HUGONNIER Auguste [HUGONNIER Joseph, Auguste].

Par Maurice Moissonnier

Né le 19 juin 1911 à Belley (Ain) ; élève de l’ELI. Combattant de la Résistance, député du Rhône aux Assemblées constituantes de 1945 et 1946 et à l’Assemblée nationale (1949-1951).

Fils d’un journalier typographe, marié, père de deux enfants. Dirigeant des Jeunesses communistes et du Parti communiste à Lyon, Marseille et Bourges avant la Seconde Guerre mondiale. Directeur de la Voix du Peuple et de la République, organes communistes de la région lyonnaise. Évadé en 1943 d’un camp français.

Les parents d’Auguste Hugonnier exploitaient une petite ferme et, comme il arrive souvent dans le Jura, le père complétait le revenu familial par un travail artisanal ; il était maroquinier. Élevé dans la religion catholique, l’enfant cessa toute pratique religieuse à partir de douze ans au moment, où, son Certificat d’études acquis, il entra en apprentissage comme typographe. À seize ans, en 1927, il fut le fondateur de la première cellule du Parti communiste et donna son adhésion aux Jeunesses communistes à Belley bien qu’il n’adhérât officiellement au parti qu’en 1930. En 1929, à la fin de son apprentissage, il entra au syndicat unitaire du Livre et, en même temps, il fut appelé au bureau de la 17e Entente des Jeunesses communistes (région lyonnaise). Il avait trouvé un emploi à Lyon et, à la suite de deux grèves du Livre, en 1929 et 1930, il fut licencié.

Il suivit en 1930 les cours de l’école régionale du Parti puis en 1932, les cours de l’école par correspondance.

Il quitta alors Lyon pour Oyonnax où il assura le secrétariat des Jeunesses communistes du « rayon » de l’Ain. Peu de temps après, il s’installa à Marseille où il fut, dès 1932, élu secrétaire régional des JC pour la région méditerranéenne et, en juin de la même année, au congrès national de Montigny-en-Gohelle, il fut promu au Comité central de la Fédération des Jeunesses communistes. Il assumait aussi des responsabilités au bureau régional du Parti communiste et, en 1933, il fut envoyé à Bourges pour participer à la direction de la région du Centre et il travailla à l’imprimerie de Bourges. Il revint à Lyon à la fin de 1934 après avoir suivi les cours de l’école centrale du Parti, à Arcueil, en 1933, (il avait déjà suivi en 1930, à Oyonnax une école régionale). Devenu membre du bureau régional, il se vit confier la responsabilité de l’hebdomadaire du parti La Voix du Peuple. Sous sa direction, cette publication se développa, passant de quatre à six pages. En juin 1935, après la conquête de la mairie par le Parti communiste, il ajouta à ses fonctions celle de secrétaire du « « ayon » de Villeurbanne, le plus important de toute la région.

Il semble qu’il soit parti à l’École léniniste internationale en juillet 1935. Dans l’organigramme de la région lyonnaise, il est comme membre du comité régional âgé de 27 ans en 1937, typographe et employé municipale ayant fait 4 mois d’École internationale. Il était par ailleurs mentionné qu’il était noté à « A1 » et exempté de service militaire.(RGASPI 517 1 1891)

Aux élections législatives d’avril-mai 1936, il porta les couleurs du parti dans la 7e circonscription de Lyon qui correspondait au VIe arrondissement. Au premier tour il obtint 2 146 voix, arrivant en troisième position, à deux cents voix du radical Grammont qui appartenait aux " deux cents familles ". En dépit de cette circonstance gênante, il se désista conformément à la discipline du Front populaire mais le candidat de droite, l’URD Burgeot l’emporta. Le 10 octobre 1937, il participa à une nouvelle compétition électorale pour un siège de conseiller d’arrondissement dans le 8e canton de Lyon, avec 1 390 voix au premier tour ; il se désista au second pour le radical socialiste Rivière qui fut élu.

Depuis 1936, il assumait les fonctions importantes de secrétaire régional à la propagande et, pour cette raison, le 23 mai 1937, il avait cédé à J. Michon (voir ce nom) la direction de la section de Villeurbanne. En 1936 et 1937, il effectua de nombreuses missions auprès des combattants des Brigades internationales en Espagne. Il fit partie de nombreuses délégations aux congrès nationaux de PC ; dans cette période, en particulier, il participa au congrès d’Arles.

Au moment des opérations de répression qui suivirent l’interdiction, en 1939, du Parti communiste il était trop connu pour ne pas être frappé. Déjà, en 1937, il avait été traduit en correctionnelle à la suite d’une plainte du Parti populaire français (PPF) et de Philippe Dreux directeur du journal « national-syndicaliste » l’Attaque pour un article paru dans La Voix du peuple, et condamné le 10 novembre 1937 à 50 F d’amende et 500 F de dommages et intérêts. Le 23 octobre 1939, il fut donc arrêté et interné au fort du Paillet à Dardilly-le-Haut (Rhône) avec plus d’une trentaine de militants communistes ou syndicalistes. Au bout de quatre mois, il fut expédié dans une compagnie spéciale disciplinaire sur le front des Alpes mais, en 1940, au lieu de le démobiliser, on l’enferma au camp d’Oraison (Basses-Alpes) et de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Le 24 mars 1943, alors qu’il allait être livré aux nazis, il s’évada au cours d’un transfert et rejoignit les maquis de la Haute-Vienne. Sous-lieutenant FFI, il organisa pour le compte du Parti communiste, une imprimerie clandestine dans la région de Marseille qui fonctionna jusqu’à la Libération de la ville à laquelle il participa, les armes à la main. Pendant un mois, il y dirigea le journal Rouge-Midi puis il revint à Lyon en compagnie de Georges Lévy* qui rentrait de sa captivité en Algérie.
Il reprit alors à Lyon la direction de la Voix du peuple devenu l’organe quotidien du Parti et retrouva sa place au comité fédéral et au bureau fédéral du Rhône. Lorsque, en 1947, la Voix du peuple cessa de paraître, il devint directeur du quotidien régional La République édité à la suite de la fusion de plusieurs journaux communistes, fonction qui n’était pas une sinécure si l’on pense qu’elle lui valut au moment des guerres d’Indochine et d’Algérie près de cinquante condamnations allant jusqu’à la privation de ses droits civiques...

En 1946, il fut élu à l’Assemblée constituante, troisième sur la liste communiste de la première circonscription du Rhône, et réélu en 1949 à l’Assemblée nationale où il remplaça à la commission de la presse le député Mathilde Méty, tombée malade. Il avait été élu au conseil municipal de Villeurbanne.

En 1958, aux premières élections législatives de la Ve République, Hugonnier fut encore candidat du PC dans la 3e circonscription de Lyon (1er et 4e arrondissements) contre Jacques Soustelle qui fut élu ; il arriva en deuxième position devant l’ancien député radical Desgouttes.

De 1944 à 1954, il appartint au syndicat CGT des journalistes et, après 1954, date où il cessa ses fonctions à la République pour devenir représentant au syndicat CGT des VRP. De 1927 à 1935, il avait appartenu à la Fédération Sportive et gymnique du Travail (FSGT). Après 1944, il milita aussi à la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes (FNDIRP), à l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et à la Fédération des officiers de réserve républicains (FORR). Hugonnier est titulaire de la Médaille des évadés. Marié le 24 novembre 1932 à Marseille avec Marguerite Crédoz, divorcé, Auguste Hugonnier épousa à Villeurbanne (Rhône), le 27 juillet 1962, Marthe Aublanc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89436, notice HUGONNIER Auguste [HUGONNIER Joseph, Auguste]. par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 septembre 2010, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Réponses à un questionnaire. — Archives personnelles. — Collections de La Voix du Peuple, 1935-1939, 1944-1947. — La République, 1948-1954. — État civil de Belley.

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