ARTAUD René, Léon

Par Eric Panthou

Né le 7 juin 1919 à Lyon (Rhône), 7ème arr., mort le 9 octobre 1976 à Gimeaux (Puy-de-Dôme) ; tourneur sur métaux puis entrepreneur ; militant des Jeunesses communistes (JC) puis du Parti communiste (PCF) ; condamné pour propagande en 1940 ; résistant au sein des FTP.

René Artaud était arrivé à Riom au début des années 1920 où sa mère, veuve de guerre, tenait la cantine de la Câblerie, importante usine. Il habitait au Moulin d’eau, à Rom, où il était tourneur. Mobilisé en 1939, il est réformé en avril 1940. Un délégué du Comité central du PCF venu à Clermont pour reconstituer les JC à l’été 1940, s’adressa à Jean Chalus, secrétaire de la cellule Thorez. Celui-ci l’invita à solliciter Georges Cathalifaud, de Riom mais celui-ci se récusa le 11 août en raison de ses occupations militaires. René Artaud, membre des JC, accepta de s’occuper des JC de Riom après avoir rencontré ce délégué se présentant sous le nom de Gabriel Norloff et disant travailler chez Michelin. Le délégué remis un tract à Artaud. Celui-ci, avec Chalus et René Mayet, d’accord avec Robert Delmas, ex secrétaire des JC de Riom, extrait des phrases du journal de l’ex PC et les placarde sur les murs de Riom, les poteaux. Un inspecteur saisit un journal communiste et divers documents sur Cathalifaud vers le 9 octobre 1940. Artaud avait déposé un tract à Cathalifaud le 21 août 1940 en lui demandant de le reproduire. Artaud lui avoua que c’est lui qui avait rédigé les placards collés le 19 août sur les murs de Riom. Vers le 15 août, quelqu’un apporta à Artaud une enveloppé contenant une douzaine de tracts intitulés « A bas la comédie de Riom ». Mayet a accepté de l’aider pour un collage de ces tracts vers l’usine des Signaux, à Riom, le 19 août. René Mayet avoua que c’était Artaud qui l’avait incité à reprendre une activité illégale à son retour de l’armée, distribution de tracts et collage de papillon.
René Artaud fut écroué avec Cathalifaud Georges, 21 ans, brigadier Caserne Dombrowsky, Mayet René-François, 23 ans, demeurant à Riom et Delmas Robert-Louis-Charles, 34 ans, demeurant 58, rue Gomot. Ils ont été inculpés, en août 1940, d’avoir à Riom et Clermont-Ferrand, depuis temps non prescrit, propagé les idées communistes, distribué et publié des tracts et un organe communiste et reconstitué une organisation communiste. Présentés au Parquet après instruction.ils ont été placés sous mandat de dépôt
Après les plaidoiries de Maîtres Charles Rauzier, Richard, Bourdier, le tribunal infligea 2 ans de prison à Delmas, 2 ans de prison à Artaud, 18 mois de prison à Mayet, 1 an de prison à Cathalifaud et 2 ans de prison à Chalus. Tous furent privés des droits civiques et politiques.
En avril 1941, il est considéré comme membre du PCF ou au moins sympathisant avant guerre, désigné avec 69 autres autres personnes de l’arrondissement de Riom comme suspect et contre qui des mesures préventives doivent être prises en cas de troubles.
A sa libération de prison de Chambéry, où il était avec ses camarades Robert Delmas, Jean Chalus, Jean-Marie Mayet, Chalumeau et Gelati, il poursuit le combat dans les rangs des FTP au titre d’engagé volontaire. Arrêté à Issoire en 1943, il parvint à s’évader et fut condamné à mort par contumace sous le pseudonyme de Jean Durand. Il s’engagea en 1944 dans les FTP au sein du camp Gabriel-Péri ou 12e Bataillon avec durée des services homologuées du 06 mai au 28 août 1944. Un dénommé Artaud, sans précision sur le prénom, est présenté par Jean Bac, chef départemental des FTP en 1944, comme appartenant à l’organigramme de l’état-major départemental des FTP, et chef de la 1111éme Compagnie du Camp Guy-Moquet. Est-ce lui ?
A la Libération, il reprit son travail de tourneur, mais son état se santé s’étant aggravé, il dut renoncer à cet emploi en 1947 et devint épicier ambulant jusqu’en 1962. A cette époque, il créa un élevage de gibier : cailles, faisans, etc. et, après de patientes recherches, il fut le premier en France à réussir la reproduction du lièvre en captivité. Sa renommé dépassa les limites de la région et la presse et la télévision vinrent l’interviewer. Il s’ensuit une extension considérable de son affaire. Son état de santé devait l’obliger à passer la main à ses enfants et, en 1974, il se retira à Gimeaux, où il décédé deux ans après sa retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article251402, notice ARTAUD René, Léon par Eric Panthou, version mise en ligne le 16 octobre 2022, dernière modification le 16 octobre 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W58 : PV Cathalifaud, 23/8/40. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W58 :PV René Mayet, 23/8/40. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W75 : état des résultats obtenus dans la répression des menées communistes par la 6éme brigade régionale de police mobile de Clermont-Ferrand du 1er septembre 1939 au 15 janvier 1941 ainsi que des menées contre la sûreté de l’état. Département du Puy-de-Dôme. — SHD Vincennes, 19 P 63/5, liste nominative des membres du camp Gabriel-Péri. — SHD Vincennes,dossier 19 P 63/4 : FTPF état-major départemental, Puy-de-Dôme — SHD, Vincennes, GR 16 P 18924, dossier FFI (nc). — Le Moniteur, 29 août 1940. — Le Moniteur, 10 octobre 1940. — Le Moniteur, 10 octobre 1940. — Nécrologie René Artaud (sans doute dans le journal La Montagne) copie dans Archives Jeanne Chalus, fédération PCF 63. — Arch. Champrobert, Le commissaire police Riom au sous-préfet de Riom, le 29 avril 1941. Liste nominative des individus suspects. — Généanet.

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