LAROCHE Ernest

Par Raymond Justinien, Gilles Morin, Jean-Étienne Dubois

Né le 4 octobre 1887 à Châteldon (Puy-de-Dôme), mort le 7 décembre 1962 à Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme) ; ouvrier verrier puis journaliste. Militant syndicaliste, secrétaire général de la Fédération nationale de la verrerie, coopérateur et socialiste ; maire de Puy-Guillaume (1926-1944), conseiller général de Châteldon (1926-1940), député (1928-1932 ; 1936-1942).

Ernest Laroche
Ernest Laroche
Base de photos de l’Assemblée nationale.

Issu d’une famille d’artisans (son père était ferblantier) et de petits cultivateurs, Ernest Laroche fut ouvrier verrier au sortir de l’école primaire. Il assura le secrétariat du syndicat des verriers de Puy-Guillaume. Jeune encore, Ernest Laroche fonda la “Coopérative de Solidarité ouvrière”. 

En 1910, Laroche adhéra au Parti socialiste SFIO. Deux ans plus tard, il était élu conseiller municipal de Puy-Guillaume et devait en devenir maire en 1925. Mobilisé en août 1914 au 92e pour plus de quatre ans de combat sur le front français et dans l’armée d’Orient, il fut démobilisé avec le grade d’adjudant. Après trois blessures et trois citations pour faits de guerre, il fut décoré de la Croix de guerre, de la Médaille militaire, de la Médaille des Engagés volontaires et fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

Dans l’après guerre, il eut un rôle important dans la Fédération nationale confédérée des travailleurs du verre, dont il fut membre de la commission exécutive fédérale, au moins à partir de 1923. Il fut aussi secrétaire de la section Sud-est de la fédération. Ce rôle s’était affirmé lors du congrès de Paris (5 au 9 avril 1923), au cours duquel il fut élu membre de plusieurs commissions restreintes, dont l’une fut instituée au cours du congrès pour dépasser le malaise créé par le conflit entre, d’un coté, le syndicat confédéré de la verrerie ouvrière d’Albi, et, de l’autre, la direction et le conseil d’administration, dans un contexte de neutralité du secrétariat fédéral et la confédération. Cette affaire connaissait alors un vif écho médiatique, et se termina l’année suivante par le départ du syndicat d’Albi de la fédération. C’est lui qui présenta la proposition de résolution au congrès, apportant un plein soutien du congrès au syndicat d’Albi. Celle-ci fut votée à l’unanimité. Lors du Comité national des 13, 14 et 15 novembre 1924 il fut élu au secrétariat de la fédération du verre, chargé de la propagande. Il entra en fonction le 15 décembre.

Il était secrétaire général de la SFIO pour la région sud-est en 1921 et membre secrétariat de la fédération du parti en 1924. Laroche entra dans l’arène politique lorsqu’il fut élu conseiller général de Châteldon en janvier 1926 (réélu en 1931 et 1937). Il était maire du Puy-Guillaume depuis1925 (puis réélu en 1929 et 1935). Il succédait au député socialiste Joseph Claussat décédé en novembre 1925. Cette même année, il devint administrateur de La Montagne, le journal dirigé par Alexandre Varenne, jusqu’à son élection comme député deux ans plus tard. Il dirigeait par ailleurs L’Auvergne socialiste, organe de la SFIO du Puy-de-Dôme. En 1928, candidat aux élections législatives, dans l’arrondissement de Thiers, il recueillit 6119 voix (sur 21676 inscrits et 17 233 suffrages exprimés), en tête de tous les candidats, bénéficia du désistement du député sortant radical-socialiste, Huguet (4069) et fut élu au ballottage par 8975 voix contre 8 512 à Cotillon, républicain-socialiste. En 1932, il perdit son siège passant de 8 592 à 9136 voix (21 325 inscrits, 17 823 votants) au profit d’un homme de droite déguisé en socialiste indépendant, Pradel, qui s’éleva de 6610 à 9665 voix. En 1936, Laroche fut réélu au premier tour député de Thiers par 9239 voix (sur 20755 inscrits et 17 204 suffrages exprimés), contre 6475 à Béchon, socialiste indépendant et 1325 à Néron, communiste. Il appartint aux deux Assemblées dans lesquelles il siégea à la commission des douanes et aussi en 1928 et à la commission de l’hygiène et en 1936 à celle de l’Algérie, des colonies et des pays de protectorat. Il fut candidat aux sénatoriales du 20 octobre 1935.

Antimunichois, bien que dégagé des obligations militaires, Laroche demanda à contracter un engagement volontaire. Incorporé au 28e génie avec grade d’adjudant, il parti dans une unité radio et fut nommé sous-lieutenant en avril 1940. Il arriva à Vichy le 9 juillet 1940. Le 10 juillet 1940 à Vichy, Laroche vota l’octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain Il fut maintenu au conseil municipal par Vichy en février 1941. Il se comporta comme un administrateur soucieux de la population, sans se compromettre avec les autorités et surtout avec les occupants. Après l’invasion de la zone-sud en novembre 1942, en liaison avec l’Armée secrète, il participa au camouflage d’armes de la garnison de l’armée d’armistice qui était stationnée dans sa ville. Il contribua à l’aide de prisonniers évadés et de résistants traqués par la Gestapo. Il mit à la disposition du maquis, pour son ravitaillement, la coopérative “ La Solidarité ouvrière ” dont il était le directeur. Mais, en conséquence de son vote du 10 juillet 1940, il fut exclu du PS rénové en son congrès de Paris (1944). 

Le 1er octobre 1945, le Jury d’honneur, présidé par René Cassin, ne le releva pas de l’inéligibilité qui l’avait frappé à la suite de son vote du 10 juillet 1940 : " Considérant que M. Laroche n’a pas fait d’opposition au gouvernement de Vichy. Que les actes qu’il a accomplis en faveur de Français et de la Résistance n’impliquent pas la participation à la lutte contre l’ennemi sur laquelle la nation était en droit de compter de la part de ses mandataires " (J.O. du 14 octobre 1945). Le Comité départemental de Libération s’était opposé à son relèvement d’inéligibilité. Le préfet de la Libération, également consulté sur son cas, évoquait son amitié pour Laval, le disait " acquis à l’orientation politique de vichy sans avoir fait de propagande active pour ce régime " et ajoutait : " Néanmoins, M. Laroche ne s’est jamais révélé hostile à la Résistance et il ne peut lui être reproché d’avoir commis des actes nuisibles aux Français ".

Il était père de trois enfants et marié à la petite-fille d’un proscrit du 2 décembre 1851.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116045, notice LAROCHE Ernest par Raymond Justinien, Gilles Morin, Jean-Étienne Dubois, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 1er juillet 2019.

Par Raymond Justinien, Gilles Morin, Jean-Étienne Dubois

Ernest Laroche
Ernest Laroche
Base de photos de l’Assemblée nationale.

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 6E1617 ; 3M4365. — Arch. Nat., fonds du Jury d’honneur, AL/5292. — Compte rendu du XVIIIe congrès national de la Fédération CGT du Verre, 5-7 avril 1953. — La Montagne (Clermont-Ferrand), 9 décembre 1962. — La Voix des Verrier, avril 1921, janvier 1922, novembre 1923, 1er mai 1923, janvier 1924, 1er mars 1924, 1er décembre 1924, 1er janvier 1925 (BNF) — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaire, t.VI, p. 2133. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op.cit. — Jean-Étienne Dubois, Les députés du Puy-de-Dôme de 1919 à 1942, mémoire de maîtrise sous la direction de Mathias Bernard, Université Blaise Pascal, 2004 (les élus socialistes étaient Henry Andraud,, Joseph Claussat, Aimé Coulaudon, Ernest Laroche, Adrien Mabrut, Albert Paulin, Alexandre Varenne et Antoine Villedieu. Notes de Gilles Pichavant.

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