MAETENS Charles, Ferdinand. [Belgique]

Par Jean Puissant

Né à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) le 30 juillet 1842. Mégissier, teinturier en peaux, syndicaliste, militant de l’Association internationale des travailleurs puis du Parti ouvrier belge, frère de Philippe Maetens.

Charles Maetens, teinturier en peaux, s’exprimant indifféremment en flamand et en français, participe à la création de l’Association professionnelle des teinturiers en peaux en mai 1867. En avril 1864, avec César De Paepe* et Laurent Verrycken, il a signé un appel « aux ouvriers », en faveur d’une caisse d’assurance vie pour ouvriers. Il est membre des Solidaires et de l’Association Le Peuple, à l’origine de la première section de l’Association internationale des travailleurs (AIT) en août 1865. En septembre 1865, Charles Maetens signe, avec Jean-Baptiste Boone, l’annonce d’une conférence. Il siège régulièrement au bureau de diverses activités de l’AIT. Membre du comité administratif, il est le cosignataire d’une adresse le 20 mai 1868, ironique, au ministre de la Justice, Jules Bara, le remerciant d’avoir évoqué l’AIT à la Chambre et s’indignant qu’il puisse émettre l’idée d’interdire le quatrième Congrès international à Bruxelles.

Charles Maetens participe à ce Congrès comme délégué de l’Association des mégissiers et teinturiers en peaux de Bruxelles qu’il a contribué à fonder. En décembre 1868, il est le trésorier du Conseil général belge et réside rue de l’Épargne au n°5. C’est à ce titre que Maetens est interrogé dans le cadre de la vaste opération menée contre la direction de l’AIT, à la suite des événements de Seraing (pr. et arr. Liège), de l’adresse du Conseil général du 13 avril et de la grève des mineurs borains qui a conduit à l’arrestation de certains de ses collègues.

Des éléments intéressants ressortent de cette situation. Du point de vue politique, Charles Maetens se défend de préparer la révolution : « Je ne resterais pas un seul moment membre de l’association … si certains poursuivent un but que je réprouve, celui de descendre avec les armes dans la rue, et, à plus forte raison, celui de vendre la nationalité du pays… Les buts de l’article 2 − du règlement de l’AIT − ne pourront être atteints que lorsque le SU (suffrage universel) sera établi. Le 3e but sera réalisé par la coopération, par les sociétés de consommation et de résistance ». La cotisation annuelle serait d’un franc, dont vingt centimes pour le Conseil général. La moitié est versée à Londres au Conseil général international. Le reste est utilisé pour le fonctionnement, le défraiement des meetinguistes. Le 15 avril, au moment de la saisie par la police, il reste 13,45 francs en caisse. Charles Maetens cite la somme totale encaissée de 400 francs, ce qui correspondrait à 2.000 cotisations pleines payées − rappelons que les autorités cherchent « le trésor » de l’Internationale −. Le procureur général De Bavay reconnaît, dans une lettre du 8 mai 1869 au ministre de la Justice, qu’il n’est pas possible de retenir l’escroquerie. Il y confirme les informations données par Maetens concernant la section bruxelloise de l’AIT : cotisation d’un franc par an, vingt centimes pour le Conseil général (dont dix pour Londres), trente centimes pour la caisse mutuelle, et le solde, cinquante centimes, pour le fonctionnement de la section. Vingt personnes, dont cinq arrêtées, sont inculpées pour formation « d’une association dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés… » Le 29 juillet 1871, il est mis fin aux poursuites. Mais la répression a exercé ses effets. Maetens disparaît de la photo, provisoirement. En août 1885, il participe à la reconstitution du Syndicat des teinturiers en peaux.

En 1887, secrétaire de la Ligue ouvrière, Charles Maetens figure parmi les candidats du Parti ouvrier belge aux élections communales à Molenbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). La liste n’obtient que 200 voix tandis que les libéraux obtiennent plus de 1.000 voix et les indépendants (catholiques) 600. Il habite rue Derosne, n°21 et participe, comme orateur, aux meetings dans la commune dès 1886. Le frère aîné de Charles Maetens, Philippe dit Jacques, né en 1840, ouvrier mécanicien qui habite à quelques dizaines de mètres, rue Saint-Martin, participe également à des meetings à la même époque.

Le journal, La Bataille, de Namur du 24 avril 1898 évoque l’Association des teinturiers en peaux « fondée naguère par notre ami Maetens », ce qui en ferait alors un dissident, étant donné l’orientation prise par l’organe namurois à cette époque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144273, notice MAETENS Charles, Ferdinand. [Belgique] par Jean Puissant, version mise en ligne le 21 janvier 2013, dernière modification le 27 octobre 2023.

Par Jean Puissant

SOURCES : PUISSANT J., La politique communale du POB. Son application dans trois communes bruxelloises : Bruxelles, Molenbeek, Schaerbeek, mémoire de licence ULB, Bruxelles, 1965 − WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie Internationale (1866-1880), deel I, Leuven-Paris, 1970 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60).

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