MANSAT Pierre

Par Claude Pennetier, Alain Prigent

Né le 13 décembre 1954 à Senlis (Oise) ; agent de la poste ; militant communiste de Paris, secrétaire des sections du VIIIe puis du XXe arrondissement, élu du XXe arrondissement Conseiller de Paris [1995-2014] et adjoint au maire de Paris [2001-2014], inspecteur général de la Ville de Paris chargé d’une mission, président de l’Atelier International du Grand Paris 2011-2017.

Issu d’une famille originaire des Combrailles au nord du Puy-de-Dôme, élevé à Montluçon (Allier) par sa mère seule, Simone, syndicaliste CGT et communiste du Central téléphonique où elle était "demoiselle du téléphone", Pierre Mansat vécut dans un milieu communiste influent dans cette ville ouvrière. Un voisin, ancien résistant, l’emmenait enfant aux cérémonies de la carrière des Grises où les nazis ont massacré plusieurs dizaines d’otages.
Il admirait particulièrement son oncle, Armand Mansat, instituteur à Neuf-Église (Puy-de-Dôme), maire et conseiller général communiste, ainsi que sa femme Cécile et le frère et la sœur de sa mère, Armand et Lucette, instituteurs. Il écrit : "Mes tantes et oncles, cousines et cousins [...] partageaient le même engagement que moi." (Ma vie rouge, op. cit.). Il était aussi impressionné par les députés Henri Védrines, Pierre Villon et par Pierre Goldberg, futur maire de Montluçon.
Pierre Mansat rejoignit les Jeunesses communistes en 1968, créa l’UNCAL dans son lycée au moment de la lutte contre la loi Debré (1973), puis adhéra au Parti communiste en 1972 à Montluçon (Allier) au cours d’un meeting de Robert Ballanger. Selon son témoignage, "L’intervention en Tchécoslovaquie me bouleverse. J’assiste avec ma mère au comité de section qui débat de la position, souvenirs très précis, la position nationale validée de justesse, une forte minorité approuvant l’intervention" (témoignage, octobre 2022).

Pierre Mansat vint à Paris en 1974 pour travailler aux PTT au Centre de tri de la Gare Saint-Lazare et fut un syndicaliste CGT actif pendant la grande grève (43 jours) qui suivit d’une semaine son arrivée. Dans les années 1980, il fut secrétaire de sa section syndicale. Il obtint en formation continue un diplôme de Sciences po.
Il fit son service militaire en 1977 à Nancy et à Metz et fut en contact avec un comité de soldats animé par des militants de la LCR.
Il milita d’abord au PCF dans le XVIIe arr., puis à la section d’entreprise du centre de tri et dans le VIIIe arrondissement avec les cheminots de la Gare Saint-Lazare, les ouvrières de la haute-couture, les électriciens du siège d’EDF et les cellules de la banque. Ce fut l’occasion d’une première candidature comme suppléant aux élections législatives. Il vécut avec enthousiasme la "belle période d’ouverture du PCF parisien" animé alors par Henri Fiszbin et Louis Régulier, puis, avec la crise de la fédération reprise en main par la direction nationale, il fut "un peu spectateur".
Il se maria en 1981 avec Evelyne Masfrand. Le couple eut deux filles ( 1986 et 1993).
L’année suivante, Pierre Mansat perdit son estime pour l’URSS à la suite d’un voyage en URSS (Moscou, Erevan, Bakou, Tbilissi) "en pleine stagnation brejnévienne, voyage au cours duquel je vérifie que mon engagement est "détaché" de la réalité (terrible) du "socialisme réel", suivi d’un retour rugueux avec les camarades de la section et de la fédération" (témoignage, octobre 2022).

De 1986 à 2001, il fut permanent communiste, d’abord chargé des journaux d’entreprise de la fédération. En 1987, il devint secrétaire de la section du VIIIe arr. puis, en 1989, Henri Malberg lui proposa de venir dans la XXe arrondissement, bastion communiste, comme secrétaire de section. Ce fut dit-il "une période très difficile avec la chute du mur". Il compensa par une implication très forte dans la lutte de la place de la Réunion et la création du Droit au logement et aux nombreuses luttes urbaines, notamment à Belleville. Il fut conseiller de Paris (1995-2001) sur une liste d’union et participa à des engagements divers : participation aux Forum sociaux mondiaux (Porto Alegre, Athènes, Belem), à la création du réseau Démocratiser réellement la Démocratie, à la lutte pour la libération de Mumia Abu Jamal (il le rencontrera en 2008 dans sa prison). Pendant la décennie noire en Algérie, il créa dans la XXe arrondissement le Comité local d’action pour la solidarité avec le peuple algérien, pour aider concrètement les communistes et progressistes algériens qui avaient échappés aux islamistes. Il siégeait alors au bureau fédéral communiste de Paris.
Sur proposition de Martine Durlach secrétaire de la fédération communiste de Paris, il devint adjoint au maire (2001-2014) aux côtés de Bertrand Delanoë avec la délégation des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France. Il s’investit à fond dans cette mission qui déboucha en 1999 sur la création du réseau Paris Métropole ouverte. Il y rencontra l’opposition de la direction du Paris communiste : "Tu dois arrêter, tu mets en danger nos bastions, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne".
Il eut de nombreuses responsabilités dons le domaine de l’urbanisme : Atelier parisien d’urbanisme, Syndicats de services urbains, Établissement public de la Défense. Il fut auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de l’Aménagement des territoires européens puis à l’initiative d’Aurélien Rousseau (son directeur de cabinet) il fit un master de gestion publique à Sciences-Po Paris. Il participa à de nombreux voyages à l’étranger sur la question urbaine : Barcelone, Milan, Turin, Hambourg, Berlin.
Il fut plusieurs fois candidat aux élections législative dans le XXe arr. (21e circonscription) : 1997, 1999 législative partielle, 2002, 2007.
En 2004 après l’inauguration, à son initiative, d’une place Maurice Audin à Paris, avec le mathématicien Gérard Tronel, il créa l’Association Maurice Audin, qui deviendra Josette et Maurice Audin après la reconnaissance par Emmanuel Macron de la responsabilité de la France dans assassinat (2018) et le décès de Josette (2019). Il en fut le président jusqu’à septembre 2022.

En 2008, il entra au Comité national du PCF sur la liste alternative conduite par Marie-Pierre Vieu. Il quitta le Parti communiste en mars 2010.
Président de l’Atelier international du Grand Paris en 2011, il fut nommé en 2014, par Anne Hidalgo, Inspecteur général de la Ville de Paris chargé d’une mission sur le Grand Paris et participa à la création de Métropole du Grand Paris en 2016.
Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2011.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250504, notice MANSAT Pierre par Claude Pennetier, Alain Prigent, version mise en ligne le 13 août 2022, dernière modification le 13 octobre 2022.

Par Claude Pennetier, Alain Prigent

Pierre Mansat emmené par la police lors de l’évacuation de l’Église Saint-Bernard en 1996.
Pierre Mansat avec Josette Audin.

SOURCES : Alain Prigent, Madeleine Marzin (1908-1998). Bretonne, résistante et élue communiste de Paris, Éditions Manifeste !, 2022. — Pierre Mansat, Christian Lefèvre, Ma vie rouge. Meurtre au Grand Paris, Presses universitaires de Grenoble, 2021 (Pierre Mansat est le personnage principal sous le nom de Paul Métro), 159 p. — Témoignage de Pierre Mansat, 12 octobre 2022.

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