COSTA Baptiste, Amédée

Né à Cognocoli (Corse) le 29 février 1828 ; mort en Corse le 17 janvier 1899 ; tour à tour instituteur, comptable ; il servit dans la Garde nationale sous la Commune de Paris, au ministère de l’Instruction publique et professa activement des opinions socialistes.

Il avait fait des études primaires et supérieures à Cognocoli, Pila-Canale, Ajaccio et Oletta. En décembre 1846, nommé instituteur à Balogna, il fut très mal reçu par le maire qui souhaitait réserver le poste à son neveu et, de brimade en brimade, il blessa son ennemi d’un coup de feu, en juillet 1847, et prit le maquis ; puis il se réfugia en Sardaigne comme le voulait la coutume (mai 1849) et se mit sous la protection du célèbre « bandit » Santa-Lucia. Il revint se constituer prisonnier en 1852 et la cour d’assises l’acquitta.
Il se maria en 1856 et eut trois enfants, dont Louis Costa, né en 1863, futur fondateur de la Fédération de la Corse du Parti socialiste, puis, après le congrès de Tours de 1919, du Parti communiste. Devenu veuf, Amédée Costa se rendit à Paris avec son fils aîné et, le 1er avril 1864, il occupa l’emploi de « préposé écrivain » — sans doute comptable — aux bureaux de la manufacture de tabacs du Gros-Caillou ; il habitait, 168, rue Saint-Dominique. Il était apparenté aux Bonaparte et se vit l’objet de sollicitations officieuses des Tuileries, mais ne se laissa pas tenter, et au même moment échangeait des lettres avec Louis Blanc dont il épousait en grande partie les idées.

Un mois après la déclaration de guerre, le 18 août 1870, il s’enrôla dans la Garde nationale. Il était, le 18 mars 1871, de faction au ministère de l’Instruction publique, et a raconté de façon vivante les allées et venues inquiètes, incompréhensibles pour les gardes nationaux qui ignoraient tout des événements, entre le ministère et l’extérieur. Le soir, les gardes qu’on n’avait pas relevés, soucieux de ne pouvoir se rendre à la table familiale, questionnèrent le ministre Jules Simon qui leur fit servir un dîner au champagne !
Amédée Costa avait pour amis Grange et Viallet que la Commune délégua à l’administration du VIIe arrondissement ; Viallet était le collègue de Costa à la manufacture des tabacs. Ils s’attachèrent Costa qui travailla à leurs côtés jusqu’à la fin, entretenant des relations suivies avec Camélinat et exerçant un rôle modérateur ; il fit, par exemple, relâcher Cousté, son directeur à la manufacture, arrêté par Viallet.
Le 23 mai, il commit l’imprudence de se rendre au domicile de Grange, n’ayant pu rencontrer Viallet, probablement tué au combat dès les premières heures. Il y trouva la femme et les enfants de son ami en pleurs ; lui-même fut arrêté. Conduit devant la Cour martiale de la mairie du VIIe arrondissement, condamné à mort, Costa aurait été victime des exécutions sommaires s’il n’avait été reconnu par un soldat qui alla chercher deux amis, l’abbé Orsini, chapelain des Invalides, et le directeur Cousté. L’abbé accourut et le fit retirer du lot des condamnés, mais, une enquête dans le quartier lui ayant été défavorable, il fut une deuxième fois promis à l’exécution et aurait été fusillé si Cousté ne l’avait fait mettre en liberté provisoire. Quelques semaines plus tard, une commission spéciale se contentait de le renvoyer en Corse.

Il y reprit ses occupations de propriétaire terrien et fut maire de Cognocoli, de 1878 à 1888 ; il démissionna alors pour se consacrer au journalisme régional. Républicain, socialiste, il s’intéressa également à l’histoire de la Corse. Vers la fin de sa vie, il salua la création du Parti ouvrier français de Jules Guesde, qu’il regardait comme le chef naturel du prolétariat national.
Dès 1871, il notait l’intelligence politique de l’ouvrier parisien, mêlé dans la Garde nationale à des hommes d’autres classes, et nullement inférieur aux politiciens de métier. Jusque dans son testament, il affirma sa fidélité à l’idéal révolutionnaire : « Républicain par caractère, par tempérament et par esprit de famille, j’ai toujours professé cette doctrine radicale qui tend à affranchir le prolétaire d’une manière complète et absolue de l’asservissement d’une bourgeoisie égoïste et rapace qui l’exploite sans pudeur et sans vergogne. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article56073, notice COSTA Baptiste, Amédée, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 9 août 2019.

ŒUVRE : Corté, notice historique, Marseille, 1888. — Considérations sur l’économie politique et sociale (manuscrit, archives familiales). — Louis Blanc, sa vie, sa doctrine politique (manuscrit, archives familiales). — Souvenirs sur la Commune (manuscrit inachevé, archives familiales). — Articles de journaux : le Journal de la Corse, le Drapeau, le Petit Provençal, etc. (1865 à 1899).

SOURCES : Biographie et notes ont été communiquées par J.-A. Costa, petit-fils d’Amédée Costa.

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