JACOBY A. (citoyenne ou Mme) [Parfois Mme JACOBI]

Par Madeleine Guilbert

Née vers 1859, morte le 13 mai 1931 à Charny (Seine-et-Marne) ; ouvrière des tabacs à Paris ; militante CGT, secrétaire adjointe de la fédération CGT des tabacs ; militante socialiste Allemaniste.

Ouvrière à la manufacture des tabacs du Gros-Caillou à Paris, elle prit des responsabilités syndicale au niveau de son syndicat, puis de la fédération des tabacs dès la fin du 19e siècle (au moins dès 1897). Dès cette époque la presse remarque son éloquence.

En 1901, elle fut déléguée à Londres à une manifestation pour la paix et, le 30 juin, dans la La Voix du Peuple, avait publié un article intitulé : « À toutes les organisations qui ont délégué à Londres la citoyenne Jacoby ». Le 2 juillet elle rendit compte de son mandat lors d’une réunion à la Bourse du Travail de Paris, sur le rôle des femmes au point de vue syndical.

Du 22 au 27 septembre 1902, elle assista comme déléguée au XIIIe congrès national corporatif — 7e de la CGT — tenu à Montpellier (Hérault) . Elle y représentait, avec Lelorrain, la fédération nationale des Tabacs. Le 22 septembre, elle présida la séance de l’après-midi, ce qui fit événement, car c’était la première fois qu’une femme présidait un tel congrès.

Membre du Comité confédéral national, elle assura en province de nombreuses tournées de conférences ; on en trouve les annonces dans La Voix du Peuple, et dans de nombreux journaux (Le Petite République, Le Parti Ouvrier, Le Petit-Journal, etc.).

Membre du Comité central de la fédération des Tabacs, elle assista, à ce titre, au congrès de 1911 (Paris, 19-24 juin) et prit une part importante à la vive polémique qui opposa hommes et femmes lorsque vint en discussion la revendication de la fourniture de vêtements pour les femmes. Des délégués firent remarquer que les hommes n’avaient pas encore eu complète satisfaction sur ce point et leur intervention semblait mettre en question l’opportunité d’une demande concernant les femmes. La citoyenne Jacoby répliqua que, jusque-là, les femmes n’avaient rien eu et elle ajouta : « Nous avons été trop payées d’ingratitude depuis que nous luttons pour que vous ayez satisfaction [...]. Depuis trop longtemps on nous donne un salaire stupide pour le temps passé dans l’administration, sous prétexte que ce salaire est un salaire d’appoint. La femme qui a ses enfants à élever paie son loyer la même chose que l’homme ; elle a besoin de travailler toute la journée pour élever sa famille ». Jacoby participa activement à la discussion du rapport sur la semaine anglaise. Elle rappela que l’obtention de la journée de neuf heures n’avait pas eu pour conséquence une diminution des salaires et estima que la situation des manufactures et l’augmentation de la production, grâce à l’introduction des machines, étaient favorables à la revendication des huit heures avec maintien des salaires.

En 1914 au moins, elle était secrétaire adjointe de la fédération des tabacs, et cette responsabilité fut régulièrement rappelée.

Le 19 juin 1930, lors du congrès de la fédération des tabacs, on lui rendit hommage, après avoir salué la mémoire de Siette et de Dunot, militants de la fédération disparus. Elle prit la parole et rappela les difficultés que rencontrèrent les pionniers de l’idée syndicale chez les ouvrières et les ouvriers des manufactures. Elle affirma « sa foi dans la disparition des divisions actuelles pour le plus grand bien du prolétariat ».

En 1902, elle devait être membre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane, car le 1er juin 1902, elle signa un éditorial dans le journal Le Parti Ouvrier.

Mme Jacoby était aussi une militante féministe, dans la mesure où, au moins dès 1902, elle revendiquait des droits pour les femmes et dénonçait le fait que « la femme a toujours été lésée », et qui a « toujours été prise pour sa domestique ».

Depuis 1928, elle s’était retirée à Charny (Seine-et-Marne), au milieu des retraités et des orphelins dans les locaux de l’Entraide sociale, œuvre de la fédération des tabacs. Le 13 mai 1931 elle y mourut, et de nombreuses délégations des manufactures des tabacs de Paris et de province firent le déplacement pour ses obsèques le 16 mai 1931. Elle avait une fille, Mlle Jacoby.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article81629, notice JACOBY A. (citoyenne ou Mme) [Parfois Mme JACOBI] par Madeleine Guilbert, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 4 février 2021.

Par Madeleine Guilbert

SOURCES : Le Peuple, 20 juin 1930, 14 mai 1931, 17 mai 1931Le Réveil du Nord, 23 septembre 1902. — Le Radical, 5 juillet 1901. — Le Parti ouvrier, 19 décembre 1901, 1er 1902, [21 décembre 1902], 26 juin 1903. — L’Humanité, 21 juin 1904, 23 juin 1904, 24 juin 1904, 23 mai 1908. — Le Nouvelliste du Morbihan, 24 avril 1906. — Le Courrier de Saône et Loire, 25 septembre 1902. — L’Aurore, 24 septembre 1902. — La Petite République, 6 juillet 1899, 2 juin 1902, 3 juin 1902, 4 juin 1902. — Le Phare de la Loire, 21 avril 1914. — La Petite Gironde, 1er juillet 1897. — La Fronde, 2 octobre 1902 — Notes de Gilles Pichavant.

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