DESCLÉE Philippe

Par Pierre-Henri Zaidman

Né le 12 janvier 1843 à Saint-Quentin (Aisne) ; homme de lettres ; habitant 10, rue des Carrières (XIXe arr.) pendant la Commune ; communard.

Fils d’un avocat républicain, contrôleur de la compagnie du gaz puis employé au comptoir d’escomptes, Desclée s’engagea pour cinq ans au 5e chasseurs en 1860, libéré il s’enrôla dans les zouaves pontificaux en mai 1866 mais il fut réformé le 31 mars 1867. Il se maria en 1870 à Paris (Xe arr.) à une institutrice qu’il quitta quelques semaines après. Il s’engagea alors au 10e chasseurs puis il obtint une mutation dans les ex-zouaves devenus Volontaires de l’Ouest commandés par de Charrette de la Contrie.
Libéré, il vint à Paris et se porta volontaire, soi-disant pour rejoindre un ancien sous-officier des zouaves, au début du mois d’avril 1871 dans l’escadron des Eclaireurs de la Marseillaise, formé à partir du 10e escadron des Eclaireurs à cheval fédérés. Il fut élu lieutenant le 8 avril. Il resta dans Paris avec son unité et monta plusieurs gardes. Au début du mois de mai, il fut nommé capitaine d’état-major du 1er escadron de la 19e légion fédérée. Le 13 mai il, écrivit à son père pour qu’il contacte son « cher camarade » Delescluze pour lui dire que son escadron étant prêt à marcher, il avait besoin de chevaux. La justice versaillaise lui reprocha essentiellement plusieurs arrestations. Le 9 mai, il fit arrêter un capitaine en état d’ivresse et confirma son incarcération le 21 mai. Il procéda à l’arrestation d’un homme qui tentait de sortir de Paris avec le laissez-passer d’un autre. Le 19 mai, chargé du service des rondes, il fit arrêter dans la journée deux passants « suspects à ses yeux ». Le chef de poste voulut les renvoyer, mais Desclée s’y opposa, et à force de menaces, il réussit à les faire conduire à la caserne de la rue de Tournon où ils furent relâchés au bout de quelques heures. Dans la soirée au cours de sa ronde, et, à la suite d’une altercation chez un marchand de vin, il fit arrêter encore quatre personnes qui conduites à un poste de la rue de Tanger, après une heure de détention, furent renvoyées libres par le chef de poste. Le 23 mai, il demanda par écrit à un commandant le chiffre et la nature de l’artillerie dont il disposait, et le 24, il signait pour le chef de la 19e légion, l’ordre à un commandant de réunir ses hommes sur la place de la mairie du XIe.

Non inquiété par la justice versaillaise, il échappa à la répression et le 4e conseil de guerre le condamna par contumace, le 22 avril 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique pour avoir exercé « une fonction dans des bandes armées ». Purgeant sa contumace, il fut arrêté le 7 octobre 1874. On perquisitionna chez lui et on trouva des pièces qui « établissaient son affiliation à une société religieuse dite la Chevalerie du Sacré-Cœur de Jésus dont il était commandeur, et à une autre société dite la Contre-Internationale ; enfin, plusieurs lettres ont révélé ses rapports avec différentes personnes chargée de fournir des armes et de recruter des hommes pour les Carlistes ». Il fut condamné, le 24 octobre 1874, à la déportation simple pour avoir exercé « un commandement dans des bandes armées, port d’armes et d’uniforme et arrestations illégales ». Sa peine fut commuée le 13 janvier 1875 en dix ans de bannissement.
En mars 1875 il était réfugié à Saint-Gilles, dans les faubourgs de Bruxelles. Il quitta la Belgique pour une destination non précisée en 1878. Il mourut le 29 juin 1880 à Paris (Xe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article57385, notice DESCLÉE Philippe par Pierre-Henri Zaidman, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 6 février 2020.

Par Pierre-Henri Zaidman

SOURCES : Arch. Min. Guerre, Ly 96, GR 8 J 165, GR 8 J 509-512, GR 9 J 1078. — Arch. Paris V4E 3796 (3034). — Arch. Nat., BB 24/810, C//3108, et ANOM H colonies 252. — Arch. PPo., listes de contumaces. — Ses dossiers du 4e conseil de guerre, 8 J 138 (982) et n° 1939, manquent aux Arch. Min. Guerre. — F. Sartorius, J.-L. De Paepe, Les Communards en exil. État de la proscription communaliste à Bruxelles et dans les faubourgs, Bruxelles, 1971. — Gazette des Tribunaux, 25 octobre 1874. — Régiment des zouaves pontificaux : liste des zouaves ayant fait partie du régiment du 1er Janvier 1861 au 20 Septembre 1870, Lille, Victor Ducoulombier, 1910. — Notes de M. Cordillot.

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