PILLOT Armand, Joseph, René. Pseudonyme à l’ELI : LEGRAND (DBK)

Par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

Né le 20 décembre 1892 à Nantes (Loire-Inférieure), mort le 28 janvier 1953 à Paris (XVIIIe arr.) ; électricien puis ajusteur-mécanicien ; élève de l’École léniniste internationale ; député communiste de la Seine (1936-1940).

Son père ouvrier cordonnier, fonda le syndicat des cordonniers de Nantes en 1884 et en resta le secrétaire jusqu’à 1918. Sa mère était blanchisseuse. Titulaire du certificat d’études, anarchisant, Armand Pillot fut à son tour militant syndical à partir de 1907. Il fut arrêté en 1909 pour une « action de grève » dans un entreprise de charpente métallurgique puis accusé faussement de vol ce qui l’envoya dans une maison de correction jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans. Suite à une tentative d’évasion collective, il fit 90 jours de cachot à la prison de Bourges. En septembre 1910, il fit une grève de la faim qui provoqua son transfert à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) d’où il fut libéré le 20 juillet 1912.

À sa sortie, il travailla dans le bâtiment et conduisit une grève, puis il entra à la compagnie des omnibus de Paris, mais fut rapidement renvoyé pour son action syndicale. En 1914 pendant son service militaire dans la marine, il fit deux mois de prison pour propagande révolutionnaire. Mobilisé, il manifesta comme les brutalités faites à un soldat allemand, fit 90 jours de prison. Le conseil de discipline le dégrada et le fit verser dans l’armée de terre, en section spéciale à la Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’en septembre 1915, puis au front où il dit avoir continué l’agitation. Il semble avoir terminé la guerre affecté spécial en usine. Ayant adhéré au Parti socialiste SFIO après la guerre son l’influence de Georges Marrane, partisan de la IIIe Internationale, il rallia les rangs du Parti communiste après le congrès de Tours sur les bases de la tendance Heine-Leroy. Dans un document autobiographique, il signale sa participation active aux grèves de métallurgistes parisiens. Il appartenait à la cellule Citroën de Saint-Ouen, fut secrétaire du rayon et siégea au comité régional depuis juin1925. Il devint un des secrétaires permanents (à l’organisation) de la Région parisienne.

De juin à décembre 1926, il séjourna pendant six mois en Union soviétique pour suivre les cours de l’École léniniste internationale mais aussi comme stagiaire à l’IC. En juin 1926, Vassiliev demandait « d’enregistrer le camarade Legrand dans l’effectif du service d’organisation à compter du 3 juin, comme instructeur stagiaire du parti français selon l’accord du Secrétariat. Lui attribuer un chambre au Lux. Ainsi qu’une avance de 30 roubles sur le salaire. ». Un rapport du Komintern note qu’il a travaillé pendant un temps à la section d’organisation de l’IC, où il fréquenta Vassilieff et Piatnitsky. Il retourna à Moscou en juillet 1928 pour participer au VIe congrès de l’Internationale communiste. Il dit avoir appartenu au CC du PC de 1927 à 1929. Dans son autobiographie du 17 mars 1932, il écrit : « exclu, ne fut pas du groupe ‘au contraire il me voua une haine sans principe ‘ ». Il ne donne aucune autre explication sur cette exclusion qui semble être temporaire.

Membre de la Fédération CGTU des Métaux, il faisait partie de 1923 à 1927 de sa commission exécutive. Il fut reconduit dans cette fonction en 1930. De 1929 à 1932, Armand Pillot avait été conseiller prud’homme de la Seine, section des Métaux et industries diverses.

Domicilié dans le XVIIIe arrondissement, il se présenta sans succès aux élections législatives de 1928 et en 1932 dans la seconde circonscription (quartier de Clignancourt). Candidat encore malheureux aux élections municipales de mai 1935, il fut élu à la Chambre des députés en 1936, obtenant au second tour 13 569 voix sur 28 289 inscrits. Membre de la commission de la Marine militaire et de la commission de l’Aéronautique, il s’occupa surtout des problèmes sociaux, des accidents du travail et des chômeurs.

Dans une note manuscrite (de 1939 ?), Fried le qualifiait de « sectaire », mais misait sur sa fidélité. Faisant partie comme les autres députés communistes du Groupe ouvrier et paysan français en septembre 1939, il se désolidarisa du PCF le 22 décembre suivant. Il ne fut donc pas déchu de son mandat en janvier 1940 et vota le 10 juillet les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Arrêté le 22 juin 1941, il fut libéré en août 1941 sans doute à l’initiative de Marcel Gitton*, il était signalé parmi les membres du comité central du POPF à la fin de la deuxième “Lettre ouverte aux ouvriers communistes”. Il figurait sur la liste noire n°1, janvier 1943, (des espions traîtres renégats, suspects et agents de la gestapo exclus du Parti communiste), comme « traître ». À la Libération, il fut arrêté puis libéré fin septembre 1944. Il disait ne pas avoir été membre du POPF en ayant un rôle minime et ne fut pas jugé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75938, notice PILLOT Armand, Joseph, René. Pseudonyme à l'ELI : LEGRAND (DBK) par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 17 janvier 2010, dernière modification le 13 novembre 2019.

Par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : RGASPI, 495 270 8506 (documents traduits du russe par Macha Tournié). — Arch. Nat. F7/13771. — Arch. PPo. 321. — Agendas de la BT de Paris. — Dict. parl., op. cit. — Le Travailleur du XVIIIe, 20 avril 1935. — Arch. Tasca. — B. Pudal, Th., op. cit. — La libre Belgique, 31 décembre 1939.

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