SCHPIRO Samuel dit SPIRO dit Henri

Par Daniel Grason

Né le 21 novembre 1911 à Budapest (Hongrie), mort le 6 mars 1995 à Tarbes (Hautes-Pyrénées) ; ouvrier nickeleur polisseur, artisan ; militant communiste de la Main-d’œuvre immigrée ; déporté à Auschwitz puis à Dora.

Fils de Jérémie et de Malka Teitenbaum, Samuel Schpiro arriva avec sa famille en France le 7 juillet 1913. Il déposa une demande de naturalisation le 15 janvier 1930, mais ne se présenta pas. En 1932, il habitait 9 rue Godefroy-Cavaignac à Paris (XIe arr.), déménagea l’année suivante au 44 rue Sedaine, il était membre du comité de la région Paris-ville de la Fédération des jeunesses communistes de France, exerçait la profession de nickeleur polisseur.
Il vivait avec Marie-Louise Gustin, ils eurent deux enfants, Denise née en août 1930 et Ginette en mars 1934, le couple se maria en octobre. En avril 1935, il s’inscrivit au registre du commerce des artisans, ouvrit avec sa femme un atelier de nickelage et de polissage au 36 boulevard de la Bastille, (XIIe arr.), puis au 1 de la rue Pelée dans le XIe arrondissement.
Lors de la déclaration de guerre, il manifesta son souhait de défendre la France qu’il considérait comme sa patrie. Incorporé le 15 octobre 1939, il fut affecté à la Division du groupe d’infanterie n° 212 à Fontainebleau (Seine-et-Marne), libéré un an plus tard avec le grade de caporal.
Une lettre anonyme fut enregistrée à la préfecture de police le 10 juillet 1941, Samuel Schpiro était dénoncé comme : « sujet russe meneur communiste très ardent et qui continu même maintenant tracts inscription sur le mur (très intelligent et rusé) ». Un inspecteur des renseignements généraux fit une enquête, dans un rapport du 2 août, il soulignait que : « Jamais il ne fit œuvre de propagandiste révolutionnaire et communiste auprès des gens qu’il eut l’occasion de fréquenter. Partout on se plaît à la cataloguer comme un individu sérieux, travailleur, ponctuel et ne s’intéressant pas aux choses de la politique ». Le policier concluait : « La dénonciation dont il est l’objet ne semble être que le résultat de sentiments d’étroite jalousie ». La Gestapo arrêta Samuel Schpiro le 23 juillet 1943 pour des actes de résistance, emprisonné en Allemagne.
Il fut déporté le 31 juillet 1944 dans le convoi n° 60 à destination d’Auschwitz en Pologne, son nom fut orthographié Spira.
En août 1984, il témoigna dans l’Humanité de l’action menée à Auschwitz par des militants de la Main-d’œuvre immigrée : « Le 11 novembre 1943, une édition spéciale de l’Huma clandestine a été rédigée et diffusée dans le camp d’Auschwitz. Le papier était fourni par des sacs de ciment et les journaux étaient destinés aux
jeunes des chantiers de jeunesse envoyés par Pétain en Haute-Silésie. »
« Les rédacteurs et diffuseurs [s’appelaient :] Varga, Grybowski Maurice, Alfred Besserman, Korman et le signataire de ces lignes. Les deux premiers n’ont pas de tombe, leurs cendres se sont envolées dans la plaine. Les deux suivants sont morts en France, jamais remis de leur séjour à Auschwitz. »
« Le dernier est au soir d’une existence durant laquelle l’action militante, modeste mais sans failles, n’a jamais été interrompue depuis 1927. »
Samuel Schpiro fut transféré à Dora en Allemagne, où les fusées V2 étaient fabriquées. Le 11 avril 1945, des troupes américaines entrèrent dans le camp, il fut rapatrié.
Peu après son retour de déportation, il se sépara de sa femme, vécut dès 1946 avec Marie Betton. Il reprit son activité professionnelle à l’atelier de chromage qui en janvier 1947, fut au nom de sa compagne. Il milita au parti communiste, fut membre de la section du XIe arrondissement. Samuel Schpiro et Marie Betton demeuraient 3 rue du Cloître Saint-Merri, (IVe arr.). Il obtint par décret du 11 février 1949 la nationalité française, en 1958.
Samuel Spiro a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR).
Samuel Spiro se remaria au début des années cinquante avec Monique Métivier. Le couple eut deux enfants Pascal né en mars 1952 et une fille Dominique née en 1955. Il eut une vie professionnelle active, fonda un atelier de chromage et traitement des métaux à Tarbes. Il fut contacté par le Lycée Technique d’État (LTE) qui formait des techniciens supérieurs. Il créa une section Traitements de surfaces et enseigna, tout en continuant son activité de chromeur, jusqu’à sa retraite. Il fut aussi chargé de cours de ’’traitements de surfaces’’ à l’École d’Ingénieurs de Tarbes durant de nombreuses années.
Il a été décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Médaille de la déportation, de la Croix des combattants volontaires, et fait Officier de la Légion d’honneur.
Domicilié à Tarbes, militant de la FNDIRP dans le Sud-Ouest, il resta membre du Parti communiste jusqu’à sa mort le 6 mars 1995 à Tarbes. Il mourut 6 mars 1995 à Tarbes, fut inhumé au cimetière d’Arcizac-Adour.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article139711, notice SCHPIRO Samuel dit SPIRO dit Henri par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 décembre 2020, dernière modification le 9 décembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 1723. – Notes de son fils, Pascal Spiro, décembre 2020. – Par-delà les Barbelés, témoignages recueillis par David Diamant, Édité par les rescapés et les familles des fusillés, 1986, p.214. – Site internet CDJC. – État civil site internet Match ID.

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