MOUCHEBŒUF Eugène, Maurice, Raoul, écrit parfois MOUCHEBOEUF [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 30 avril 1880, à Dreux (Eure-et-Loir), mort le 12 mars 1925 à Paris ; colporteur, journalier, camelot ; anarchiste.

Eugène Mouchebœuf (1909)
Eugène Mouchebœuf (1909)
cc Arch. PPo BA/1514

Eugène Mouchebœuf commença à faire de la propagande antimilitariste à Dreux avant 1904, date à laquelle il émigra en Belgique. Il en fut expulsé la même année pour son activité politique. Arrivé à Paris, il se mit à fréquenter les milieux anarchistes. La police considérait Mouchebœuf, qui « s’adonne à la boisson », comme un militant « de second plan » surtout affairé à distribuer des tracts et à coller des affiches.

En 1907, Eugène Mouchebœuf était militant de l’Association internationale antimilitariste (AIA).

Dans la nuit du 22 au 23 avril 1907, l’AIA placarda sur les murs de Paris une affiche intitulée « Aux soldats ! » les enjoignant à désobéir si on leur ordonnait de réprimer les manifestations du 1er mai. Mouchebœuf figura parmi les 21 signataires de cette affiche, et parmi les 12 qui passèrent en procès les 24 et 25 juin 1907 devant la Cour d’assises de la Seine. Les onze autres étaient Louis-Alexandre Aulagnier (42 ans), Louis Coriol (49 ans), Camille Binet (27 ans), Gaston Delpech* (secrétaire du syndicat des ouvriers bijoutiers, 26 ans), Charles Grauvogel* (27 ans), Joseph Lelong (30 ans), Marius Salles (garçon de café, 19 ans), Henri Turpin (secrétaire du syndicat des ouvriers en voiture, 32 ans), Alphonse Vallet (typographe, 25 ans), Léon Veber (24 ans). La ligne de défense des inculpés, défendus par Mes Willm, Hervé et Bonzon, était de dire qu’ils n’avaient fait que reproduire les écrits d’Aristide Briand et de Georges Clemenceau avant que ceux-ci ne soient membres du gouvernement. Les douze furent acquittés. Quelques semaines avant le procès, l’affiche avait de nouveau été placardée, avec cette fois cent signataires, qui écrivirent au juge d’instruction pour réclamer leur inculpation.

Après la fusillade de Raon-l’Étape (Vosges) du 28 juillet 1907, où l’intervention de l’armée contre les chaussonniers en grève fit deux morts et plusieurs dizaines de blessés, l’AIA récidiva. L’affiche « Aux crimes, répondons par la révolte » était plus violente et appelait cette fois ouvertement les soldats à fusiller les officiers qui leurs ordonneraient de tirer sur des ouvriers en lutte. L’affiche fut placardée dans la nuit du 8 au 9 août 1907. Elle était signée de Jean Goldsky*, Eugène Mouchebœuf, Pierre Ruff, Jean Molinier, Aimé Paris*, André Picardat, René Mahé, Henri Josse, Jean Tafforeau et Henriette Roussel*. Ils comparurent devant les assises les 13 et 14 septembre 1907, avec pour avocats Mes Jacques Bonzon, Ernest Lafont, Campinchi, Gustave Hervé, Urbain Gohier, Benjamin Landowski. Leur ligne de défense fut identique qu’au précédent procès, mais ils furent cette fois condamnés. Mouchebœuf écopa de quinze mois de prison.

Eugène Mouchebœuf fut gérant du quotidien La Révolution, du n°1 (1er février 1909) au n°39 (11 mars).

En août 1909, il fut inculpé pour émission de fausse monnaie et acquitté le 25 octobre.

En 1911, Mouchebœuf était militant de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC). Il s’y lia notamment avec André Schneider* et Paul Trouillier et fut mêlé à « l’affaire du complot contre la police » (voir Paul Trouillier). Arrêté dans le cadre de cette affaire, on trouva sur lui des « stylographes » de luxe volés, qui lui avaient été remis par André Schneider. L’occasion était trop belle. Le 31 juillet 1911 il fut condamné en correctionnelle à six mois de prison, Schneider à dix-huit mois et un certain Dubois à huit mois.

En 1912-1913, Mouchebœuf était membre des Amis du Libertaire et salarié comme colleur d’affiches par diverses structures syndicales, notamment la fédération de la Voiture dont Calinaud était le secrétaire.

Mobilisé en 1914, il fut réformé le 23 janvier 1915 et assista aux réunions anarchistes opposées à la guerre.

S’identifie-t-il avec le « Machebœuf » qui cosigna le « Pacte » secret en février 1921 (voir Pierre Besnard) ?

En 1922, il était adhérent à l’Union anarchiste. En novembre 1924, employé de bureau à L’Éclair, il ne militait plus, et était rayé de la liste des anarchistes dont le domicile était surveillé parla police. Il habitait alors au 89, rue d’Angoulême, à Paris 11e.

En 1925 il mourut à l’hôpital Tenon. Jusqu’à ses derniers jours, il avait été inscrit au carnet B.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154647, notice MOUCHEBŒUF Eugène, Maurice, Raoul, écrit parfois MOUCHEBOEUF [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 10 mars 2014, dernière modification le 5 juillet 2022.

Par Guillaume Davranche

Eugène Mouchebœuf (1909)
Eugène Mouchebœuf (1909)
cc Arch. PPo BA/1514

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053 — Arch PPo BA/1514 et 1654 — René Bianco, ’Cent ans de presse, op. cit. ... — Le Petit Parisien des 26 et 27 juin 1907 et des 14 et 15 septembre 1907 — L’Humanité des 26 et 27 juin 1907 et des 15 et 16 septembre 1907.

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