BOLOGNE Louis, Honoré

Né vers 1823 ; libraire à Paris ; blanquiste ; membre de l’AIT ; communard.

« Se disant » né en 1823 à Condé-sur-Aisne (Aisne) (« il n’a pas été trouvé d’acte de naissance applicable à cet individu », indique une note venant du tribunal de Soissons, du 25 avril 1879), marié, père de deux enfants, Louis Bologne était libraire-papetier à Paris. Avant 1871, son dernier domicile connu était 53 rue de Belleville (XIXe arr.).
Probable auteur des brochures Le Fils de l’exilé, cinq couplets signés par le citoyen Bologne, en 1849, et Le Général de Lamoricière et la science, pièce versifiée, en 1860, Louis Bologne fut blanquiste et membre de l’AIT. Il prit une part active aux réunions publiques qui marquèrent la fin de l’Empire. Il était souvent à Belleville, aux côtés aux Flourens, Lissagaray, Moreau ou Rigault, et il y défendait les associations de production.
Il comptait parmi les orateurs du club de la salle Favier, à Belleville, comme Jules Allix ou JulesVallès, et présida une réunion fort divertissante le 2 février. Il faisait partie des militants dont les discours furent réunis dans Les Orateurs des réunions publiques de Paris en 1869 par Louis-Albert. En octobre, à la Folies-Belleville, lors d’une réunion sur « La commune sociale et pas la dictature personnelle. C’est la dictature du peuple pour établir la liberté », il déclara que « dans une commune bien organisée, tous les citoyens doivent travailler à la chose publique, à la réorganisation de la société actuelle, les femmes soutenant leurs maris dans la lutte, les encourageant à combattre les abus, les privilèges, l’iniquité, et à se sacrifier s’il le faut dans l’intérêt de tous. » Sur ces mots, le commissaire décida de dissoudre la réunion.
Le 11 janvier 1870, il participa à une réunion visant la création de salles destinées aux réunions de clubs. Dans le gouvernement proposé par Belleville en ce début d’année et dont le président de la République était Henri Rochefort, Louis Bologne héritait du portefeuille de ministre de la Marine. Lors de la manifestation du 7 février contre l’arrestation de Rochefort, il prit la tête d’un des deux cortèges et fit avancer, en le tenant par la cravate et en le menaçant M. Barlet, le commissaire de police que Gustave Flourens avait arrêté. Bologne fut condamné par défaut le 9 février 1870 à un an de prison, pour « délit commis dans une réunion publique ». Le 9 août, la Haute Cour de justice, devant laquelle M. Barlet avait rapporté les faits, le condamna, ainsi que Flourens et Debeaumont, à la déportation dans une enceinte fortifiée. En décembre 1870, il reprocha « au gouvernement ses ménagements intempestifs à l’égard des propriétaires » et prônait la banqueroute si elle était « nécessaire pour sauver la République. »
En janvier 1871, il déclare, salle Favier, que « le plus grand siège que l’histoire ait jamais eu à enregistrer, c’est le siège actuel de Paris, et que jamais la constance du peuple ne s’est montrée à un tel degré ».
Il prit part ensuite à la Commune de Paris, en qualité de lieutenant à l’état-major de Bergeret. Après la défaite, il se réfugia à Pise (Italie), où il fréquentait « assidûment les réunions organisées par les réfugiés ». Il rencontra Gustave Lefrançais à Genève. En marge de son rapport de police figure cette mention : « Bologne est actuellement dans une situation aisée ». De fait, il commença en 1876 à dispenser ses libéralités aux déportés et à leurs familles ; il devait également financer l’Histoire de la Commune que projetait d’écrire Jules Vallès, et dont celui-ci parle dans une longue lettre adressée à Gabriel Ranvier depuis Londres le 29 septembre 1877. Le 7 août 1877, le citoyen Bologne avait fait une importante donation à la souscription permanente pour les déportés de la Nouvelle-Calédonie.
Condamné par contumace, le 14 septembre 1872, par le 14e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée, Louis Bologne fut gracié le 17 mai 1879.
De retour en France, il présida le 6 septembre 1880, aux côtés de Blanqui et Edmond Lepelletier, le banquet commémorant le 4 septembre, tenu route de la Révolte à Clichy, devant cent cinquante personnes. Le 28 novembre de la même année, il tint la vedette salle Graffart en évoquant Flourens Il lança l’idée d’un monument pour les victimes du Père Lachaise et s’engagea pour mille francs. Il donna également cent francs pour le sou électoral. Une telle munificence le rendit suspect – il avait été accusé d’être un mouchard de la police impériale par Le Mot d’ordre, ce qui suscita des échauffourées. Il projettait alors de publier un journal intitulé Juvénal et faisait de la publicité pour Le Triomphe du socialisme, pièce de théâtre à thèse de plus de 1900 pages, publiée à la Librairie du progrès dirigée par Maurice Lachâtre. Évoquant les orateurs Bologne, Vésinier et Oudet, Le Figaro dressa alors de lui ce portrait : « Le citoyen Bologne, un gros bonhomme à lunettes avec des cheveux gris qui essayent par leur longueur de compenser la disparition de la moitié de leurs semblables, avec une immense barbe blanche, a l’air très bon enfant. Pour lui comme pour les autres je ferai la remarque que j’ai déjà faite. Il n’a pas plus la tête d’un révolutionnaire que M. Grévy celle d’un potentat. »
En 1886, il offrit pour la « Grande loterie naturalisse pour Les Gas de Germinal » un lot d’armes composé « 1° d’un magnifique fusil à deux coups, 2° d’une paire de piques barbares, 3° de trois superbes sabres japonais, à lame damassée et sculptée, valant plus de 200 balles. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article53242, notice BOLOGNE Louis, Honoré, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 19 décembre 2021.

ŒUVRE : Le Fils de l’exilé, par le citoyen Bologne, Paris, impr. de Pollet, 1849, 1 p. – Bologne L., Le Général de Lamoricière et la science (en vers), Paris, impr. de Renou et Maulde, 1860, 14 p. – Bologne Louis, Le triomphe du socialisme, Paris, Librairie du progrès, 1880, 4 tomes, 447 p., 463 p., 454 p., 550 p.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/853, n° 938. — Arch. PPo., listes de contumaces. — Louis-Albert, Les Orateurs des réunions publiques de Paris en 1869. Compte-rendu des séances publiques publié par Louis-Albert, avec le concours d’une société de citoyens communistes et socialistes, Paris, Plataut, 1869. – Le Messager du Midi, 2 mars 1869, p. 1. – La Réforme politique et sociale, 6 octobre 1869, p. 3., 10 janvier 1870, p. 3. – La Réforme, 10 février, Le Figaro, 12 février 1870, p. 2, 29 novembre 1880, p. 3. - La Presse, 27 juillet 1870, p. 2. – Journal des débats politiques et littéraires, 3 décembre 1870, p. 1. – La Vérité, 16 janvier 1871, p. 4. – Le Courrier de Saône-et-Loire, 1er décembre 1880, p. 2. – Le Cri du peuple, 5 avril 1886, p. 3. – La France, 7 septembre 1889, p. 2. – Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un révolutionnaire, Bruxelles, Bibliothèque des « Temps nouveaux », n° 27, 1902. – Édouard Clunet, Les Associations au point de vue historique et juridique, t. 1, Paris, Marchal et Billard, 1909, p. 67. – Maurice Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, Armand Colin, 1960. – Gérard Delfau, Jules Vallès. L’exil à Londres, Paris, Bordas, 1971. —Alain Dalotel et alii, Aux origines de la Commune. Le mouvement des réunions publiques à Paris (1868-1870), Paris, Maspero, 1980, pp. 118-119 et 257. — François Gaudin, Maurice Lachâtre., éditeur socialiste (1814-1900), Limoges, Editions Lambert-Lucas, 2014. – Notes de Louis Bretonnière et François Gaudin.

Notice revue par François Gaudin

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