HAVEZ Auguste, Alexandre . Pseudonyme : GARNIER André à ELI (version DBK)

Par Claude Pennetier

Né le 4 avril 1897 à Carvin (Pas-de-Calais), mort le 11 février 1959 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; employé de mairie ; dirigeant communiste du Pas-de-Calais, de la Seine (Ivry, Vitry) et de Bretagne ; membre suppléant du comité central de 1947 à 1950 ; secrétaire administratif du PCF de 1945 à 1947.

Fils d’un mineur de Calonne-Ricouard (Pas-de-Calais), Auguste Havez qui avait été secrétaire de mairie dans cette localité, adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Il s’était marié en 1921 à Calonne, avec Eva Bertiaux, fille de mineur militant. Le couple habita Ivry-sur-Seine. Georges Marrane, maire d’Ivry, l’embaucha au service d’état civil de la mairie, le nomma régisseur du service des soupes populaires de la commune (21 janvier 1927), et en fit un des animateurs du 4e rayon communiste de la Région parisienne. Il était en 1927, rédacteur administrateur de l’édition de la banlieue sud du journal communiste L’Aube sociale. Il ne revenait qu’épisodiquement à son domicile où il « planquait » parfois des militants clandestins ; ainsi Maurice Thorez séjourna, en 1928, une quinzaine de jours dans son appartement.

La préfecture de Police de la Seine le présente comme élu au comité central du Parti communiste au congrès de Saint-Denis (mars-avril 1929), information qui n’est confirmée par aucune des autres sources. Cependant, plusieurs témoins et historiens lui attribuent pour la période 1928 à 1931, la fonction de responsable de l’appareil clandestin de liaison. Il aurait en particulier été un des organisateurs de la réunion du comité central clandestin à Achères (Seine-et-Oise), le 9 juin 1929, qui fut découverte par la police.

Mais ses fonctions ne se limitaient pas à ce travail puisqu’en décembre 1928, le bureau politique l’avait chargé des affaires municipales. Depuis mai 1929, Havez travaillait au siège du Parti communiste, 120, rue La Fayette, à la Société de recherches documentaires et d’informations municipales dont il devint, en juin 1929, secrétaire général. Comme pour la plupart des dirigeants communistes, les années 1929 et 1930 furent placées sous le signe des procès et des condamnations. La justice lança contre lui un mandat d’arrêt en juillet 1929 pour » complot contre la sûreté de l’État » et le fit emprisonner à la Santé. Il était en liberté provisoire depuis le 29 mai 1930.

Quelques mois plus tard, Havez partit à Moscou suivre les cours de l’École léniniste internationale. Son séjour dura un an et demi. Il était de retour en juillet 1931, puisqu’il fut chargé d’aller chercher Henri Barbé* sur son lieu de vacances pour le convoquer à une réunion exceptionnelle du bureau politique. Selon Barbé*, il lui aurait déclaré dans le train : « Depuis quelques jours, Manouilski est à Paris : il a eu de longues conversations sans témoin avec Maurice Thorez, André Marty et Raymond Guyot*. On parle de grands changements dans la direction du Parti pour mettre fin au travail fractionnel des jeunes. » La réunion du BP fut en effet consacrée à la mise en accusation du « groupe Barbé-Celor ». Havez participa activement à l’élimination du « groupe ». Sa présence est signalée à Moscou, en octobre 1931, au Présidium de l’Exécutif de l’Internationale où fut étudiée la mise à l’écart de Barbé* et de Celor*. À l’école, il suivit le cours abrégé

Il est noté comme « intelligent mais de force politique moyenne. Il possède de grande capacité de travail et d’assimilation Il pourrait progresser mais il est fatigué et malade. Ce camarade dont le dévouement pour le PC et les JC est illimité est disposé à tous les sacrifices pour le Parti selon ses termes. Il est spécialiste du travail illégal et pourrait être appointé à l’agit prop »

En mars 1932, toujours à Moscou, il fut le seul Français à participer au procès de Barbé* et de Celor. Bien que les souvenirs de Barbé* n’en fassent pas état, Havez accusa vraisemblablement Celor de liens avec la police. Ses activités durant le reste de l’année 1932 sont mal connues. Il travailla un temps à faire les évaluations des élèves de l’École léniniste internationale. Selon son épouse, il travaillait au service social de Vitry lorsqu’il se sépara d’elle en septembre 1932.

Au cours de l’année 1933, le bureau politique le chargea de suivre la Région communiste de Bretagne. Il s’installa sur place et fut secrétaire de l’Union régionale des syndicats unitaires de Bretagne, puis, à la réunification de la fin de l’année 1935, secrétaire adjoint de l’Union départementale CGT du Finistère. C’est lui qui créa en 1935 le journal La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime.

Auguste Havez revint à Vitry-sur-Seine au début de l’année 1936. Au lendemain des élections législatives d’avril-mai, le Parti communiste lui confia la fonction de secrétaire du groupe parlementaire communiste à la Chambre des députés. À ce titre, il fit en septembre 1936 la déclaration de gérance des journaux Le Courrier parlementaire et Le Correspondant parlementaire. Il aurait également été chargé des questions électorales à la section d’organisation et serait resté un des responsables des régions communistes de l’Ouest.
Les orientations politiques de juin 1940 le surprirent au point qu’il prit l’envoyé de la direction du PCF pour un provocateur. Il fallut un voyage à Ivry puis un contact, au Mans, avec Lucienne Chaussinaud, agent de liaison de la direction clandestine du PCF, pour qu’il comprenne la réalité des directives de travail légal orienté uniquement contre le gouvernement de Vichy. « Je passai la nuit— écrit Havez — à faire un rapport en justifiant ma position. La conclusion de mon rapport était la suivante : “Que Maurice me pardonne mais s’il doit prendre le pouvoir dans ces conditions, ce ne peut être que comme gauleiter”. » Vers la fin de l’année 1940, Venise Gosnat le remplaça dans l’Ouest et Havez entra au triangle de direction nationale du Secours populaire en 1941.

La police l’arrêta en mars 1942 et un tribunal le condamna le 24 mars 1943 à trois ans de prison et 1 200 F d’amende. Après avoir séjourné à la prison de Clairvaux puis à celle de Blois (septembre 1943 à février 1944), il fut transféré à Compiègne pour être déporté en Allemagne à Mauthausen, Melk et Ebesee d’où il fut libéré le 14 mai 1945. Havez avait contribué à l’organisation de la résistance dans les camps. Son attitude pendant l’Occupation lui valut d’être décoré de la Légion d’honneur.

Le premier congrès communiste tenu après la Libération (10e congrès, juin 1945) ne l’élut ni au comité central, ni dans les diverses commissions. Il exerça vraisemblablement la fonction de secrétaire administratif sans être membre du comité central. D’ailleurs le 11e congrès (juin 1947) ne l’élut au CC que comme suppléant. Auguste Lecœur lui succéda comme secrétaire en 1947 et Havez — qui avait gardé son bureau — se consacra aux problèmes municipaux. Au 12e congrès (avril 1950), il ne fit plus partie du comité central.

Dans les années qui suivirent, Auguste Havez, qui selon plusieurs témoignages était profondément découragé, acheta une épicerie à Vitry. Il apparaît encore en 1952 comme directeur adjoint et actionnaire du Centre de diffusion du Livre et de la Presse, société communiste d’édition. Il fut exclu du Parti communiste en 1957 et adhéra peu après au Mouvement communiste démocratique et national d’Auguste Lecœur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73226, notice HAVEZ Auguste, Alexandre . Pseudonyme : GARNIER André à ELI (version DBK) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 août 2009, dernière modification le 29 septembre 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 249. — Notice par J. Maitron et Cl. Pennetier dans le DBMOF. — Notes de Sylvain Boulouque.

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