ALESSANDRI Pierre, René

Par Jacques Girault

Né le 24 décembre 1904 à Cargèse (Corse), mort le 13 novembre 1980 à Ajaccio (Corse) ; professeur adjoint, puis surveillant général ; militant communiste, adjoint au maire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de 1944 à 1952.

Fils d’Elie Alessandri, négociant à Cargèse en 1904, devenu garagiste ou industriel selon les sources, qui avait été candidat aux élections municipales d’Aix-en-Provence en 1929 et en 1935, Pierre Alessandri, élève du lycée Mignet, obtint le baccalauréat (Mathématiques) en 1926. Il commença une licence de mathématiques à la faculté des sciences de Marseille, tout en étant maître d’internat aux collèges de Barcelonnette (Basses-Alpes) puis d’Arles (Bouches-du-Rhône).

Après le service militaire, il devint répétiteur aux collèges de Menton (Alpes-Maritimes) puis de Bourgoin (Isère) en 1932 où il occupa vers 1937 les fonctions de surveillant général.

Membre du Parti communiste depuis 1926, animateur de la cellule communiste locale, fondateur en 1934 de l’Université populaire de Bourgoin, Alessandri fut, au moment du Front populaire, le porte-parole du Parti communiste dans les réunions publiques. En 1937, il cumulait les responsabilités de secrétaire de la section communiste de Bourgoin, de membre du comité de la région lyonnaise et de secrétaire adjoint de l’Union locale de la CGT. Selon le rapport pour la conférence régionale de décembre 1937, il était le secrétaire rétribué de l’Union départementale de la CGT, indication qui paraît peu fondée. Toutefois, l’envoyé du comité central proposait de l’enlever du comité régional.

Alessandri, en raison de ses responsabilités, affronta le sénateur-maire radical Robert Delmont. Lors d’une réunion du conseil d’administration du collège en février 1937, il accusa le maire de maintenir le collège dans un mauvais état. Dès lors le maire n’eut de cesse que d’obtenir son déplacement. Compte tenu de son activité politique dans un contexte local où les militants se réclamant du fascisme étaient actifs, Alessandri se fit remarquer des services de police par une attitude résolue. Aussi l’accusa-t-on de politiser l’établissement. Le principal interrogé décrivit son activité professionnelle qui s’inspirait selon lui de la stricte neutralité. Mais le maire fit remarquer que le chef d’établissement était aussi corse ! Une pétition des professeurs affirma que la politique restait à la porte du collège. Or depuis 1935, Alessandri demandait à se rapprocher de sa famille dans les Bouches-du-Rhône. Il renouvela sa demande en 1937 ; le maire multiplia les démarches pour se débarrasser de lui. Peu de temps après, il retira sa demande et sa lettre fut appuyée par Maurice Thorez en octobre 1937. Pendant ce temps, les affrontements se poursuivaient avec les groupes de droite, avec la municipalité et un groupe de parents.

Finalement, en février 1939, par lettre au recteur, Alessandri demandait un congé d’un mois et sa mutation, « ma vie à Bourgoin est un quotidien cauchemar » écrivait-il. Plusieurs députés des Bouches-du-Rhône et le maire d’Aix intervinrent en sa faveur. Il finit par obtenir un poste de répétiteur au lycée Périer - Saint Charles à Marseille où il resta pendant toute la guerre, le lycée ayant pris le nom de Philippe Pétain. Il se maria en juillet 1939 à Aix-en-Provence avec une secrétaire médicale ; deux enfants naquirent de cette union.

Pierre Alessandri participa à la Résistance fort active parmi les enseignants. Membre du comité local de Libération et de la délégation municipale d’Aix, président de la commission de sécurité de l’arrondissement d’Aix (commission d’épuration) qui siégeait à l’Hôtel de la Mule noire, rue Lacépède, il entra en conflit avec le sous-préfet qui lui reprochait d’outrepasser ses droits.

Membre du Parti communiste et du Front national, il devint adjoint au maire (MLN puis socialiste SFIO) de la ville. Élu en mai 1945 et en octobre 1947, indiqué alors « commerçant » dans les résultats officiels, il occupa le poste de premier adjoint tout en étant en congé pour « convenances personnelles » de l’Éducation nationale. Il réintégra un poste de professeur adjoint au lycée Thiers à Marseille en septembre 1950 mais en démissionna deux mois plus tard, la charge devenant trop lourde. Mais l’année suivante, il entra en conflit avec son parti et dut démissionner de ses mandats. Il demanda sa réintégration en 1953. Marcel-Edmond Naegelen, l’ancien ministre socialiste de l’Éducation nationale l’appuya, le décrivant, en « disgrâce » par rapport au PCF, « sans situation, complètement ruiné et découragé ».

Pierre Alessandri occupa un poste de professeur adjoint au lycée d’Avignon (Vaucluse) avant de devenir surveillant général au collège d’Orange (Vaucluse) en 1956. Il partit alors pour l’Afrique équatoriale française comme surveillant général (au Gabon, Libreville en 1958, en Haute-Volta à Bobo-Dioulasso en 1959, puis au Cameroun à Douala en 1959).

Par la suite, Alessandri revint en métropole comme surveillant général au lycée Marcel Roby à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise/Yvelines) à partir d’octobre 1960. Chargé de l’internat, diminué pour des raisons médicales (environ 160 jours de congés entre avril 1963 et décembre 1965), il entra en conflit en 1967-1968 avec le proviseur qui finit par obtenir que sa note administrative soit fortement baissée, puis relevée par la commission administrative paritaire, et surtout sa rétrogradation comme adjoint d’enseignement, pour « insuffisance professionnelle », au petit lycée Condorcet à Paris en avril 1968, la CAP, réunie le 12 février 1968, s’étant partagée (4 voix pour, quatre voix contre, la voix du président avait permis de prendre cette décision.

Le Syndicat national des enseignements de second degré s’empara de cette affaire, multiplia les démarches. Finalement Alessandri, par décision ministérielle, fut déplacé « dans l’intérêt du service » comme surveillant général au lycée Paul Lapie à Courbevoie (Seine/Hauts-de-Seine) en octobre 1968. Il entama un recours devant le Tribunal administratif défendu par l’avocat Jean Cornec et ses arguments furent rejetés.

Alessandri prit alors sa retraite en 1970. Il habitait Asnières (Seine/Hauts-de-Seine) avec son épouse qui travaillait à la Sécurité sociale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9835, notice ALESSANDRI Pierre, René par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat, F17 liasse n° 2 minutes 1970, AJ 16/5831. — RGASPI, 495 270 3857 (consulté par Claude Pennetier), 18 février 1938, 517 1 1893. — DBMOF, notice rédigée par Pierre Broué. — Arch. com. Aix-en-Provence (C. Brohon). — Notes de R. Mencherini.

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