’Université Keiō et directeur d’étude du prince actuel, est connu comme théoricien anticommuniste.)
Après avoir présenté un mémoire de licence ayant pour titre « Sanjikarisumu wo ronzu » (Essai sur le syndicalisme), NOSAKA Sanzō sortit diplômé de l’Université Keiō en mars 1917. Il refusa de prendre l’emploi qu’on lui proposait dans la Compagnie textile Kanebō, et entra au secrétariat du siège central de la Société fraternelle. Dès lors, il se consacrera au mouvement ouvrier. En mai de la même année, lors­ que fut fondée la revue Shakai kairyō (Réforme sociale), second organe de presse de la Société fraternelle, NOSAKA Sanzō en devint rédacteur en chef. Nommé responsable de la section des publications de cette société en septembre, il assuma alors la rédaction de son organe principal Rōdō oyobi sangyō (Travail et industrie).
Sous l’influence de la Révolution russe d’octobre, il devint un communiste, et organisa, le 24 novembre 1917, la Société des ouvriers et des étudiants (Rōgaku kai), cercle d’études collectives d’ouvriers et d’étudiants sur le mouvement ouvrier.
Son mariage avec KUZUNO Ryō fut célébré en janvier 1919. En juillet, NOSAKA Sanzō se rendit en Angleterre comme envoyé spécial de la Société fraternelle. Il s’installa à Londres où il fit des enquêtes et des recherches sur le mouvement syndical ; il envoyait par ailleurs des informations sur les mouvements ouvriers et sociaux européens à la Société fraternelle.
NOSAKA Sanzō adhéra au Parti communiste anglais dès sa formation, en août 1920. Ayant assisté, en janvier 1921, au IIe congrès unifié du Parti communiste anglais en qualité de représentant de la fédération de Londres, il publia un article décrivant la situation du mouvement ouvrier japonais intitulé « Nihon no rōdō undō » (Le Mouvement ouvrier au Japon) dans l’organe du Parti communiste anglais Monthly Labour. Dans le courant du mois de mars, il prononça des discours pour soutenir la grève générale des mineurs anglais au cours de diverses réunions organisées par la fédération de Londres du Parti communiste anglais. En mai, le gouvernement anglais ordonna à NOSAKA Sanzō, de quitter le pays dans un délai de sept jours. Après être passé par la France, la Suisse et l’Allemagne, il arriva en U.R.S.S. en décembre 1921 sur l’invitation du Profintern. Il resta un mois à Moscou, qu’il quitta en janvier 1922 pour rentrer au Japon en mars en passant par l’Europe.
Devenu conseiller de la Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei, ancienne Société fraternelle), NOSAKA Sanzō participa à la section d’enquêtes et organisa, d’autre part, un « groupe rouge » connu sous le nom de Groupe Left, à l’intérieur de cette fédération pour la rendre plus radicale. Lorsque le Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) fut formé, le 15 juillet, dans la clandestinité, il y adhéra avec des camarades communistes appartenant à la Fédération générale du travail. En octobre de la même année, il devint maître de conférences non titulaire à l’Université Keiō et donna un cours sur les « Mouvements sociaux dans le monde ».
Chargé ensuite de rédiger le programme politique du Parti, il participa au congrès extraordinaire du Parti communiste japonais, en mars 1923. En juin de la même année, il fut arrêté au cours de la première vague de répression anticommuniste, et ne fut mis en liberté provisoire qu’en décembre.
NOSAKA Sanzō créa, en mars 1924, l’Institut d’enquêtes sur le travail industriel (Sangyō rōdō chōsajo) dont il assuma la présidence, et prit la direction de la publication des revues Sangyō rōdō chōsa jihō (Chronique d’enquêtes sur le travail industriel) et lntanashonaru (Internationale). Cet institut devint nue organisation légale du Parti communiste japonais pour la propagande et la mise au point d’enquêtes.
Quand le Conseil des syndicats ouvriers du Japon (Nihon rōdō kumiai hyōgikai) fut organisé, à la suite de la première scission, en avril 1925, de la Fédération générale du travail, NOSAKA Sanzō se chargea de la direction politique et théorique de cette nouvelle organisation. Il fit ensuite partie de la rédaction de l’organe légal du Parti communiste japonais Musansha shimbun (Journal du prolétaire) dont la publication fut décidée en septembre de la même année.
Appréhendé au cours des arrestations massives de communistes du 15 mars 1928, il fut incarcéré, mais fut libéré provisoirement en mars 1930 pour subir une opération des yeux.
En janvier de l’année suivante, il fut élu membre du Comité central du Parti communiste japonais qui le nomma, en mars, délégué auprès du Comintern. Avec sa femme Ryō, NOSAKA Sanzō se rendit clandestinement en U.R.S.S. en 1931 où il milita au Comintern jusqu’en 1940. Il participa, en avril 1932, à l’élaboration des Thèses politiques de 1932. Au VIIe congrès mondial du Comintern auquel il assista, en août 1935, comme représentant du Japon, il présenta un rapport sur les problèmes ouvriers de son pays. Elu en 1932 membre de l’exécutif du Comintern en même temps qu’ICHIKAWA Shōichi qui était alors incarcéré au Japon, NOSAKA Sanzō devint en 1933 également membre du Praesidium de l’exécutif du Comintern en remplacement de KATAYAMA Sen. Il fut réélu membre de l’exécutif et du Présidium du Comintern au VIIe congrès, en 1935. En collaboration avec YAMAMOTO Kenzō (pseudonyme : TANAKA), NOSAKA Sanzō écrivit, en janvier 1936, sous le pseudonyme d’OKANO Susumu, « Nihon no kyōsanshugisha e no tegami » (Lettre aux communistes japonais) afin de transmettre les décisions prises au VIIe congrès du Comintern au sujet de la tactique de formation d’un front populaire.
En 1939, il traduisit l’Histoire abrégée du Parti communiste russe (bolchevik) en japonais. Dans le cadre de ses activités auprès du Comintern, il se rendit deux fois aux Etats-Unis où il fit imprimer des articles et des documents secrets concernant les directives de cet organisme, notamment un journal mensuel Kokusai tsūshin (Correspondance internationale) et Kokusai tsūshin panfuretto (Brochure de la correspondance internationale), qu’il fit parvenir au Japon avec l’aide de marins japonais et américains. Selon l’édition de 1937 du rapport Shakai undō no jōkyō (Situation actuelle des mouvements sociaux), publié par les services de sécurité et de surveillance du ministère de l’Intérieur, les autorités japonaises saisirent, au cours de l’année 1937, cinquante­-deux sortes de documents communistes envoyés clandestinement de pays étrangers, dont le nombre total s’éleva à quatre cent vingt-huit exemplaires.
NOSAKA Sanzō quitta Moscou en avril 1940 pour rentrer au Japon ; il s’arrêta en chemin, en Chine, à Yen’an, où il milita en collaboration avec le Parti communiste chinois pour lutter jusqu’à son retour au Japon contre l’invasion de la Chine par les impérialistes japonais. Pendant cette période d’activité clandestine à Yen’an, il prit le pseudonyme de LIN Che. Il fit de la propagande dans l’armée japonaise et s’occupa de la rééducation idéologique des soldats japonais faits prisonniers. D’autre part, il écrivit des essais pour diriger et soutenir le mouvement révolutionnaire au Japon et publia dans l’organe du Parti communiste chinois, le Quotidien de la libération, des articles analysant la situation politique japonaise.
NOSAKA Sanzō prit l’initiative de fonder la Fédération contre la guerre (Hansen dōmei) composée de soldats japonais en mai 1940, puis en octobre de la même année, l’Ecole japonaise d’ouvriers et de paysans (Nihon kōnō gakkō). Ensuite, il organisa en juin 1942, la Fédération des communistes japonais résidant en Chine (Zai ka nihon kyōsanshugisha dōmei) et, plus tard, en février 1944, la Ligne de libération du peuple japonais (Nihon jinmin kaihō renmei) à laquelle s’intégra la Fédération contre la guerre.
Le 31 mai 1943, NOSAKA Sanzō admit la dissolution du Comintern au nom du Parti communiste japonais. Le même jour, il proposa la création d’un front populaire au Japon dans un article publié dans le Quotidien de la libération. Dès lors, il milita ouvertement et reprit le pseudonyme d’OKANO Susumu qu’il avait utilisé lorsqu’il était au Comintern. Il assista au VIIe congrès du Parti communiste chinois en avril 1945, au cours duquel il fit un discours sur la perspective d’une défaite japonaise et sur la construction ultérieure d’un Japon démocratique. En août de la même année, à la suite de la capitulation inconditionnelle du Japon, NOSAKA Sanzō publia l’« Appel aux commandants et aux soldats japonais » (Nihon gun no shikikan oyobi heishi ni tsugu) qui fut placardé sur toutes les lignes de front de l’Armée des huit routes et de la Nouvelle quatrième armée et qui aida les soldats japonais à se rendre sans résistance violente. A la fin du même mois, NOSAKA Sanzō proposa de former la Ligue démocrate du Japon (Nihon minshu renmei) en réunissant tous les partis démocratiques qui luttaient contre l’armée et contre la guerre, et de constituer, autour de cette Ligue, un gouvernement provisoire dont l’objectif serait de supprimer le militarisme et de construire un Japon nouveau et démocratique.
Après avoir quitté Yen’an le 10 septembre pour prendre le chemin du retour au Japon, NOSAKA Sanzō arriva, à la fin décembre de la même année 1945, à Moukden (actuelle Shenyang) dans la région du Nord-Est de la Chine (ancienne Mandchourie), d’où il adressa un message de salutations et de remerciements au Parti communiste chinois, à l’Armée des huit routes et à la Nouvelle quatrième armée. Puis, à Pyong­yang, en Corée du Nord où il se rendit en avion, il s’entretint pour la première fois avec le général Kim Il Sung en lui demandant — comme il l’avait déjà fait auprès des dirigeants du Parti communiste chinois à Yen’an et auprès du général Malinovsky commandant en chef de l’armée d’occupation soviétique dans la région du nord-est de la Chine — d’assurer la sécurité des résidents japonais et de faciliter leur retour au Japon. A chaque étape de son voyage avant de regagner le Japon, NOSAKA Sanzō se consacra à la formation idéologique des résidents japonais : deux cent soixante-dix personnes formées par NOSAKA Sanzō à Yen’an rentrèrent au Japon en trois groupes, aidant à la démocratisation des Japonais qui étaient eux aussi sur le chemin du retour de Chine au Japon.
Ce fut le 12 janvier 1946 exactement que NOSAKA Sanzō rentra au Japon. Deux semaines plus tard, le 26 janvier fut organisé le « Congrès national pour célébrer le retour de NOSAKA Sanzō » dans le quartier de Hibiya à Tōkyō, au cours duquel le héros de la réunion lança un appel pour la formation d’un front uni démocratique devant trente mille personnes. An Ve congrès, en février, du Parti communiste japonais, il fut élu membre du Comité central et entra, en même temps, au bureau politique et au secrétariat. Lors des premières élections générales d’après-guerre, en avril, il fut élu à la Chambre des représentants ; il conserva cette fonction durant trois mandats successifs et siégea à la Diète en tant que président du groupe parlementaire communiste, jusqu’en 1950.
Lors des débats de l’assemblée délibérante qui se réunit en 1946 pour établir une nouvelle Constitution, NOSAKA Sanzō décela sous l’expression ambiguë du projet gouvernemental l’intention de celui-ci de conserver, en fait, le régime impérial et il fit inscrire clairement les mots de « souveraineté populaire » dans la Constitution actuelle.
Eu juin 1950, il fut exclu de la fonction publique et les activités politiques lui furent interdites selon le décret du général MacArthur, commandant en chef des Forces d’occupation américaines. Il continua à militer dans la clandestinité pendant cinq ans. Lors de la VIe conférence nationale, en juillet 1955, du Parti communiste japonais, NOSAKA Sanzō devint secrétaire général du Comité central et reprit ses activités politiques légales. Il remplit actuellement (1972) son quatrième mandat consécutif à la Chambre des conseillers. Il a accédé à la présidence du Comité central en août 1958, lors du VIIe congrès du Parti communiste japonais et occupe toujours ce poste qui lui est renouvelé à chaque congrès du Parti, y compris lors du XIe, en 1970.
En qualité de chef de la délégation du Parti communiste japonais, NOSAKA Sanzō a assisté, en 1959, à la Fête nationale célébrant le dixième anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, au XXIIe congrès du Parti communiste soviétique en 1961, et aux funérailles nationales, en septembre 1969, du président Ho Chi Minh de la République démocratique du Viet-Nam.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237475, notice NOSAKA Sanzō (pseudonymes : OKANO Susumu, KANG-YEH Chin, LIN Che), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 17 janvier 2022.

ŒUVRE : NOSAKA Sanzō senshū. (Œuvres choisies de NOSAKA Sanzō, en deux volumes, 1961-1962. — Fūsetsu no ayumi (Marche dans la tempête), autobiographie, tome I, 1971.

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