PENSÉE Jean, Étienne [PENSÉ]

Né le 26 octobre 1810 à Épinal (Vosges). Établi depuis 1825 à Paris, auxiliaire de la police.

Pensée fut condamné pour vol à trois mois de prison, le 16 novembre 1827, puis à cinq jours le 12 septembre 1838 pour cris séditieux, rébellion et association illicite. Il livra ses camarades, moucharda ses codétenus et entra au service de la police dès cette date sous les ordres immédiats de Bertin, sous-directeur de la police politique, et d’Henricy, officier de paix attaché spécialement à cette police. C’est pour leur service et quoiqu’il travaillât apparemment comme cordonnier en chambre, 4, rue Réaumur, que le 30 janvier 1851, il se fit arrêter avec les membres de la Société de Résistance dans l’« affaire des bulletins ». Il en était alors le chef sous la direction immédiate des cinq représentants du peuple Louis Greppo, Faure*, François Cholat*, Antoine Bruys* et Laboulaye*, désignés par les vingt-cinq Montagnards qui avait fait scission d’avec leurs collègues représentants du Cercle de la rue Richelieu. Il recrutait parmi les anciens conspirateurs et transportés de Juin, jouait sur la méfiance de ceux-ci à l’égard des représentants, et les entretenait dans la perspective de la lutte prévue pour 1852. Les renseignements qu’il fournit à la police ne furent pas étrangers à la décision enfin prise par le prince-président de faire le coup d’État.
Le 2 décembre 1851, en l’absence des cinq dirigeants parlementaires de l’organisation, dont quatre avaient été arrêtés le matin même, il sabota toutes les initiatives que prirent Mme Greppo, Pauline Roland et les représentants Pierre Malardier, Gindriez*, Lafont* et Alphonse Baudin, pour établir la liaison avec les affiliés de la Société de Résistance et avec les ouvriers de Paris. En présence de 400 à 500 membres de l’organisation, spontanément réunis place du Vieux-Marché-Saint-Martin, il tenta une diversion qui échoua, car ils rejoignirent le faubourg Saint-Antoine. Il avait déjà pu alerter la police politique et son chef Bertin, qui avait pris des mesures pour empêcher l’impression des proclamations préparées dans la nuit du 2 au 3.
Pensée, entraîné avec ses troupes vers le faubourg Saint-Antoine, ayant près de lui les chefs de groupe Trencart* et Mariave*, ainsi que le chef supérieur du VIe arr. (ancien), parvint faubourg Saint-Antoine alors que les soldats avaient déjà pris les barricades.
Pour se débarrasser des chefs de groupe qui le gênaient, il leur assigna à chacun une circonscription. Lui-même, sous prétexte de donner des ordres sur tous les points, courut de barricade en barricade pour aller ensuite informer Bertin des dispositions prises par les insurgés. Dès lors, sous couleur de se cacher pour ne pas être arrêté, il disparut, conférant de nuit avec les autorités supérieures de la police, en particulier avec Stroppé.
Toute son action avait exploité au maximum d’une part le choix fait de 1852 par les révolutionnaires pour opérer à l’occasion des élections une levée en masse, d’autre part la méfiance des masses ouvrières à l’égard des hommes politiques, enfin l’isolement par rapport à la population des « militants » confinés dans leurs organisations secrètes de révolutionnaires chevronnés.
Ses dénonciations d’individus guidèrent la répression dirigée contre les insurgés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article35943, notice PENSÉE Jean, Étienne [PENSÉ], version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 décembre 2022.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, B 1089 (Pensée) et B 1522 (Femme Greppo).

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