Par Jean Prugnot
Né le 13 juin 1898 à Paris (XVe arr.) ; mort le 20 septembre 1988 ; typographe ; syndicaliste ; écrivain.
Fils adultérin de parents non dénommés, abandonné à l’Assistance publique, d’une mère appartenant à la bourgeoisie fortunée de Paris, Gabriel Jacques est né à l’hôpital, et il a raconté son enfance et son adolescence dans un long récit, Moi, Jacques sans nom.
L’enfant, confié à une infirmière qui le fit baptiser et lui servit de marraine, fut caché de nourrice en nourrice pour écarter les risques possibles d’un scandale, cela d’un orphelinat religieux à un pensionnat de Charenton, avant d’être confié à l’Assistance publique où on lui choisit un nom : Gabriel Jacques. Après le dépôt de la rue Denfert-Rochereau, il fut conduit, en 1905, à sept ans, dans une agence du Bourbonnais où des « parents nourriciers » vinrent faire leur choix. Emmené dans une ferme, il y connut, pendant sept années, l’existence affreuse qu’il a retracée dans ses souvenirs. À quatorze ans, en septembre 1912, il réussit, sur sa demande insistante, à entrer à l’école professionnelle d’Alembert de l’Assistance publique, à Montévrain, en Seine-et-Marne, et se fit inscrire au cours de typographie. En août 1914, l’école ferma, réquisitionnée par l’autorité militaire pour servir d’hôpital auxiliaire, et l’adolescent fut obligé de retourner à la ferme où, toujours indignement exploité, il commença à manifester sa révolte. En mars 1917, il fut mobilisé au 92e régiment d’Infanterie à Clermont-Ferrand. Des années plus tard, en 1925, il réussit, par l’intermédiaire d’une agence de police privée, à connaître l’adresse de sa mère, devenue veuve. La dernière partie de son livre raconte les lamentables retrouvailles, l’inconscience et la sécheresse de cœur de cette femme riche et désœuvrée dont il espérait regrets et tendresse, — et qui mourut en 1951. Gabriel Jacques ne connut jamais le nom de son père.
Après un passage au centre d’instruction de Troyes, Gabriel Jacques fut affecté, au début de 1918, au 102e RI et monta en première ligne au Mont Cornillet, puis, en Belgique, au Mont Kemmel. À l’armistice, il était à Sedan. En février 1919, il accepta de partir comme volontaire pour la Pologne, appréhendant de ne savoir où se rendre quand arriverait son tour de permission. Fin juin 1920, il fut démobilisé et revint à Paris. Il réussit à se faire embaucher comme typographe dans une imprimerie de labeur, d’abord à l’essai, son apprentissage ayant été interrompu par la guerre. À force de persévérance, il parvint à se réadapter. Ouvrier qualifié, il travailla successivement dans trois imprimeries, pendant treize ans. À partir de 1933, il exerça son métier dans des entreprises de presse, — au Quotidien, puis à L’Intransigeant — Mobilisé en 1939, il reprit du travail, en 1940, à Paris-Soir, imprimé à Clermont-Ferrand et ensuite à Lyon jusqu’à la fin de l’occupation allemande. De retour à Paris, Gabriel Jacques entra à Paris-Presse en 1945. Syndiqué à la CGT, il fut délégué du personnel de 1947 à 1955 et secrétaire du comité d’entreprise à l’Imprimerie du Croissant de 1955 à 1959.
Retraité depuis octobre 1961, Gabriel Jacques se retira à Montluçon.
Gabriel Jacques s’était marié à Lignerolles (Allier) le 18 avril 1921 avec Marie, Louise Guillien.
Par Jean Prugnot
SOURCES : Livre et correspondance de Gabriel Jacques. — État civil, Paris, XVe arr., 28 novembre 1986. — État civil en ligne cote V4E 9909, vue 20.