CHAPOULIE Pierre

Par Justinien Raymond, Jean-Louis Prud’homme

Né le 20 avril 1852 à Lévignac-de-Guyenne (Lot-et-Garonne, mort le 11 avril 1901 (acte de décès n° 1513) au 25 rue du Château, Paris (XVe arr.) ; ouvrier cordonnier ; militant socialiste de l’Allier, de la Gironde et de la Seine.

Selon sa fiche militaire, Pierre Chapoulie s’était engagé pour la durée de la guerre le 30 août 1870 au 3ème régiment de zouaves. Il résidait alors 3 rue Saint-Jean à Bordeaux. Après une rapide instruction son régiment se trouva engagé dans l’armée des Vosges en octobre 1870, puis dans celle de la Loire enfin dans l’armée de l’Est, dite l’armée Bourbaki, début décembre. Ses 87847 soldats survivants furent internés en Suisse à partir du 1er février 1871. Leur rapatriement eut lieu du 13 au 24 mars. À son retour, il milita au sein de l’association l’Égalité de Bordeaux.
Délégué de trois chambres syndicales, du groupe des anarchistes et de celui de L’Égalité de Bordeaux au congrès de Saint-Étienne (1882), il suivit la minorité guesdiste à Roanne qui fonde le Parti Ouvrier. Il y adhère aussitôt et il y collabore à Bordeaux.
Son action se porta quelque temps dans l’Allier autour de Guesde et de Jean Dormoy. À la suite d’une tournée de propagande à Bénezet et Montluçon, les 22 et 23 septembre 1882, il fut poursuivi en compagnie de Jules Guesde, Paul Lafargue, Jean Dormoy sous l’inculpation de provocation au pillage des usines et de la Banque de France, à la pendaison des patrons et d’excitation à la guerre civile. S’il fut acquitté, Guesde et Lafargue, furent condamnés par la cour d’assises de Moulins les 25 et 26 avril 1884 à 6 mois de prison et 100 francs d’amende. Dormoy qui comparaissait seul le 26 subit les mêmes peines. Après cette tournées de conférences dans l’Allier, il vécut cours Saint-Jean à Bordeaux.
Son activité syndicaliste et socialiste lui avait donné une grande influence sur la classe ouvrière bordelaise ; représentant des chambres syndicales ouvrières sur la liste socialiste aux élections législatives de 1885, il recueillit le plus grand nombre de voix, 931, des onze candidats socialistes, après Antoine Jourde. Mis à l’index, il gagna Paris où, « Doué d’un réel talent de parole et d’une ardeur infatigable, il se consacre à la propagation des idées collectivistes dans les milieux ouvriers de Paris. » (La Lanterne, 13 avril 1901). En 1896 il résidait 77 rue de Breteuil (aujourd’hui disparue), Paris 3ème.
Il participe au congrès international de 1889, au 15e congrès national du POF du 10 au 13 juillet 1897 à Paris, salle de l’Hôtel Moderne, place de la République. Au 1er congrès général des organisations socialistes salle Japy du 3 au 8 décembre 1899, il représente la 1ère circonscription du XVe arrondissement.
Candidat aux élections municipales dans le XIVe arrondissement de Paris, quartier de Plaisance le 8 mai 1887 il est crédité de 346 voix ; dans le XVe, quartier de Javel le 18 février 1894 (élection complémentaire) il en obtient 71 ; dans le IIe arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle le 3 mai 1896, il en recueille 399. En 1900 il ne reçoit pas l’investiture du POF de l’agglomération parisienne dans le 14ème, quartier Montparnasse. Malgré tout, il se présente au scrutin du 6 mai et n’emporte que 88 voix contre 145 à Étienne Favrais qui lui avait été préféré. Pour « s’être montré ambitieux, réfractaire à la discipline consentie entre socialistes » (journal le Parti ouvrier du 26 mai 1900), le POF informe contre lui au Comité Général. Il encourut une sanction du Comité. Celui-ci, se réunit le 20 mai. Comme il eut la prudence de ne pas mentionner POF.sur ses affiches, ce que firent remarquer Zévaès, Bracke et même Favrais, il ne fut pas exclu.
Candidat dans la 1ère circonscription du XIVe arr. aux élections législatives de 1889, il recueillit 516 voix. Dans la 3ème circonscription de Sceaux le 8 mai 1898, soutenu par Ferdinand Roussel, maire d’Ivry-sur-Seine, avec l’investiture du POF, contre Jules Coutant député socialiste sortant, il n’obtient que 275 voix contre 9 936 à Coutant, élu dès le 1er tour.
Il mourut le 11 avril 1901 (acte de décès n° 1513) au 25 rue du Château, Paris XVe et fut incinéré le 13 avril 1901 au Père Lachaise, (case 1443).
Il avait un frère prénommé également Pierre, également cordonnier, né le 3 mars 1854 à Lévignac-de-Guyenne. Dans les années 1880, demeurant au 4 rue Veyrines à Bordeaux il milita comme son frère au groupe socialiste bordelais. Pour les distinguer, le Cri parle de Chapoulie aîné et de Chapoulie jeune. Ce dernier se suicida le 23 juillet 1895 au 86 boulevard de la Chapelle, Paris XVIIIe arr. Il laissa un testament original par lequel il déclara qu’il ne se connaît que des amis pour lesquels il éprouve une égale affection. « Pendant dix ans j’ai économisé pour acheter un très joli service de table en porcelaine qui ne m’a coûté pas moins de 115 francs. J’avais l’intention de l’étrenner en offrant un dîner à tous mes amis. N’en ayant pas les moyens, je meurs pour ne pas manquer à ma parole, mais pour que mes bons amis ne perdent rien, je leur lègue mon service de table » suivi d’une liste fort longue d’habitants du quartier recevant qui deux assiettes, qui une soupière, qui des raviers.
SOURCES : Archives de Paris, de Gironde, du Lot-et-Garonne, Le Cri, La Lanterne, Bulletin officiel de la ville de Paris, compte rendu sténographique des congrès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78859, notice CHAPOULIE Pierre par Justinien Raymond, Jean-Louis Prud’homme, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 14 septembre 2022.

Par Justinien Raymond, Jean-Louis Prud’homme

SOURCES : Archives de Paris, de Gironde, du Lot-et-Garonne. — Le Cri, La Lanterne, Bulletin officiel de la ville de Paris, compte rendu sténographique des congrès. — Compte rendu du congrès de Japy. — Renseignements fournis par M. Bécamps. — Hubert-Rouger : Les Fédérations socialistes I, p. 48 ; II, p. 112, III, pp. 136, 143, 165, 171. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., pp. 611-612. — Renseignements communiqués par G. Rougeron.

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