GUILLET Ernest, Joseph, Léon, Alphonse

Par Daniel Grason

Né le 13 mars 1910 à Simplé arrondissement de Château-Gontier (Mayenne), mort le 3 juin 1988 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; artisan coiffeur ; sympathisant communiste ; résistant ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils d’un couple de domestiques, Ernest et Marie née Chevalier, Ernest Guillet, célibataire vivait 25 rue de la Butte-aux-Cailles dans le quartier de la Maison-Blanche à Paris (XIIIe arr.). Il exerçait sa profession dans son salon de coiffure au 4, rue de Taiti à Paris (XIIe arr.). Du recrutement de Laval en Mayenne, classe 1930, affecté au Service sanitaire, il fut fait prisonnier par les allemands. Libéré le 3 octobre 1940, il a été démobilisé.
Dans son quartier de la Butte-aux-Cailles Ernest Guillet lançait des papillons sur la voie publique. Probablement dénoncé la police enquêta. Son domicile et son salon de coiffure furent perquisitionnés le 4 octobre 1941. Deux inspecteurs de la BS1 saisissaient au-dessus de la chasse d’eau des W-C de l’immeuble de la rue de la Butte-aux-Cailles trois tampons en caoutchouc représentant la faucille et le marteau et un tampon encreur. À son domicile, un morceau de bois portait des entailles correspondant à l’un des tampons. À son salon de coiffure, en la présence d’Ernest Guillet, six cents papillons portant la Faucille et le Marteau étaient trouvés dans le tiroir du lavabo.
Interrogé dans les locaux de la BS1, il déclara qu’il avait fabriqué les tampons de sa « propre initiative et sans en avoir reçu les instructions de quiconque […] et je m’en suis servi à plusieurs reprises pour apposer la faucille et le marteau sur les murs de mon quartier. » Quant aux papillons saisis « j’avais » répondit-il « l’intention de [les] projeter sur la voie publique. […] Je n’en ai pas eu le temps. »
Il affirma que « cette diffusion devait être la dernière. […] J’avais en effet décidé de cesser ce mode de propagande en raison de l’action présente de la police. » Un inspecteur de la BS1 qui interpella Ernest Guillet témoigna le 13 octobre 1941 devant le juge d’instruction. Il n’expliqua pas comment les soupçons se portèrent sur Ernest Guillet. Il déclara : « Il résulte de l’enquête que Guillet ne paraissait affilié à aucune organisation, et il parait bien avoir agi de sa propre initiative. » Il précisa « que des papillons de même nature que ceux fabriqués par Guillet, étaient diffusés sur la voie publique dans différents quartiers. Guillet a d’ailleurs reconnu qu’il projetait ces papillons dans divers quartiers de Paris. »
Ernest Guillet confirma et explicita ses motivations : « En agissant ainsi, je voulais seulement démontrer mes sympathies pour la cause russe ; ces sympathies sont nées surtout depuis que la Russie est entrée en guerre, c’est d’ailleurs depuis cette époque que j’ai commencé à diffuser les papillons. »
Sur la base de ses déclarations, Ernest Guillet a été inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 et conduit au Dépôt. Il comparut devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris le 24 novembre 1941 à 18 heures 25, il fut condamné à dix-huit mois de prison et cent francs d’amende.
Incarcéré à Fresnes, puis à Clairvaux, il était le 16 avril 1943 à Compiègne dans le convoi de 994 hommes à destination de Mauthausen. Ernest Guillet matricule 26794 a été affecté au Kommando de travail de Loibl Pass. Les détenus étaient chargés de creuser un tunnel entre l’Autriche et la Slovénie. Les déportés astreints à ce travail furent libérés dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 par les partisans de Josip Broz Tito. Quatre cents trente-huit détenus de ce convoi moururent dont cinquante-huit furent gazés à Hartheim.
Ernest Guillet fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF). Il déménagea, habita 27 rue Eugène-Pelletan à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne. Ernest Guillet épousa le 28 juillet 1968 Jeannine Suzanne Eléonore Nault en mairie de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il fut signataire d’un tract du Conseil local de la Paix qui appelait la population à manifester le vendredi 21 octobre 1960 à 18 heures 30 devant la mairie pour la paix en Algérie.
Il mourut le 3 juin 1988 à Fleury-Mérogis à l’âge de soixante-dix-huit ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89144, notice GUILLET Ernest, Joseph, Léon, Alphonse par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 avril 2020, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/19 dossier 156. – Arch. PPo. activités communistes pendant l’Occupation, carton 11, BA 2056, 77 W 1746-103079, 77 W 5348, 77 W 5367. – Notes de Jean-Pierre Besse. – Livre mémorial, FMD, – Éd. Tirésias, 2004. – État civil AD Mayenne 4 E 300/15 acte n° 6, décès acte n° 708 N sources INSEE site Match ID.

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